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5 mai 2018

Procès stalinien inouï au Parlement européen contre la Hongrie

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C’est avec stupeur que nous avons lu les articles des médias francophones sur la séance du Parlement européen (PE) qui s’est tenue le 26 avril 2018. Nous n’avons rien trouvé qui s’approchait vraiment de ce qui venait de se dérouler dans les enceintes de la Tour de Babel. Même le Visegrád Post (dont le fondateur Ferenc Almássy nous semble être un proche du Jobbik) ne fait pas mieux puisqu’il n’a publié aucun article.

 

C’est pourquoi nous avons décidé de donner un résumé détaillé ce qui s’est passé au PE ce jour-là. Le mobbing, la malhonnêteté, la mauvaise foi, le déchaînement de haine des parlementaires qui ont attaqué la Hongrie dépassaient tout ce que nous aurions pu imaginer. Un vrai travail de tueurs à gages. (Un véritable « Procès de Moscou » pour ceux qui se souviennent du sens de cette appellation.)

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Rappelons que, « dans un projet de résolution, la commission des Libertés civiles du Parlement européen veut recourir à l'article 7 du traité de Lisbonne [la « bombe nucléaire »], qui peut entraîner, à l'issue d'une longue procédure, des sanctions comme la suspension du droit de vote d'un État membre » (Euronews). Autre sanction possible : la suspension des subventions européennes.

Le rapport du Parlement européen accuse le gouvernement Orban de « menaces sur la liberté des médias; remise en cause de l'indépendance de la justice; attaques régulières contre les organisations non gouvernementales; regain d'antisémitisme; remise en question de certains droits sociaux, etc. » ; « Peter Szijjarto, ministre des affaires étrangères et du commerce hongrois, s’est vigoureusement défendu » contre ces reproches (Le Monde).

Voir aussi dans Le Monde :

Empoignade autour d’un rapport du Parlement européen sur la Hongrie de Viktor Orban

Le défi hongrois à l’Europe, après la victoire du populiste Viktor Orban

« La vérité, c’est qu’Orban sert aussi les intérêts des dirigeants du PPE… »

Les articles de presse donnent souvent l’impression que c’est la Hongrie qui est le fauteur de troubles : « Le président de la commission, Claude Moraes (travailliste britannique), a dû appeler à «maintenir la dignité» de cette session de travail » (Sputniknews). Trop brefs, les articles parus ne rapportent pas les réponses de la Hongrie aux calomnies dont elle est l’objet et ne donnent aucune idée de ce dont l’Union européenne est capable envers tout pays « récalcitrant », alors même que les votants hongrois se sont exprimés tout à fait démocratiquement.

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Les raisons inavouées du « tir groupé » contre la Hongrie

Hormis leur délire gauchiste de vouloir transformer l’Europe en un enfer multiculturel voué à la guerre ethnique et religieuse pour les siècles à venir, avec la disparition de toute une civilisation, il y a d’autres réalités plus immédiates qui pendent au nez des dirigeants de l’UE :

1) Ils ont peur de perdre les élections de 2019, c’est pourquoi ils veulent priver de droit de vote les pays membres qui risquent de voter contre eux.

2) Le Brexit a amené un grand déficit dans le budget, et le financement des nouveau pays membres va absorber des milliards, sans parler de ce que cela va coûter d’entretenir les migrants sur place et ceux à venir. Priver la Hongrie et la Pologne des fonds européens permettra de mettre l’argent ailleurs.

Un ministre hongrois a dit qu¹il est hautement humiliant que l'UE imagine que le gouvernement hongrois veuille trahir la volonté populaire pour obtenir des avantages financiers de l'UE.

Le plus gros problème qui pourrait survenir pour la Hongrie, sur le plan financier, serait que le gouvernement, par manque de financement, ne puisse plus mettre en œuvre son programme nataliste alors qu'il avait promis un soutien important aux parents.

