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16 février 2017

Macron et la colonisation française : les réponses aux questions que vous vous posez - (+ VIDEO )

 Macron et la colonisation française : les réponses aux questions que vous vous posez

sur le JDD

En visite en Algérie, Emmanuel Macron a suscité de nombreux commentaires en qualifiant la colonisation française de "crime contre l'humanité". Des propos qui soulèvent plusieurs questions.

Emmanuel Macron lors de la visite du cimetière Saint-Eugène d'Alger. (Reuters)

Ce qu'a dit Emmanuel Macron

En visite en Algérie, Emmanuel Macron a tenu mercredi des propos très remarqués sur la colonisation française. "Je pense qu'il est inadmissible de faire la glorification de la colonisation. Certain ont voulu faire cela en France, il y a dix ans. Jamais vous ne m’entendrez tenir ce genre de propos. J’ai toujours condamné la colonisation comme un acte de barbarie. La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime contre l’humanité", a ainsi déclaré le candidat d'En Marche! lors d'une interview accordée à la chaîne privée algérienne Echourouk News.

Emmanuel Macron a ensuite parlé d'"excuses" à présenter, un terme en général refusé par les hommes politiques français, gauche comprise. "La colonisation fait partie d’un passé que nous devons regarder en face en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes", a-t-il ainsi déclaré. Mais le candidat à la présidentielle française écarte toute repentance culpabilisatrice : "La colonisation est un acte de domination et de non reconnaissance de l’autonomie d’un peuple. Tout en reconnaissant ce crime, je ne veux pas qu’on tombe dans la culture de la culpabilisation sur laquelle, on ne construit rien. C’est ce chemin de crête que je veux que nous prenions ensemble."

"La France a installé les droits de l’Homme en Algérie, mais elle a oublié de les lire. C’est une jolie formule qui vaut pour l’Algérie pour expliquer cette période. Il y a eu des crimes terribles, de la torture, de la barbarie", a-t-il encore ajouté, reprenant une formule déjà utilisée lundi soir lors d'une rencontre publique à l'hôtel Sofitel d'Alger.

Face à la polémique montante, Emmanuel Macron s'est de nouveau expliqué dans une vidéo postée sur son site de campagne. Il assure notamment aux anciens combattants français en Algérie que ses propos ne leur étaient pas destinés.

Ce qu'il avait dit sur la colonisation par le passé

Mais Emmanuel Macron n'a pas toujours tenu les mêmes propos sur ce sujet compliqué. Interrogé dans Le Point en novembre 2016, il avait ainsi déclaré : "Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un Etat, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie." Commentant cette petite phrase cette semaine, il a assuré qu'elle avait été sortie de son contexte. "Je ne parlais pas que de l'Algérie. Il ne faut absolument pas lire mes propos comme des éléments qui nient le fait de la colonisation et sa barbarie. Si certains l'ont lu comme tels, je m'en excuse auprès d'eux", a-t-il ainsi expliqué sur Echourouk News.

Ceux qui pensent (à peu près) comme Emmanuel Macron

Jeudi à la mi-journée, on cherchait encore les hommes ou femmes politiques français qui soutiendraient Emmanuel Macron. Seul à le soutenir franchement, l'avocat Jean-Pierre Mignard, un proche de François Hollande qui a intégré le comité politique d'En Marche.

Invité de l'émission"/.Pol", présentée par le JDD, Linternaute.com, Le Huffington Post et Le Lab d'Europe 1, le secrétaire général d'En Marche! Richard Ferrand, a explicité les propos de son candidat, évoquant un terme "conforme" à la redéfinition du crime contre l'humanité votée par le Parlement français en 2010 (voir plus bas). "Le crime contre l'humanité, dans son acception historique, avait une forte dimension génocidaire. La redéfinition de son concept est parfaitement conforme à ce que représente la colonisation", a-t-il ainsi déclaré.

La ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, a également tenu des propos similaires, sans aller jusqu'à utiliser la même notion. "Je n'utiliserai pas le terme de crime contre l'humanité, parce que c'est une notion juridique très particulière et je pense qu'il faut utiliser les bons mots au bon endroit. Mais dire que la colonisation fait partie de notre histoire et que c'est une horreur de notre histoire, je pense qu'il faut le dire", a-t-elle commenté.

Ceux qui ont été choqués

Facile, en revanche, de trouver des hommes et femmes politiques choqués par les propos du candidat d'En Marche!. Surtout chez les Républicains et au Front national. Preuve en est avec ce tweet de Gérald Darmanin, député LR proche de Nicolas Sarkozy :

"Opposer les Français, ressortir ces histoires pour diviser, pour remobiliser, je vois bien les soucis électoraux qu'il y a derrière tout ça. Ce n'est pas digne d'un chef d'Etat d'aller agiter des cicatrices qui sont encore très douloureuses", a pour sa part lancé Jean-Pierre Raffarin sur BFMTV.

