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5 février 2018

L’effondrement des médias et ce que vous pouvez y faire, par Andrew Markell - sur Les crises-

 

3 Fév 2018
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Source : Counterpunch, Nafeez Ahmed & Andrew Markell, 01-12-2017

Photo par Poster Boy | CC BY 2.0

Lorsqu’un système entre dans la phase finale de sa dégradation – qu’il s’agisse d’un système institutionnel, d’un État, d’un empire ou du corps humain – tous les grands flux d’information, supports d’une communication cohérente, commencent à défaillir. Dans cette dernière étape, si cette situation n’est pas corrigée, le système va s’effondrer et mourir.

Il est devenu évident pour presque tout le monde que nous avons atteint ce stade sur la planète et dans nos institutions démocratiques. Nous voyons comment le dysfonctionnement absolu de l’architecture mondiale de l’information – représentée à l’intersection des médias grand public, des plateformes de technologie sociale et des géants du numérique – génère l’apathie généralisée, le désespoir et la folie à une échelle terrifiante.

Et nous avons raison d’être terrifiés, parce que cette situation nous paralyse en nous empêchant de prendre les mesures nécessaires pour résoudre les défis locaux et mondiaux. Tandis que les libéraux combattent les conservateurs et les conservateurs combattent les libéraux, nous perdons un temps précieux.

Alors que les progressistes luttent contre le gouvernement, les entreprises et les super-riches, nous sombrons dans le désespoir. Alors que les philanthropes, animés par leur propre certitude et leur propre richesse, luttent pour la justice ou l’égalité ou pour un hameau pauvre en Afrique, nous devenons apathiques et distraits de la source réelle du problème. Et pendant que le président se bat contre tout le monde, la collectivité devient folle.

En arrière-plan, cependant, le jeu de l’accumulation des ressources et de leur non-redistribution s’accélère, absorbant la somme totale de nos actions et engagements collectifs dans un futur singulier et inacceptable. Il n’y a qu’une seule façon d’éviter ce destin : découvrir la source de la maladie et la guérir en mobilisant des solutions.

Nous allons décortiquer, pour vous, la source de cette maladie de l’information qui nous mène droit à l’effondrement écologique et institutionnel, parce qu’une fois que vous l’aurez identifiée, vous serez libre d’agir et de construire autre chose.

L’effondrement des institutions démocratiques

La civilisation industrielle est en proie à un grand bouleversement, à une transition systémique qui pourrait conduire soit à la régression, à la crise et à l’effondrement, soit à une nouvelle façon de travailler et de vivre, à un nouveau modèle de prospérité, à une redéfinition même de la notion de réussite.

Le complexe mondial des médias n’est pas équipé pour faire face à ce grand bouleversement de la civilisation telle que nous la connaissons. Au contraire, il est littéralement incapable de traiter l’information de manière pertinente, de façon à produire, pour une part importante de la population humaine, des connaissances concrètes et exploitables qui pourraient rendre l’humanité capable de réussir sa transition vers une nouvelle ère.

Le complexe mondial des médias aggrave aujourd’hui les problèmes auxquels nous sommes confrontés.

Il le fait en ne fournissant, malgré les apparences, absolument aucune information. Le modèle prédominant des médias est de monopoliser et de manipuler les flux d’information pour produire des croyances et des émotions qui permettront aux agrégateurs géants de maximiser les « clics », de maximiser les revenus publicitaires, de maximiser les profits – pour quelques uns.

Ainsi plutôt que de créer de l’information, le complexe mondial des médias est conçu pour générer des récits en opposition, polarisés autour desquels différents publics s’agrègent au sein de communautés irréconciliables ; il renforce les croyances sans enseigner la pensée critique ; il atténue une attitude d’ouverture tout en promouvant une dichotomie gauche-droite banale qui alimente une culture globale de consumérisme irréfléchi.

Cette structure des médias dominants restreint la capacité du public à prendre des décisions intelligentes. Et cela permet aux défis écologiques, énergétiques, économiques et sociaux globaux de s’accélérer pendant que nous débattons d’idéologie entre nous.

La conséquence est que les flux d’information sont inexorablement liés aux processus dominants de maximisation des profits pour une toute petite minorité, à tel point que la relation des gens à l’information est gérée comme un mécanisme de contrôle de l’attention et de persuasion idéologique.

La monopolisation des médias et du journalisme

Au cœur de nos institutions démocratiques en cours d’effondrement se trouve le complexe industriel mondial des médias. Si vous êtes assez courageux pour regarder de plus près, vous verrez que les médias dits « presse libre » et « fake news » fonctionnent tous deux comme une extension structurelle d’une forme extrême de capitalisme prédateur, utilisant l’information pour s’emparer des richesses pour une minorité au détriment de la majorité en accaparant nos esprits. Ce sont les deux faces d’une même pièce qui offrent aux mêmes personnes des sommes d’argent indécentes.

