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10 février 2018

Sylvie Goulard a été rémunérée à hauteur de 10.000 euros par mois par un think tank américain

 

le 25 juin 2017, modifié à 08h48 , le 26 juin 2017

L'ex-ministre des Armées Sylvie Goulard, rémunérée pendant deux ans par un think tank américain, explique au JDD les raisons de son départ du gouvernement

Les doutes subsistent sur les motifs qui ont poussé Sylvie Goulard à quitter ses fonctions.

Les doutes subsistent sur les motifs qui ont poussé Sylvie Goulard à quitter ses fonctions. (Thibault Camus/AP/SIPA)
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Depuis mardi 10 heures et son communiqué de départ, silence radio. Sylvie Goulard se tait. Elle n'a eu aucun contact avec ses anciens amis du MoDem, avec lesquels elle est déjà brouillée depuis longtemps et dont elle vient d'entraîner la chute. Selon nos sources, l'éphémère ministre des Armées a appelé Emmanuel Macron dès dimanche dernier pour lui faire part de son souhait de quitter le gouvernement. Le Président, surpris, lui a demandé de prendre le temps d'une réflexion de vingt-quatre heures. Plusieurs échanges ont eu lieu avec le Premier ministre, qui, lui aussi, a tenté de la retenir, puis Sylvie Goulard a eu un dernier contact avec le chef de l'Etat lundi pour lui signifier son départ. Décision a été prise de diffuser le communiqué le lendemain matin. "Ceux qui disent qu'elle a été poussée vers la sortie par l'Elysée dans le but de provoquer la chute de Bayrou se trompent lourdement ; Macron était furieux", certifie un proche de la ministre.

Rémunérée pendant deux ans par un think tank américain

Officiellement, la sortante jette l'éponge dans le but de pouvoir "démontrer librement" sa bonne foi dans l'enquête sur les assistants du MoDem au Parlement européen. Mais son choix surprise cache-t-il autre chose? Le souhait de tuer dans l'œuf tout déballage éventuel, notamment sur ses liens avec un think tank californien? A-t-elle été la cible d'une tentative de déstabilisation liée à ses activités de consultante quand elle était eurodéputée? Autant d'hypothèses qui courent depuis le coup de tonnerre de mardi. "J'ai besoin de tranquillité", répond Sylvie Goulard au JDD. L'ancienne ministre assure "avoir mûri sereinement [sa] décision". "On sort d'une campagne présidentielle où les Français veulent que l'on fasse de la politique autrement… La classe politique doit se poser la question du renouvellement de ses pratiques et de ses règles", analyse-t-elle. C'est donc pour mettre son ministère à l'abri des affaires qu'elle aurait décidé, "en conscience", de ne plus occuper sa fonction : "Vous imaginez un acte judiciaire me concernant en pleine opération militaire ou terroriste? J'ai estimé que ce n'était pas possible. C'est tout."

Vous imaginez un acte judiciaire me concernant en pleine opération militaire ou terroriste?

A-t-elle aussi craint de devenir la cible de nouvelles attaques? Sibyllin, Le Canard enchaîné évoquait cette semaine des "ménages" quand elle était eurodéputée. Sur sa déclaration d'intérêts au Parlement de Strasbourg, Sylvie Goulard mentionne d'elle-même un poste de "conseiller spécial" auprès de l'"Institut Berggruen" pour des revenus "supérieurs à 10.000 euros mensuels". Selon nos sources, via sa propre société de conseil, elle a été rémunérée par cet institut d'octobre 2013 à janvier 2016. "Tout était déclaré et ces sommes étaient brutes", insiste un proche de l'ancienne ministre. Créé et financé par Nicolas Berggruen, fils du richissime marchand d'art Heinz Berggruen, l'institut Berggruen, dont le siège est en Californie, est une organisation à but non lucratif chargée de "réfléchir aux systèmes de gouvernance". Sylvie Goulard, qui se destinait au Quai d'Orsay, a-t-elle été bien inspirée d'être appointée par cet organisme pendant plus de deux ans, pour près de 300.000 dollars? "Le Berggruen fait la promotion de l'Union européenne et contribue au débat d'idées", jure-t-elle, parlant "d'un non-sujet"… à plus de 10.000 dollars par mois.

"Je démontrerai qu'il a bien travaillé pour moi"

Dans l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris sur les emplois d'assistants des anciens députés européens du MoDem, l'ex-ministre des Armées est susceptible d'avoir à s'expliquer concernant un ancien assistant. Entre 2009 et 2015, élue de la circonscription de l'Ouest, elle a embauché à temps partiel, comme collaborateur local, Stéphane Thérou, alors en poste à Paris au siège du MoDem. Ce dernier était payé aux deux tiers par le parti et pour un tiers par la députée. Pouvait-il exercer ses fonctions locales depuis Paris sans point de chute dans l'Ouest, où l'élue n'avait pas de permanence? C'est l'unique objet de l'enquête en cours la concernant. "Je démontrerai qu'il a bien travaillé pour moi", assure Sylvie Goulard sans vouloir en dire davantage, "par égard pour la justice". Originaire d'Alençon, Stéphane Thérou avait auparavant travaillé pour le général Philippe Morillon, le prédécesseur de Sylvie Goulard à Strasbourg. "Je confirme qu'élu MoDem pour la région Ouest, j'avais moi-même comme assistant ce garçon qui travaillait à Paris et qui a toujours été fidèle, solide et disponible", indique au JDD le général aujourd'hui retraité. "Dans ce volet, il sera très facile de démontrer l'absence totale d'infraction", certifie un avocat du MoDem, persuadé que "Sylvie Goulard ne risque rien"… 

La ministre a-t-elle surestimé cette menace judiciaire? S'est-il passé quelque chose durant ces trente-cinq jours au gouvernement qui pourrait expliquer son abandon? "Sylvie Goulard était destinée au Quai d'Orsay et n'était absolument pas préparée aux questions de défense, mais sa prise de contact avec l'état-major s'est plutôt bien passée", analyse un militaire, même si le récent limogeage du délégué général de l'armement, un des trois plus hauts postes de l'armée, a pu apparaître comme brutal à certains. Sa phrase visant "l'artisanat" de l'ancienne équipe Le Drian a pu en froisser d'autres. Enfin, évoquant les restructurations nécessaires à l'échelle ­européenne qui pourront "casser certaines facilités industrielles" françaises, Sylvie Goulard a aussi pu affoler de puissants intérêts…

Par Laurent Valdiguie

 

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source : http://www.lejdd.fr/politique/lenigme-sylvie-goulard-pourquoi-a-t-elle-quitte-le-gouvernement-3371579

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