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Et à présent, voici ce qui s’est passé réellement au PE, lors de la séance avec la commission LIBE (Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures). Jugez vous-mêmes !

La séance complète, qui a duré près de 4 heures, et la conférence de presse de P. Szijjártó qui a suivi, ont été diffusées en direct par la télévision hongroise M1, et regardées massivement par la population, qui a été scandalisée. Une rediffusion partielle a eu lieu le soir dans l’émission Szemtől szembe (Droit dans les yeux) :

https://www.mediaklikk.hu/video/ma-este-2018-04-26-i-adas/

C’est de cette rediffusion que nous donnons ici une traduction légèrement abrégée.

Un bref extrait (la première intervention de P. Szijjártó) a été sous-titré en anglais ici.

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Liste des chefs d’accusations formulés par Mme Judith Sargentini dans son rapport :

– La Hongrie s’éloigne de l’État de droit.

– La liberté de la presse est menacée.

– La liberté de l’enseignement est menacée.

– La liberté de religion est menacée.

– La liberté de réunion [et de manifestation] est menacée.

– La liberté d’action des ONG est menacée.

– Le problème relatif à l’immigration.

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(00:50) Judith SARGENTINI, eurodéputée néerlandaise, groupe des Verts/Alliance libre européenne.

Mme Sargentini parle d’emblée du verdict qu’elle revendique pour punir la Hongrie : actionner l’article 7.1, paragraphe 83 : le PE a le droit de mettre en œuvre la mesure prévue, « l’article nucléaire ».

Elle précise:

L’examen de notre rapport ne signifie pas que nous appelions les Hongrois à la discussion. Ceci signifie que le Conseil doit délibérer pour savoir s’il va prendre les mesures suggérées, compte tenu de la liste des questions sur la Constitution hongroise, et du devoir de défense des Hongrois face au recul des droits humains.

Cette séance n’est pas un débat mais dresse un constat, que j’enverrai tel quel au Conseil européen.

Une démocratie qui recule, l’État de droit qui recule, les droits fondamentaux qui reculent : si un pays ne garantit plus cela, il y a des mesures qui s’imposent.  Si un pays ne garantit plus les points cités ci-dessus, il y a des mesures prévues à prendre. Les accusations contenues dans ce rapport se basent sur les décisions de l’ONU, mais aussi sur le point de vue du Parlement de Strasbourg. C’est la première fois que le PE prépare ce genre de mesures, c’est pourquoi j’ai voulu baser mon rapport sur les faits et j’ai effectué un double contrôle de ces faits.

L’acte d’accusation contre la Hongrie se base sur les procès tenus contre la Hongrie devant la Cour de justice européenne. Les lois anti-Soros vont à l’encontre des droits européens. Que la Hongrie change de son propre chef l’âge de la retraite va à l’encontre des lois européennes. Cependant il ne s’agit pas seulement du fait que des lois qui ont été enfreintes, mais aussi de l’effet négatif de ces violations sur la société. Il y a eu quatre sous-commissions de la LIBE qui ont constaté que la Hongrie bafoue les bases des valeurs européennes et elles ont voté en fonction de cela. Exemples : la Commission du budget a voté contre la Hongrie, la Commission des Constitutions a réclamé que l’on initie l’article 7:1.

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peter-szijjarto

(08:00) SZIJJÁRTÓ Péter, ministre des Relations économiques extérieures et des Affaires étrangères de Hongrie, membre du Fidesz :

Voici deux semaines que la Hongrie a eu des élections parlementaires. Il y a eu de nombreuses tentatives de s’immiscer dans la campagne et dans le processus d’élection pour affaiblir la position du gouvernement hongrois, et il y a aussi eu des influences pour affaiblir les résultats des élections hongroises. Et il y a même eu bien plus de la part de ce Parlement, puisque des fuites nous ont appris que le PE a voulu aider l’opposition hongroise à remporter les élections. Il serait bon que vous preniez note des résultats des élections. Il y a eu une participation record de 70%, dont 49,6% ont voté pour reconduire le parti Fidesz au pouvoir. 2'820'000 votants se sont prononcés pour le Fidesz, soit 1'732'000 de plus que pour la seconde force du gouvernement et 330'000 de plus que pour l’ensemble des autres partis présents au parlement hongrois.

