Marion Maréchal-Le Pen s'inquiète de la «célérité» de la justice qui, à moins de trois mois de l'élection présidentielle, s'en prend au candidat de la droite François Fillon mais aussi au Front national. Dans le viseur de la jeune députée du Vaucluse, invitée dimanche du «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI», le pouvoir socialiste, qu'elle accuse de manier le calendrier judiciaire à son avantage. «Nous avons un candidat, Emmanuel Macron, qui est lancé comme la bouée de sauvetage dans le naufrage socialiste. Cet homme-là est crédité (par les sondages, NDLR) comme pouvant arriver au deuxième tour (de l'élection présidentielle, NDLR). Donc la gauche a logiquement pour intention de fusiller tous ceux qui pourraient les empêcher d'accéder» au pouvoir, estime Marion Maréchal-Le Pen. Même si elle juge que François Fillon est «délégitimé» et «décrédibilisé» par l'emploi de son épouse et de deux de ses enfants au Parlement, elle pense que l'ancien premier ministre a des arguments de défense «qui ne sont pas totalement infondés».
«On sait très bien que les affaires sont une façon de salir les politiques, de les empêtrer là-dedans, d'empêcher d'aller sur le fond»
«Qu'il y ait derrière une instrumentalisation de cette affaire, sur des choses qui peuvent d'ailleurs être réelles, ça m'apparaît évident», analyse l'élue frontiste, ajoutant qu'«il suffit de voir la célérité avec laquelle sont menées toutes ces enquêtes» pour en être convaincu. «On n'est pas complètement naïf, on n'est pas complètement dupes (…) C'est la démonstration qu'il y a peut-être des intérêts derrière (...) Et nous serons probablement les prochains sur la liste de façon totalement injustifiée», croit savoir la députée alors que plusieurs personnalités du FN ont déjà été renvoyées devant la justice, suspectées d'avoir monté un système d'enrichissement frauduleux lors des élections présidentielle et législatives de 2012.
Marine Le Pen doit aussi se défendre des interrogations du parquet national financier sur l'évaluation de son patrimoine immobilier et des accusations de l'Office européen de lutte antifraude (Olaf) qui réclame à plusieurs eurodéputés FN le remboursement des salaires de certains de leurs assistants. Ces derniers auraient été davantage occupés par leur fonction au sein du parti que par la mission pour laquelle ils étaient rémunérés à Strasbourg.
Ce climat délétère qui plane sur deux des principaux candidats à l'élection présidentielle pourrait profiter directement à Emmanuel Macron. «On sait très bien que les affaires sont une façon de salir les politiques, de les empêtrer là-dedans, d'empêcher d'aller sur le fond», dit Marion Maréchal-Le Pen, affirmant «qu'il y a un risque que la gauche revienne au pouvoir». L'occasion pour la députée de s'attaquer directement à l'ancien ministre de l'Économie, nouveau favori des sondages: «Ceux qui pensent qu'il mènerait une politique radicalement différente que ce que la gauche a mené ces dernières années se trompent.» Et de développer: «C'est un véritable homme de gauche dans tout ce qu'il y a de plus terrifiant et de plus excessif (...) On dit qu'Emmanuel Macron n'a pas de programme, mais il a en réalité un programme très clair: c'est plus d'immigration, c'est l'apologie du multiculturalisme, c'est un candidat qui dit qu'il n'y a pas de culture française, c'est quelqu'un qui veut libéraliser totalement les services publics et l'économie en général, qui est a priori plutôt libertaire sur les questions sociétales type GPA, PMA, mariage homosexuel.»