J+3 : L'Amgot provoque la colère de De Gaulle

Henri Amouroux

Publié le 27/05/2004 à 13:05 | Modifié le 17/01/2007 à 13:01

Sur Le Point

Lorsque, le 4 juin, venant d'Alger, de Gaulle arrive à Londres, il découvre avec colère que les Américains ont l'intention, grâce à l'Allied Military Government of Occupied Territories (Amgot), d'administrer les villes françaises libérées comme ils ont, en Italie, administré les villes italiennes occupées. Déjà, 1 552 fonctionnaires de l'Amgot sont prêts à mettre leurs pas dans ceux des combattants du Jour J.

Les « administrateurs » américains arriveront en France avec des fonds, ces « francs de la libération » qui ressemblent à s'y méprendre à des dollars, même s'ils sont illustrés d'un petit drapeau tricolore et portent la devise Liberté, Egalité, Fraternité. Amgot, francs de la libération (que de Gaulle appelle immédiatement de la « fausse monnaie » ) : on voit bien ce qui explique et excite la colère du Général. Dans les jours qui suivront la Libération, les Américains, s'appuyant sur l'administration de Vichy, à laquelle ils ont - comme l'a fait le maréchal Pétain - demandé de rester en place, n'en profiteront-ils pas pour écarter du pouvoir de Gaulle et les siens, depuis longtemps mal en cour à Washington ?

Parlant aux Français le 6 juin, quelques heures après le Débarquement, le général Eisenhower ne leur a-t-il pas dit qu'il leur faudrait attendre la libération complète de leur pays avant de choisir leurs représentants, ainsi que « le gouvernement dans lequel ils voudront vivre » ? Situation insupportable pour de Gaulle, qui, le même 6 juin, à 17 h 30, a appelé les Français à la bataille, leur a ordonné de suivre les « consignes données par le gouvernement français ».

Quel gouvernement ? Mais celui qu'il préside à Alger. « Le gouvernement provisoire de la République », formule qu'il a employée pour la première fois le 27 mars 1944.

Lorsque, le 14 juin, de Gaulle vient en France, ce n'est que pour peu de temps, les Anglais en ayant décidé ainsi. Assez de temps, cependant, pour, de la plage de Courseulles, où il vient de débarquer de la « Combattante », nommer François Coulet commissaire de la République pour le territoire normand libéré et mettre le colonel Pierre de Chevigné à la tête des subdivisions militaires. L'un et l'autre ont pour mission d'épurer la fonction publique de Vichy, de faire barrage aux administrateurs américains de l'Amgot et de faire échec à la « fausse monnaie ». A hauteur de 128 350 francs, elle a cependant permis aux Normands de payer leurs impôts !

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