Le peuple hongrois a exprimé son opinion sur les huit années qui se sont passées en Hongrie, et leurs conclusions sont différentes de vos conclusions. Les Hongrois ont décidé la direction à prendre pour les années à venir. C’est pourquoi je vous demande qu’ici, au PE, vous respectiez la décision du peuple hongrois, et je vous demande de ne pas remettre en question, ni affubler de qualificatifs la volonté populaire. Je sais que vous n’êtes pas d’accord avec la décision du peuple hongrois, qu’elle vous dérange et même vous frustre. La différence, c’est que les Hongrois ont un droit de vote, tandis qu’ici au PE vous n’en avez pas. De cela découle que les Hongrois peuvent décider du futur de la Hongrie, contrairement à vous. Pour le peuple hongrois, l’élection a donné la priorité à la sécurité nationale. Le peuple a voté contre l’immigration. Il avait la possibilité de voter pour des partis pro-migrants, soutenus par les ONG, favorisant la migration. La décision du peuple est claire : la Hongrie ne sera pas un pays d’immigration. Ainsi, le désaccord sur la migration va subsister. La décision issue du scrutin est que ce sont exclusivement les Hongrois qui peuvent décider qui peut entrer en Hongrie et avec qui les Hongrois veulent vivre. Notez que ce n’est pas nous qui cherchons cette dispute. Nous allons défendre nos frontières et par là défendre la sécurité des citoyens de notre pays. Nous n’acceptons pas les quotas, ni les valeurs selon lesquelles un pays multiculturel vaudrait mieux qu’un pays uni et homogène. Préparez-vous à ce que le gouvernement défende la Hongrie afin qu’elle reste la Hongrie.

Le rapport qui vient d’être présenté est une collection de mensonges qualifiés. La personne qui l’a rédigé a copié-collé ensemble des bouts de semi-vérités, sans tenir compte des faits ni de la réalité. Cela pourrait même passer pour un document à charge fabriqué.

(12:46) Premier exemple : il n’y aurait pas de liberté de la presse en Hongrie. C’est un mensonge. En Hongrie, il y a bien plus de liberté de la presse que dans bien des pays d’Europe occidentale. Il n’arrive jamais que durant des semaines, les autorités cachent le fait que des migrants commettent des violences envers les habitants, les citoyens. En Hongrie, il y a davantage de médias d’opposition (TV, radio et presse) que de médias pro-Fidesz. En plus, la télévision la plus regardée est celle de l’opposition, qui ne fait pas de cadeau au gouvernement. Les sites les plus lus en Hongrie sont les sites de l’opposition. Ces sites sont remplis de critiques et de calomnies contre le gouvernement, et ils sont très virulents. Et le jour de l’élection, le peuple a décidé, et cela avec une participation exceptionnelle. Avant que les résultats n’arrivent, l’opposition [n.d.t. : tout comme les médias occidentaux] a interprété cette participation massive comme le signe d’une volonté de changement et comme une « victoire de la démocratie » [c.-à-d. de l’opposition].

(14:18) Second exemple : les ONG seraient réprimées et n’auraient pas de liberté. C’est un mensonge. En Hongrie, 65'000 ONG sont à l’œuvre. Parmi elles, il y en quelques-unes qui se plaignent : celles qui se sont immiscées ouvertement dans la vie politique et militent contre le gouvernement. Ces ONG touchent des soutiens très importants de l’étranger, et le peuple hongrois a le droit de savoir qui veut influencer sa politique intérieure et qui est derrière ces ONG. Elles ont voulu s’immiscer dans les élections hongroises et maintenant elles veulent en contester les résultats. Expliquez-moi pourquoi ces ONG rougissent de dire à haute voix qui sont leurs bailleurs de fonds. C’est tout de même étonnant : vous, ici, au PE, comme les ONG avec lesquelles vous êtes en lien très étroit, vous exigez la transparence. Alors pourquoi avez-vous peur d’avouer d’où vous avez reçu de l’argent ? Si vous en avez honte, ce n’est pas la faute de la loi hongroise.

