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5 septembre 2017

Groupe de Visegrad : qui sont ces pays « dissidents » d’Europe de l’Est ?

sur LES ECHOS.FR

 

Le 22/06 à 20:30Mis à jour à 20:37
https://www.lesechos.fr/medias/2017/06/22/2096741_groupe-de-visegrad-qui-sont-ces-pays-dissidents-deurope-de-lest-web-tete-030401922171.jpg
Les quatre Premiers ministres des pays l’Est de l’Union européenne membres du Groupe de Visegrad (de gauche à droite) : Robert Fico (Slovaquie), Viktor Orban (Hongrie), Beata Szydlo (Pologne) et Bohuslav Sobotka (République tchèque) - Alik Keplicz/AP/SIPA
Hongrie, Pologne, Slovaquie et Pologne sont attachés à une Europe qui les finance bien, mais peu solidaires face aux migrants et fermes sur leur souveraineté. Des partenaires difficiles et parfois contradictoires que rencontre Emmanuel Macron vendredi.

« Ils ont une vision différente de l'Union européenne », « ils ne sont pas mainstream », ou « pas dans le moule », dit-on d'eux : les quatre pays membres de Groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République Tchèque et Slovaquie), dont Emmannuel Macron va rencontrer bilatéralement les chefs de gouvernement ce vendredi matin en marge du Conseil européen , marquent décidément leurs différences et sont un peu les empêcheurs de tourner en rond de l'Union. Les intérêts et orientations de ces « pays de l'Est » de l'Europe se heurtent de fait souvent aux pays d'Europe occidentale ...

Fidèle à son style, le président français va sous toute vraisemblance mettre sur la table les problèmes qu'ils posent à leurs partenaires au sein des Vingt-Sept. Dans un entretien à huit quotidiens européens -dont le « Figaro »- diffusé mercredi, Emmanuel Macron a ainsi déploré l'attitude de certains Etats de l'Europe de l'Est qui « trahissent » par « une approche cynique de l'Union qui servirait à dépenser les crédits sans respecter les valeurs ». Interrogé sur d'éventuelles sanctions à leur encontre, le chef de l'Etat s'est dit favorable au « dialogue, mais il doit être suivi de décisions concrètes ».

Des positions qui empêchent l'Europe d'avancer

Quel est donc ce groupe dont les positions et exigences singulières -et parfois contradictoires- empêchent l'Europe d'avancer, et qui a fait récemment dire à l'ancien Premier ministre tchèque Mirek Topolanek que ses membres « semblent s'unir uniquement sur des objectifs négatifs, en choisissant des sujets anti-européens », et qui « ne travaillent plus comme une force positive » ?

Le Groupe de Visegrad (également appelé « V4 ») est d'abord une vieille histoire. Son nom renvoie à une rencontre historique des rois de Bohême, de Hongrie et de Pologne dans cette ville hongroise en 1335, ravivée le 15 février 1991 par celle des nouveaux dirigeants de Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie qui, à la suite de la chute de l'effonfrement de l'empire soviétique, se sont rassemblés pour préparer leur processus d'entrée dans l'Otan et dans l'Union européenne.

Les points d'opposition de Visegrad

. Les migrants. Une fois ces intégrations réalisées (respectivement en 1999 et 2004), leurs relations se sont quelque peu distendues, mais le groupe s'est brutalement ressoudé et a fait reparler de lui à partir de septembre 2015 avec l'irruption de la crise des réfugiés. Idéologiquement proches, les dirigeants des quatre pays ont alors élaboré une position commune sur la question des réfugiés, en refusant la politique de répartition par quotas proposée par la Commission européenne.

Partisans d'une ligne « dure » face aux migrants, ils leur ont fermé leur frontières, et coupé la fameuse « route des Balkans » . C'est là leur principal flambeau et ciment, d'ailleurs efficace : selon les dernières statistiques, la Hongrie de Viktor Orban et la Pologne n'ont effectué aucune relocalisation de réfugiés pour soulager la Grèce et l'Italie, et la République tchèque et la Slovaquie à peine une vingtaine chacune ... Ils se justifient en soulignant que leur solidarité s'est manifestée par la fermeture des frontières. « Les Autrichiens et les Allemands peuvent désormais dormir tranquilles », a ainsi déclaré le Premier ministre hongrois. Une position qui a provoqué un malaise chez leurs partenaires européens, dont certains ont proposé en rétorsion une suspension des versements des fonds européens : pour les pays contributeurs de l'Ouest, la solidarité ne peut en effet pas fonctionner à sens unique. Mais les Européens ont en partie cédé sur cette question.

. Le souverainisme. Si les pays membres du Groupe tiennent aux financements et au investissements européens qui ont nourri leur économie, ils souhaitent tous fondamentalement que l'Union rendent aux Etats leur souveraineté  : qu'il s'agisse des Parlements nationaux, qui devraient avoir le dernier mot dans le processus législatif européen, du Conseil européen (et donc des chefs d'Etat) dont le poids devrait être renforcé au détriment de la Commission européenne, ou encore du recentrage de l'Europe sur ses missions sécuritaires -contrôle aux frontières et lutte contre le terrorisme, notamment.

Varsovie et Budapest sont de surcroît très irritées des fortes pressions de Bruxelles face aux atteintes à l'état de droit et aux libertés civiles dans leur pays. En Hongrie, notamment pour ce qui concerne l'affaiblissement des contrepouvoirs judiciaires et législatifs, pour les accrocs à l'indépendance de la presse, l'emprisonnement systématique des réfugiés, et le contrôle renforcé des ONG bénéficiant d'aides étrangères ( dont la Central European University financée par George Soros ). En Pologne, du fait de la prise de contrôle du Tribunal constitutionnel -la plus haute instance juridique du pays -et contre-pouvoir essentiel- par la majorité ultraconservatrice du PiS (Droit et Justice), le parti de Jaroslaw Kaczynski.

. Les travailleurs détachés. S'ils prônent un rapatriement des compétences au niveau national, les membres du Groupe de Visegrad sont de grands défenseurs du Marché unique (ils se sentiront d'ailleurs orphelins après le départ du Royaume-Uni ...) et des quatre libertés de circulation (des personnes, des biens, des marchandises et des services). Ils sont ainsi farouchement opposés à la réforme de la directive européenne sur les travailleurs détachés destinée à lutter contre le dumping social en garantissant aux travailleurs détachés dans un autre pays de l'UE le même salaire que les locaux.

. L'Europe à plusieurs vitesses. Les pays membres du groupe sont contre la proposition faite par Paris, Berlin, Madrid et Rome d 'instaurer une Europe à plusieurs vitesses , avec notamment un renforcement d'un « noyau dur » autour de la zone euro (sauf la Slovaquie qui est membre de la monnaie unique).

Ils l'ont clairement manifesté en mars dernier en présentant un programme commun dans leur contribution à la Déclaration de Rome, lors de la célébration des 60 ans de l'Union européenne, rejetant l'idée d'une Europe à plusieurs cercles.

Un groupe favorables à une Europe de la défense

Partisans d'un exécutif européen affaibli au profit d'une souveraieté nationale, ces anciens membres du bloc soviétique -qui craignent toujours les réflexes hégémoniques de Moscou et restent très attachés à l'Otan-, sont, enfin, paradoxalement favorables à un projet de défense européenne, et à l'idée de création d'une armée européenne.

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