Nous avons seulement à soulever le voile pour voir ce fait nous faire face.

Aux États-Unis, six grands conglomérats multinationaux possèdent l’intégralité des médias : journaux, magazines, éditeurs, chaînes de télévision, chaînes câblées, studios hollywoodiens, labels musicaux et sites web populaires : Time Warner, Walt Disney, Viacom, News Corp, CBS Corporation et NBC Universal.

Au Royaume-Uni, 71 % des journaux nationaux appartiennent à trois sociétés géantes, tandis que 80% des journaux locaux appartiennent à cinq sociétés.

Aujourd’hui, le plus grand propriétaire de médias au monde est Google, suivi de près par Walt Disney, Comcast, 21st Century Fox et Facebook. Ensemble, Google et Facebook monopolisent un cinquième des recettes publicitaires mondiales. Et toutes ces sociétés contrôlent la majeure partie de ce que nous lisons, regardons et entendons, y compris en ligne. Ils définissent notre compréhension du monde et de nous-mêmes.

Pourtant, ils représentent un petit nombre de personnes qui ont une vision très étroite du monde.

En effet, ces structures de pouvoir font partie de ce que décrit une étude de la revue PLoS One comme un « réseau de contrôle global des entreprises ». Les auteurs de l’étude, une équipe de théoriciens des systèmes à l’Institut fédéral suisse de technologie, ont découvert que 43 000 sociétés transnationales sont dominées par 1 318 entreprises principales, dominées par une « super-entité » de seulement 147 entreprises.

Ainsi, la plus grande partie de ce que nous lisons, regardons et écoutons à travers les médias est conditionné structurellement par un réseau d’intérêts particuliers qui sont autosuffisants et autonomes. C’est pourquoi la distinction entre les fausses nouvelles et les vraies nouvelles est à la fois illusoire et malhonnête. Grâce à cette structure, pratiquement tout ce que vous rencontrez en tant que “nouvelles” fonctionne comme une propagande subtile ou manifeste qui vous distrait de l’activité réelle qui conduit la machinerie. Peu importe que cela vienne de Mother Jones, du New York Times, de Breitbart ou de Fox News – tout ce qui vient à vous dans cette structure produit l’effet débilitant d’embrouiller votre esprit et de stimuler vos émotions en un mélange complexe de colère, d’apathie résignée et de paresse.

A travers le Google Glass

Pour comprendre le pouvoir de ces intérêts particuliers de monopoliser l’information au service de leurs propres fins, nous n’avons qu’à regarder l’histoire du plus grand propriétaire de tous les médias du monde.

En janvier 2015, INSURGE a dévoilé l’histoire exclusive de la création et de l’évolution de Google sous l’aile de la communauté américaine du renseignement.

Le rapport a révélé que Sergey Brin a reçu des fonds de démarrage d’un programme de recherche géré par la CIA et la NSA, le Massive Digital Data Systems (MDDS), lors du développement du code de base du moteur de recherche Google en tant qu’étudiant de troisième cycle à l’Université de Stanford. La confirmation est venue d’un ancien directeur du MDDS, le Dr Bhavani Thuraisingham, qui est maintenant le professeur distingué Louis A. Beecherl et directeur exécutif du Cyber Security Research Institute à l’Université du Texas, Dallas.

Ce n’était pas forcément inhabituel –  la communauté du renseignement a longtemps été impliquée dans la Silicon Valley pour toutes sortes de raisons évidentes. Ce qui est intéressant, c’est que vous n’avez probablement jamais su comment cela fonctionnait par rapport à Google. Et cela en dit long sur le fonctionnement du complexe industriel mondial des médias. Ses affirmations sont corroborées par une référence au programme MDDS dans un article coécrit par Brin et Larry Page, cofondateur de Google, alors à Stanford.

Comment les médias – tous les médias – gèrent la vérité

Cette histoire a été totalement occultée dans les médias anglophones, à l’exception du site américain sur les nouvelles techniques Gigaom, qui recommandait notre enquête comme suit :

« Un compte-rendu intéressant, bien qu’extrêmement dense, des interactions de longue date de Google avec l’armée et les services de renseignement américains a été publié sur Medium la semaine dernière. »

Cela a des implications très importantes qui méritent un examen minutieux : bref, l’histoire interne du financement initial de Google et de son partenariat avec la CIA et la NSA s’ouvre au grand jour –  mais aucun journal anglophone ne veut couvrir ou même reconnaître l’histoire. Pourtant quelle information pourrait être plus importante que celle rapportant qu’un des plus grands « facilitateurs de l’information » au monde est si étroitement aligné avec la communauté du renseignement américain depuis ses débuts ?

Le manque d’intérêt n’est pas le résultat d’une conspiration. C’est le résultat prévisible du fait que le complexe industriel mondial des médias représente une structure institutionnelle hautement centralisée qui perpétue une culture d’obéissance servile au pouvoir.