Les frontistes Marion Maréchal Le Pen et David Rachline ont également critiqué les propos de l'ancien ministre de l'Economie.

Les revirements de François Fillon sur le sujet

Parmi les "gros" candidats à la présidentielle, seul François Fillon avait commenté les propos d'Emmanuel Macron jeudi à la mi-journée. En meeting à Compiègne mercredi soir, il a jugé "indignes d'un candidat à la présidence de la République" les propos tenus par Emmanuel Macron, dénonçant "cette détestation de notre histoire, cette repentance permanente".

Mais le candidat de la droite avait lui aussi tenu des propos plus nuancés lors de sa visite à La Réunion la semaine dernière. "L'esclavage, la colonisation, la traite des êtres humains, étaient des abominations. L'oubli n'est pas possible", avait-il ainsi déclaré dans une interview à un journal local, ajoutant toutefois : "Mais il n'est pas juste que la France d'aujourd'hui porte des crimes commis il y a plus d'un siècle et demi." Propos qui ne sont pas n'ont plus en cohérence avec ceux tenus à la fin de l'été, lors d'un discours prononcé à Sablé-sur-Sarthe. "Non, la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord", avait-il ainsi déclaré. Des revirements qui illustrent parfaitement la complexité du sujet, et sa potentielle dangerosité pour tout candidat à la présidentielle française.

Ce qu'ont dit Hollande, Sarkozy et Chirac sur la colonisation française

En visite en Algérie en décembre 2012, François Hollande s'était exprimé devant les parlementaires algériens, reconnaissant "les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien." Il avait également dénoncé un système colonial "profondément injuste et brutal", précisant toutefois qu'il n'était pas venu en Algérie "faire repentance ou excuses". "Je viens dire ce qu'est la vérité, ce qu'est l'histoire", avait-il ajouté. Interrogé sur France 2 à cette même occasion, il avait dû, lui aussi, s'expliquer sur ses "variations" sur le sujet. Car quand il était premier secrétaire du Parti socialiste, il avait en effet estimé que la France devait "encore des excuses au peuple algérien". Devenu Président, il avait balayé la polémique : "Moi, je suis président de la République, j'engage la France, je n'engage pas un parti."

Nicolas Sarkozy avait tenu des propos similaires en décembre 2007 à Alger. "Oui, le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité. Mais il est aussi juste de dire qu‘à l‘intérieur de ce système profondément injuste, il y avait beaucoup d‘hommes et de femmes qui ont aimé l'Algérie, avant de devoir la quitter. Oui, des crimes terribles ont été commis tout au long d‘une guerre d'indépendance qui a fait d‘innombrables victimes des deux côtés. Et aujourd‘hui, moi qui avais sept ans en 1962, c‘est toutes les victimes que je veux honorer", avait-il ainsi déclaré.

Quant à Jacques Chirac, lors de son discours devant le Parlement algérien le 3 mars 2003, il avait, lui, évoqué une "guerre qui, longtemps, ne voulut pas dire son nom". "Elle fut meurtrière, parfois inexpiable", avait-il ajouté.

"Crime contre l'humanité"… un tout petit peu d'histoire

Selon les historiens, la notion de "crime contre l'humanité" est utilisée dès 1915 dans une note diplomatique pour qualifier le massacre des Arméniens. Mais il faut attendre 1945 et le procès de Nuremberg lors duquel sont jugés les responsables des atrocités commises pendant la Seconde guerre mondiale pour qu'elle soit juridiquement définie. Le terme recouvre alors toute "violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d'un individu ou d'un groupe d'individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux".

Il faut attendre 1998 et le Statut de Rome qui donne naissance à la Cour pénale internationale pour voir apparaître une définition juridique plus précise. Son article 7 établit une liste d'acte pouvant être qualifiés de crimes contre l'humanité - meurtre, esclavage, déportation, emprisonnement abusif, torture, abus sexuels, apartheid - dès lors qu'ils sont commis "dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique dirigée contre toute population civile". Mais la liste n'est pas exhaustive. En France, la notion apparaît dans le Code pénal dans les années 1960 et elle est aujourd'hui définit par l'article 212-1, dans des termes très proches de l'article 7, suite à une modification en 2010.

Marianne Enault - leJDD.fr

jeudi 16 février 2017

 

 

 Emmanuel Macron parle de la relation algéro-française

 https://www.youtube.com/watch?v=fZZyN9tcjhs

Ajoutée le 14 févr. 2017

 

 

 

 

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