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31 octobre 2017

Laïcité : pourquoi Jean-Luc Mélenchon ne désavoue pas Danièle Obono

Fille d'un ancien candidat à la présidentielle gabonaise, elle se dit toujours "révolutionnaire" L'insoumise Obono!!!
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Laïcité : pourquoi Jean-Luc Mélenchon ne désavoue pas Danièle Obono
Sur le JDD
 08h55 , le 31 octobre 2017

Ciblée par Manuel Valls pour des propos ambigus sur l’islamisme, l’Insoumise Danièle Obono n'est pas sur la même ligne que son leader Jean-Luc Mélenchon, qui fait bloc derrière elle.

Jean-Luc Mélenchon et Danièle Obono à l'Assemblée nationale, le 24 octobre.

Jean-Luc Mélenchon et Danièle Obono à l'Assemblée nationale, le 24 octobre. (Sipa)
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Elle est dans la tourmente depuis que Manuel Valls l'a désignée comme cible. "Il y a au sein de La France insoumise une dérive islamo-gauchiste, je l'attribue à Danièle Obono", confie l'ex-Premier ministre. Dernier exemple en date : la députée de Paris n'a pas voulu qualifier de "radicalisé" un chauffeur de bus qui refusait de prendre le volant après une femme. "Quelqu'un qui ne voudrait pas s'asseoir après un juif ou un Noir, ce ne serait pas du racisme?" s'indigne Valls. Face à la tempête, les Insoumis font bloc. "Les polémiques peuvent être violentes et déstabilisantes, reconnaît Danièle Obono. Mais il y a toujours eu un soutien clair de Jean-Luc Mélenchon ; ça aide à se sentir en confiance et forte."

D'elle, Clémentine Autain, autre Insoumise à l'Assemblée, dit qu'elle est "solide et très politisée", ce qui élude la question de fond. Dès le lycée, la future députée militait contre le FN, ensuite ce fut le soutien à José Bové sur le plateau du Larzac, puis l'altermondialisme à Attac au début des années 2000. Elle se définit – prenez de l'élan – en militante "éco-socialiste, afro-féministe, bolcho-luxemburgiste, trotskiste" et a cheminé avec la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) avant de rallier Jean-Luc Mélenchon. "Militer dans des organisations majoritairement blanches, masculines avec des gens d'un certain âge, confie-t-elle, ça singularise d'autant plus quand on est une jeune femme noire."

 

Clivage sur les religions

Son combat, assure-t-elle, c'est "l'antiracisme". Pour elle, "la France est impérialiste", sans quoi elle fermerait ses bases militaires en Afrique. Dans la gauche radicale d'où elle vient, on trouve Mélenchon "cocardier" voire "patriotard" et l'on dénonce un "racisme d'Etat". "Ce terme, plaide-t-elle, on peut le discuter mais il y a un racisme qui est reproduit dans les institutions car elles sont le fruit de notre société."

Fille d'un ancien candidat à la présidentielle gabonaise, elle se dit toujours "révolutionnaire" et voit dans le programme de La France insoumise un "réformisme de base", transition écologique mise à part. Moins radical qu'elle ne le voudrait, donc, mais ce projet lui convient. Sauf que sur la question des religions, son approche diffère nettement de celle de Mélenchon – il est vrai que le clivage traverse toute la gauche. "L'obsession laïcarde, antireligion de Mélenchon doit mettre Danièle Obono mal à l'aise, observe le politologue Philippe Marlière, lui-même familier de cette mouvance. Pour la nouvelle gauche radicale, la religion n'est plus un problème." Par exemple, la députée (qui se dit agnostique) est opposée à la loi de 2004 qui proscrit les signes religieux à l'école – elle l'a jugée "infâme". Telle n'est pas la position de La France insoumise. Quand la revue radicale Ballast le lui fait remarquer, elle convient que "ça [la] met en porte-à-faux…".

 

"Je n'ai pas pleuré Charlie"

Ce que beaucoup lui reprochent, c'est une proximité avec le Parti des Indigènes de la République (PIR) et leur porte-parole, Houria Bouteldja, que le politologue Thomas Guénolé (engagé à La France insoumise) a qualifiée de "raciste". "Je n'ai jamais été au PIR mais ce sont des militants du mouvement antiraciste", dit-elle. Un texte dérangeant, publié après les attentats de janvier 2015, a resurgi. "Je n'ai pas pleuré Charlie", y écrivait-elle, tout en disant avoir "pleuré, un peu […] en pensant aux 12 personnes mortes." Elle ajoutait avoir versé des larmes "toutes les fois où des camarades ont défendu mordicus les caricatures racistes de Charlie Hebdo […] mais se sont opportunément tu-e-s quand l'Etat s'est attaqué à Dieudonné, voire ont appelé et soutenu la censure…"

Elle n'abjure rien. "Deux poids, deux mesures", maintient-elle. Elle se sent néanmoins tenue d'ajouter : "Comme tout le monde, j'ai été traumatisée par les meurtres et j'ai de la compassion par rapport aux victimes mais on peut avoir un point de vue critique sur l'esprit Charlie." Interrogé à l'époque, Mélenchon faisait entendre une autre musique : "Dieudonné, c'est le contraire de Charlie, cinglait-il […]. Le racisme n'est pas une opinion, ni un sujet de rigolade." Il approuvait même l'interdiction des spectacles de Dieudonné, décrétée par Valls : "Il ne faut pas hésiter à utiliser des moyens d'autorité." A présent, il hésite à invoquer la sienne face aux déclarations d'une députée de son groupe. Quitte à apparaître, comme elle, "en porte-à-faux".

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