Le complexe industriel mondial des médias occulte en grande partie les connaissances importantes sur la structure et la nature même du pouvoir. C’est pourquoi c’est probablement la première fois que vous voyez des preuves directes que le propriétaire de médias le plus puissant au monde, Google, a été conçu avec le soutien de la communauté américaine du renseignement.

Pouvoir et contrôle sur votre esprit et vos ressources

Il ne s’agit pas de savoir si Google est seulement « mauvais ». Il s’agit d’un modèle plus large de schémas de propriété et des réseaux sociaux inacceptables dans le paysage médiatique.

Prenons William Kennard. Il a siégé au conseil d’administration du New York Times, puis est devenu président de la US Federal Communications Commission. Il rejoint ensuite le Groupe Carlyle en tant que Directeur Général. Carlyle Booz détient majoritairement Allen Hamilton, contractuel de la défense qui gère la surveillance de la NSA. Après avoir rejoint l’administration Obama en tant qu’ambassadeur des États-Unis auprès de l’UE, Kennard a fait pression en faveur du Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP), un partenariat secret favorable aux entreprises.

Prenons l’exemple de John Bryson, secrétaire au Commerce d’Obama jusqu’en 2012. Au cours de la décennie précédente, il a siégé au conseil d’administration de la Walt Disney Company, qui est propriétaire de l’American Broadcasting Corporation (ABC). Il a été simultanément dans le conseil d’administration du contractuel de la défense américaine Boeing. Bien qu’il ait démissionné de ces postes après avoir rejoint le gouvernement, il détenait des actions lucratives, des actifs d’options et des plans de rémunération différée chez Disney et Boeing.

Prenons l’exemple d’Aylwin Lewis, un autre administrateur de Walt Disney Company et simultanément directeur de longue date de Halliburton, l’une des plus grandes sociétés transnationales de services pétroliers, auparavant dirigée par Dick Cheney. Une filiale de Halliburton, KBR Inc. basée à Houston, a reçu 39,5 milliards de dollars en contrats liés à l’Irak au cours de la dernière décennie, dont bon nombre étaient des contrats sans appel d’offres.

Prenons l’exemple de Douglas McCorkindale, directeur du conglomérat géant de médias Gannett depuis des décennies, et patron de diverses filiales de sociétés dérivées de Gannet. Gannett est le plus grand éditeur de journaux américain mesuré en termes de tirage quotidien et possède d’importantes stations de télévision américaines, des réseaux régionaux d’information par câble et des stations de radio. Pourtant, pendant une dizaine d’années, McCorkindale a également été administrateur du géant américain de la défense, Lockhead Martin, démissionnaire en avril 2014.

Considérez que ces individus, à travers leurs intérêts dans les médias et l’industrie de la défense, ont directement profité des guerres dévastatrices rendues possibles par leur propre propagande.

Et noter que c’est un jeu bipartite, bénéficiant abondamment aussi bien aux libéraux qu’aux conservateurs.

Donc la crise globale de l’information et la crise de civilisation mondiale –  où nous voyons une convergence croissante d’extrémismes politiques, de destruction écologique, et de volatilité économique, saper nos sociétés et nos familles, décapiter les espérances des jeunes –  sont clairement une et même réalité.

La marchandisation de l’information est une partie, un morceau de la marchandisation de la planète. C’est un jeu où votre esprit, votre attention et votre avenir sont réduits à presque rien, commercialisés sur les marchés jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. Mais on n’a pas à accepter ce destin. Tout ce qu’il faut, c’est que vous le voyiez comme il est.

Une fois que vous l’avez vu, la nouvelle information et les idées peuvent circuler dans votre esprit, des émotions nouvelles peuvent envahir votre corps, et vous redeviendrez capable d’agir. Si vous voyez, vous pouvez agir. Il devient évident que la seule solution est de redéfinir le format journalistique, de façon à mener une action constructive. Il devient évident que pour réanimer la sphère publique et restaurer nos institutions démocratiques, nous devrons faciliter le flux d’argent des médias là où il devrait aller : dans les mains des journalistes et des lecteurs participants engagés dans une création d’un avenir juste et sain.

Nafeez Ahmed et Andrew Markell sont deux des cofondateurs de PressCoin et Insurge. PressCoin et Insurge sont la future génération de plateformes de médias et de journalisme basé sur des blockchains, des innovations de la crypto monnaie et du format Open Inquiry Investigative pour remplacer l’écosystème d’information mal adapté et destructif qui conduit toutes choses au chaos et à la confusion sur la planète, par un système de renseignement public cohérent.

Source : Counterpunch, Nafeez Ahmed & Andrew Markell, 01-12-2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

Sur https://www.les-crises.fr/leffondrement-des-medias-et-ce-que-vous-pouvez-y-faire/ 

 

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C
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