(15:24) Troisième point : l’antisémitisme. C’est l’accusation la plus grave. Nous refusons catégoriquement cette accusation. La Hongrie a fait plus pour les juifs que n’importe quel pays européen. Ce n’est pas dans les rues de Hongrie que de jeunes juifs sont agressés. Ce n’est pas à Budapest que des personnes âgées juives sont assassinées dans leur appartement. A Budapest vit la communauté juive la plus grande d’Europe, dont le Premier ministre israélien a dit qu’elle vit sa renaissance en Hongrie. Avec le financement hongrois, nous aidons à rénover des synagogues, même en dehors des frontières de notre pays. En 2019, la Hongrie va organiser les Jeux Macchabées. Dans la loi hongroise, la négation de la Shoah est un délit grave et passible de lourdes sanctions.

C’étaient quelques exemples, face aux accusations, pour dire quelle est la vérité.

Nous avons compris quels sont les ressorts qui vous animent. Vous représentez une politique gravement biaisée par l’idéologie pro-migrant que vous représentez. Lorsque vous jugez la Hongrie, vous le faites parce que nous contrarions vos plans, et qu’à cause de nous vous n’arrivez plus à mener à bien vos projets migratoires extrémistes. Je vais vous communiquer une très mauvaise nouvelle (de votre point de vue). Nous, selon la volonté du peuple hongrois, n’allons pas vous laisser exécuter le plan migratoire Soros.

Et par là, nous ne défendons pas seulement la Hongrie, mais nous défendons toute l’Europe, sa culture et son histoire.

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(17:37) NIEDERMÜLLER Péter, eurodéputé hongrois, Alliance progressiste des socialistes et démocrates :

M. Szijjártó a parlé du résultat de l’élection, mais ce n’est pas le sujet. Il n’y a pas de liberté de presse. La Hongrie se trouve à la 76eplace mondiale pour la liberté de la presse. Selon une étude du Parlement européen, l’indice de corruption n’a fait que se détériorer depuis 2010 [c.-à-d. depuis le retour au pouvoir de Viktor Orbán]. La démocratie, ce n’est pas le chantage de la majorité : la démocratie, c’est trouver des solutions communes avec les minorités. Mme Sargentini ne parle pas du projet Soros, ni des migrations, mais elle parle des enjeux de la démocratie, qui est en déficit en Hongrie, et la Hongrie devrait respecter ces enjeux.

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(19:41) Michał BONI, eurodéputé polonais, Plate-forme civique [opposition]/Parti populaire européen, membre de la LIBE :

Monsieur Szijjártó, vous avez été invité au Parlement pour mener un débat rationnel. Vous vous comportez comme si vous étiez l’acteur principal de cette salle. Je vous invite à faire attention à vos paroles, qui sont autoritaires. Je félicite Judith Sargentini pour son travail.

Quant à votre paquet [de lois anti-]Soros, vous l’utilisez pour stigmatiser et intimider les gens afin de leur faire perdre leur liberté d’expression et pour menacer la liberté des médias. Ce qui prouve que le gouvernement a ouvert encore plus la porte aux opinions extrêmes et contre la liberté d’expression.

Autre sujet d’inquiétude : la concentration des médias, la volonté d’influencer l’opinion publique de manière unilatérale. Vous marchez sur les pas des régimes autoritaires.

Le paquet de lois anti-Soros est une copié-collé de celui que Poutine a adopté. Je me souviens personnellement du Viktor Orbán d’il y a pas mal d’années et je suis très triste de voir comme il a pris le chemin des solutions autoritaires. C’est un grand danger pour l’Union européenne, et même au-delà des frontières de l’Union européenne. Je suis venu de Pologne pour joindre ma voix à celle de la société civile hongroise et dire que la démocratie ne signifie pas seulement gagner les élections.

