Le débat est toujours utile, mais l’imprécation est stérile. Réduire d’emblée le projet 2017 de Marine Le Pen à un « programme économique socialiste étatisé » relève de la mauvaise foi.

Il suffit de regarder les 144 propositions pour saisir immédiatement que l’entreprise est bien au cœur de l’approche économique du projet de Marine Le Pen.

La volonté de libérer les entrepreneurs du carcan administratif et fiscal français est clairement formulée : alléger la complexité pesant sur les TPE/PME par la création d’un guichet unique dédié, remplacer le compte pénibilité par un nouveau dispositif reposant sur une évaluation médicale, simplifier les procédures de représentativité du personnel pour les PME, supprimer le prélèvement à la source sont autant de mesures – et la liste n’est pas exhaustive – qui répondent aux attentes du monde entrepreneurial.

Outre la restauration de la monnaie nationale et son pilotage au service de notre commerce extérieur, Marine Le Pen défend la compétitivité des entreprises françaises et s’engage à les soulager des charges et lourdeurs qui pèsent sur elles en fusionnant l’ensemble des dispositifs d’allègement des charges sociales pour les salaires ; le niveau dispositif allant jusqu’à trois fois le SMIC. Il propose également de baisser le taux d’imposition des PME à 24 % (contre 33 % aujourd’hui). Il encourage les entrepreneurs et les investisseurs en fluidifiant la transmission d’entreprise grâce à une exonération totale des plus-values de cession des actions et parts sociales des PME-PMI au bout de sept ans.

Le Front national, légitimement, peut se réclamer du parti des entrepreneurs, avec la claire conscience que défendre nos entreprises, c’est défendre nos emplois et, donc, le pouvoir d’achat des Français.

Une défense du pouvoir d’achat qui passe aussi par un allègement de la pression fiscale sur les classes moyennes, si maltraitées par les gouvernements Sarkozy et Hollande. Baisser de 10 % le taux des trois premières tranches de l’impôt sur le revenu, c’est une mesure de justice sociale, mais aussi un signe de confiance envers le dynamisme des classes actives de la société qui forment l’armature de l’économie nationale.

Défendre nos entreprises, c’est également les protéger du dumping économique, social et environnemental pratiqué par des concurrents sans scrupule.

Quelle loi scientifiquement prouvée pousse Marc Rousset à affirmer qu’il faut au moins un marché de 200 millions d’habitants pour mettre en place des mesures de protection efficaces ? Le Japon ou la Corée du Sud ne sont-ils pas de grandes puissances économiques et commerciales qui pourtant protègent leurs marchés domestiques ?

Prétendre mettre en place un «protectionnisme pragmatique au niveau de l’Europe», comme le propose l’auteur, relève d’un vœu pieux idéologique, tant il est vrai que depuis 30 ans l’Europe n’a eu de cesse de bâtir un marché unique ouvert à tous les vents. Dans cette optique, le bon sens voudrait que l’on comptât d’abord compter sur soi-même pour inciter nos voisins à rentrer, enfin, dans une logique différente de celle imposée par Bruxelles.

Quant à la sortie de l’euro, que notre économiste imprécateur traite « d’ânerie de plus », regardons les choses en face avec lucidité. Des économistes comme le prix Nobel Joseph Stiglitz annonce l’éclatement de l’euro dans les prochaines années. Pourquoi, là encore, s’accrocher à une institution Titanic qui prend l’eau de toute part ? L’euro, qui a permis à l’Allemagne d’asseoir sa suprématie industrielle en Europe, a dévitalisé les économies de l’Europe du Sud et conduit la Grèce au chaos. L’euro n’a pas rapproché les modèles économiques des nations européennes mais a dangereusement aggravé leurs divergences et exacerbé entre elles le dumping social et fiscal. Le point de rupture n’est plus très loin.

Il n’est pas nécessaire d’être prix Nobel pour constater que, hors Allemagne, les pays européens les plus performants- les pays scandinaves, la Suisse et le Royaume Uni- sont ceux qui ont voulu préserver leur souveraineté monétaire.

Bien sûr, Marc Rousset le rappelle à juste titre, les dirigeants français n’ont pas su ni voulu réformer notre économie, mais nos « structure économiques sclérosées », n’effacent pas pour autant le rôle néfaste de l’euro sur les économies européennes ; pas plus que la peste ne rend le choléra inoffensif !

Le programme économique de Marine Le Pen est bien le seul projet qui s’attaque à la fois aux blocages internes et au carcan bruxellois qui combinent leurs effets destructeurs pour l’avenir de notre pays.