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5 janvier 2017

Marine Le Pen: “L’union des droites est un fantasme”

Entretien avec la candidate du Front national

Publié le 04 janvier 2017 / Politique

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A cinq mois de la présidentielle, la candidate du Front national répond à toutes les questions qui fâchent: dissensions au sein du FN, alliances avec la droite, programme présidentiel qui se fait désirer, scolarisation des enfants de sans-papiers, islam de France, soutien à Poutine et Assad, sortie de l'UE. Et bien sûr, ses relations avec son père.

Causeur. À quelques mois de l’élection présidentielle, le conflit entre Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen donne l’impression que deux lignes voire deux partis s’affrontent. Existe-t-il deux Fronts « irréconciliables », comme dirait Manuel Valls ?

Marine Le Pen. Ce n’est pas parce qu’il y a eu une petite bisbille sur le déremboursement de l’IVG qu’il y a deux lignes politiques ! Plus le Front national grandit, plus il attire des personnalités qui n’ont ni le même profil ni le même parcours. Tout le monde est d’accord sur les grandes lignes du programme mais chacun peut avoir des priorités différentes. Et ce n’est pas nouveau. Il y a toujours eu des sensibilités distinctes au sein du Front national, à commencer par la mienne, plus sociale, qui cohabitait déjà avec une tendance plus libérale. On m’appelait la « gauchiste du FN » !

En somme, vous étiez philippotienne avant Philippot ?

C’est plutôt lui qui était mariniste avant d’être au Front ! Il m’a rejointe parce qu’il avait lu mon livre et que ça correspondait exactement à ce qu’il pensait.

En tout cas, votre commune sensibilité sociale est devenue hégémonique au FN, ce qui vous dispense désormais de faire des concessions sur l’IVG au « canal historique », courant tour à tour incarné par votre père, Bruno Gollnisch et Marion Maréchal-Le Pen…

Nous ne sommes plus en 2012 ! À l’époque, je venais d’être élue à la tête du Front national, après quarante ans de présidence de Jean-Marie Le Pen ! Certes, j’avais obtenu 68 % des suffrages mais un tiers du FN avait néanmoins voté pour Bruno Gollnisch. C’est pourquoi j’avais démarré ma campagne présidentielle en me tournant vers le Front national, dans une démarche de légitimité dans le mouvement qui venait de m’élire. C’est dans ce contexte que j’ai proposé de dérembourser certaines IVG, tout en rappelant la nécessité d’aides aux jeunes femmes qui souhaitent garder leur enfant.Mais j’ai vite réalisé que cette proposition créait de l’incompréhension et une grande inquiétude chez les femmes. Dès qu’on touche à ce sujet, certaines ont le sentiment qu’on menace l’accès au droit. J’ai donc décidé de renoncer à cette mesure anxiogène, et je l’ai fait d’autant plus tranquillement que ma situation n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était en 2011-2012. Aujourd’hui, je suis complètement libre de mon projet présidentiel. A fortiori depuis qu’un sondage effectué en plein milieu du débat Florian-Marion atteste que 75 % des sympathisants du FN sont d’accord pour rembourser l’IVG.

Autrement dit, 25 % ne le sont pas… mais au-delà des opposants à l’IVG, une grande partie de votre électorat traditionnel appartient à la sensibilité « Manif pour tous ». Comment garder à la fois l’électorat « social » séduit par Philippot et l’électorat « sociétal » qui préfère plutôt Marion ?

Une partie de cet électorat est allé voter massivement pour Fillon, c’est-à-dire pour quelqu’un qui veut maintenir le mariage homosexuel et l’adoption simple. C’est très cohérent !

Sur le fond, j’ai toujours eu la même position et je n’en bougerai pas : le mariage homosexuel est une réclamation d’une minorité et l’immense majorité des homosexuels attendaient une amélioration du Pacs. J’installerai donc une amélioration du Pacs.

En abrogeant la loi Taubira ?

Je substituerai le concept d’« union civile » à celui de mariage, ce qui réglera de fait toutes les problématiques d’adoption. Ceci étant, est-ce le moment de s’écharper sur le remboursement de l’avortement, quand nous pleurons 300 victimes des attentats islamistes, que nous devons faire face à une immigration qui submerge le pays, que l’économie part en quenouille ?

C’est Marion Maréchal-Le Pen qui avait mis le sujet sur le tapis… et c’est aussi elle qui défend l’idée d’une « liste blanche » de députés LR « FN-compatibles » qu’il faudrait aider aux législatives. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que l’union des droites est un fantasme réducteur ! J’ai 48 ans et ça fait quarante ans que j’en entends parler. Le problème des gens qui défendent cette idée, c’est que la droite refuse de s’allier avec nous. Or, même sous les socialistes, il faut être deux pour se marier ! La seule question que je pose est : qui peut rejoindre les grandes lignes de mon projet ? Qu’on vienne de gauche ou de droite, je m’en moque complètement. J’ajoute que cette proposition de « liste blanche » va à l’encontre de notre jurisprudence. Cela devrait donc être débattu et tranché par le bureau politique.

Des élus FN disent avoir été exclus pour s’être montrés au rassemblement de Béziers. Est-ce exact et cela signifie-t-il que vous entendez faire taire toute dissidence ?

Ceci est totalement faux. Certains aiment jouer les victimes de « purges » alors que seules leurs carences justifient leur remplacement. D’ailleurs, je vous rappelle que Louis Aliot est allé à Béziers…

Quoi qu’il en soit, une stratégie d’alliance à droite, telle que la préconise Ménard, vous permettrait peut-être de crever le plafond de verre électoral qui vous prive souvent de la victoire finale. Culminant à plus de 40 % au premier tour des régionales, vous avez été finalement victime du front républicain.

Nous avons atteint un tel niveau électoral que le retrait d’un de nos candidats aux législatives serait un sacrifice considérable et une mauvaise manière faite à nos électeurs qui nous font confiance. Un non-maintien est ponctuellement envisageable quand on arrive troisième, pas quand on est en première ou en deuxième position comme ce sera le cas dans l’immense majorité des circonscriptions. J’y vois un peu un débat de pessimistes à qui je dis de ne pas avoir peur de la victoire, Cette présidentielle est, en effet, différente des autres car les idées que je porte sont devenues majoritaires.

François Fillon revendique aussi une victoire idéologique…

Toute sa vie, Fillon s’est caché derrière quelqu’un. Être premier réclame des qualités dont ne dispose pas forcément un deuxième. Si Sarkozy avait

[...]

 

causeur.#42.couv.bd

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publié dans le Magazine Causeur n° 101 - Janvier 2017

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