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(22:14) GÁL Kinga, eurodéputée hongroise, Fidesz

Je trouve profondément humiliant pour le peuple hongrois ce qui vient de se passer. C’est indigne de ce Parlement. Ces interventions sont si indignes à l’égard de la Hongrie, État membre de l’Union européenne, et pour les citoyens de la Hongrie, que le minimum serait que ceux qui nous ont blessés s’excusent. Je n’ai pas le temps d’entrer en détail sur toutes les calomnies, mais je mets en exergue l’une d’elles, selon laquelle la Hongrie ne serait pas un État de droit : « a society not rooted in law ». C’est une telle offense vis-à-vis de la Hongrie. La Hongrie est un État de droit millénaire. Une telle gifle, je ne l’admets pas, et j’exige des excuses. L’image que vous  donnez de la Hongrie dans votre description ressemble à la dictature d’un Bantoustan en pleine Afrique, et pas à un pays de l’Union européenne où viennent de se passer des élections démocratiques, où l’ordre juridique fonctionne, où il y a des lois. C’est extrêmement humiliant pour moi, mais aussi pour chaque citoyen hongrois qui regarde cette retransmission. C’est pourquoi je vous demande de changer de style. Je trouve révoltant ces accusations et ces calomnies et je demande de changer de ton. Vous parlez de faits, mais ces faits sont remplis de données fausses. C’est absolument révoltant que dans vos « faits » il n’y ait que des mensonges. Vous faites référence à l’ONU, au Conseil de l’Europe, à l’OSCE, aux droits de la femme, à des organisations de défense des droits de la femme. Or quand on regarde quelles sont vos sources, on découvre que ce n’est pas chez toutes celles-là, mais seulement chez cinq ou six ONG ou chez des « spécialistes indépendants » autoproclamés que vous avez pris les données dont vous vous servez pour aligner vos calomnies.

Je récuse l’accusation d’antisémitisme. Nous n’avons rien en commun avec le Jobbik [extrême droite]. C’est la gauche qui s’est associée avec le Jobbik. Et je pense que tout ce qui vient de se dérouler sous nos yeux est un procès d’intention, dont l’acte d’accusation est déjà prêt et dont le verdict a été écrit à l’avance, et que vous avez déjà décidé quel sera notre sort. C’est inacceptable.

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(25:18) Sophia IN ’T VELD, eurodéputée néerlandaise, Démocrates 66

C’est un cas classique. C’est un régime autocratique qui est arrivé au pouvoir en décrétant qu’il y avait un complot contre lui, que nous sommes l’ennemi et eux les victimes. C’est l’ennemi qui ment. Mais c’est une situation classique. Je veux vous signifier que vous n’avez pas la propriété du peuple hongrois. Vous êtes juste élus pour représenter le peuple hongrois provisoirement, pour une période. J’ai enlevé mon écouteur avec la traduction simultanée, car j’en avais assez de ces accusations et de ces mensonges envers nous. Je vous le demande : comment représentez-vous les dizaines de milliers de Hongrois qui n’ont pas voté pour vous, ceux qui manifestent contre les résultats des votations, ceux qui descendent dans la rue contre votre régime autocratique ? Votre média de propagande qui est la propriété du gouvernement dirige comment on va présenter tout ce conflit, comment ce média du gouvernement expliquera à son peuple que nous sommes les méchants et vous les victimes, et qu’une sorte de complot est dirigé contre la Hongrie.

Deuxièmement, vos accusations contre M. Soros. Selon vous, c’est lui qui finance tout ce complot. Mais nous voudrions plutôt en savoir plus sur vos sources de financement et sur la manière dont vous détournez les sources de financement européennes. Parlons des sources qui viennent de Poutine ou des États-Unis. Orbán a dit qu’il veut réaliser une démocratie illibérale. [N.d.t. : Orbán prend « libéral » au sens américain : « gauchiste » : il veut une démocratie qui n’est pas à gauche du tout. Mais in’t Veld détourne le sens de ce mot pour lui faire dire : qui ne respecte pas les libertés]. Ça n’existe pas. C’est un autre système que M. Orbán veut : une autocratie illibérale. Orbán travaille systématiquement pour cela et obtient ce qu’il veut. Vous ne faites pas attention à des grands groupes humains dans votre pays et à l’étranger, ce qu’un politicien devrait faire. Et en tant que politicienne, je conseille de faire attention aux gens que les Hongrois que vous croisez au quotidien, car ce sont les mêmes qui risque de vous attendre au tournant. Il y a un problème qui est systémique.

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(22:14) JÁROKA Lívia, eurodéputée hongroise, Fidesz/Parti populaire européen :

Les mensonges que vous sortez, toutes ces accusations ne concernent pas la Hongrie sous Orbán, mais celle d’avant 2010, sous le gouvernement socialiste qui l’a précédé.

Exemple : le paragraphe 43 de l’acte d’accusation, qui dit que dans les territoires externes à Budapest, il y a eu une campagne de peur par des actions paramilitaires du Jobbik envers les Roms. En fait, lorsque cela s'est passé, avant 2010, les socialistes qui étaient alors au pouvoir ont regardé faire le Jobbik sans réagir. Récemment, durant 3-4 mois, le Jobbik a fait campagne avec les socialistes contre le gouvernement en place. Donc, en vous entendant, on peut conclure que vous ne savez absolument pas de quoi vous parlez. Lorsque des membres du Jobbik ont assassiné des Roms, personne n’a rien dit au PE, malgré le fait que le Fidesz en ait parlé.

De même pour le paragraphe 44, qui affirme que la scolarité des enfants roms s’est péjorée. C’est également un mensonge complet. Orbán a introduit le jardin d’enfants obligatoire dès 3 ans, ce qui met tous les enfants au même niveau lorsqu’ils arrivent au primaire. Tous les enfants tziganes vont au jardin d’enfants dès 3 ans. Les statistiques montrent qu’il y a bien moins d’abandon scolaire, et moins de ségrégation, moins de nécessité de classes spéciales.

Concernant les paragraphes 47, 48, 46, de cet acte d’accusation erroné, les recherches prouvent le contraire.

Vous pouvez encore sauver votre réputation en corrigeant les erreurs. Les citoyens européens seront choqués de trouver des accusations sans fondement. Comment est-il possible de fabriquer un document plein de mensonges et d’erreurs ? Nous vous avons fait parvenir un document qui répondait à ces accusations, est-ce que vous ne l’avez même pas lu ?

Mme Jároka est interrompue par le président : « Please... please... »

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(31:49) MORVAI Krisztina, eurodéputée hongroise, sans parti [virée du Jobbik quand elle a refusé de s’allier à la gauche] :

Je vous avais déjà remerciés parce que grâce à vos attaques incessantes, la nation hongroise a pu renforcer sa cohésion et sa solidarité nationale. Maintenant, je vous remercie pour le fait que, partout où nous allons en Europe, nous sommes salués par les gens avec une reconnaissance sincère vis-à-vis de la Hongrie, tous nous félicitent parce que nous résistons à la migration de masse. C’est bon de sentir la fierté d’être Hongrois. Grâce à vous, le monde a pu connaître les efforts que nous faisons pour garder notre souveraineté nationale.

Tout le monde peut se demander : comment est-il possible que l’UE attaque systématiquement les deux pays, la Hongrie et la Pologne, qui attirent le plus de respect et sympathie des gens européens ? Et là, nous arrivons au thème des élections de 2019, car la composition politique du Parlement actuel ne reflète en rien l’opinion et les valeurs des peuples européens. Si vous représentiez la majorité des peuples, de tels événements, de telles accusations abjectes n’auraient pas lieu. Un déshonneur comme celui que vous jetez sur notre pays ne pourrait plus se produire. Il faut changer cela, avec les Polonais et le Fidesz, pour que les parlementaires représentent l’opinion des peuples européens. Ou bien il faut changer le Parti populaire de l’intérieur ou bien il faudra créer un nouveau parti qui représente les peuples des États membres.

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(33:30) SZIJJÁRTÓ Peter

À entendre ce qui vient être dit, j’arrive à cette conclusion :

Au Parlement européen, si la Hongrie est traînée dans la boue, c’est OK.

Si le gouvernement hongrois est calomnié, c’est OK.

Si la décision du peuple hongrois est déshonorée, c’est OK.

Mais si quelqu’un vous répond, ce n’est plus OK.

N’importe quelle personne qui respecte la démocratie refuse une justice pareille.

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Claude MORAES, le président, intervient et interrompt M. Szijjártó :

S’il vous plaît ! Une seconde ! Votre réponse est trop chauffée par l’émotion. Votre vocabulaire est inadéquat. Pour les cinq minutes qui restent, je vous demande d’utiliser un vocabulaire qui respecte dans son ton et son langage le Parlement Européen ! Vous devriez respecter la dignité de cette assemblée et utiliser un langage qui respecte ce parlement. (Quelqu’un dans la salle applaudit.) Juste une seconde encore : qu’est-ce qui se passe aujourd’hui, ici ? Nous examinons les conclusions de Mme Sargentini. Il ne faut pas entrer dans les argumentations, il faut se limiter aux faits concrets, ce serait d’une grande aide !

(35:07) SZIJJÁRTÓ Peter reprend :

Monsieur le Président, je croyais que dans cette salle la liberté d’expression me concernait aussi, mais si tel n’est pas le cas, je peux aussi vivre avec cela.

Je maintiens, Monsieur le Président, que dans ce débat, la Hongrie a été calomniée à répétition, et je ne peux pas accepter que si quelqu’un réagit contre cela, vous lui colliez immédiatement des qualificatifs au lieu d’examiner les faits à débattre. Si quelqu’un réagit contre vos calomnies, il reçoit les qualificatifs en retour.

Tout d’abord, Mme Sophia in ’t Veld a dit que nous ne représentons que provisoirement le peuple hongrois. Nous vous rappelons que nous avons été élus par le peuple deux fois pour quatre ans, que nous venons d’être réélus [pour un troisième mandat] et que nous avons obtenu une majorité des trois quarts au parlement. Mais qui a voté pour vous pour que vous donniez des leçons à la Hongrie ?

En ce qui concerne les accusations d’antisémitisme du député autrichien envers le gouvernement. Oui, nous avons un problème avec Soros. Nous ne sommes pas d’accord avec ses projets de migration ni avec d’autres de ses opinions. Soros souhaitait que nous perdions les votations. Mais malgré ces problèmes, lorsque nous avons des désaccords avec Soros, nous ne nous intéressons pas à sa religion. Je n’ai jamais évoqué sa religion.

En ce qui concerne l’accusation de la députée Verte, qui a déjà quitté cette salle, de nous être associés avec le Jobbik, juste une petite remarque. Toute la campagne électorale avait comme sujet central le fait que le Jobbik [l’extrême droite] s’était allié avec les socialistes et les forces de la gauche (Verts, Démocrates...) pour battre le gouvernement en place.

En ce qui concerne les actes d’accusation du rapport Sargentini, nous avons fait parvenir un rapport, répondant point par point aux accusations par des faits et démontrant par des faits concrets la fausseté des accusations.

En ce qui concerne les ONG : les Hongrois sont en droit de savoir qui veut s’immiscer dans la politique intérieure, qui est derrière le financement qui vient de l’étranger pour ces ONG, qui veut influencer l’opinion du peuple hongrois. Si nous pouvons attendre la transparence sur le financement des partis politiques, nous avons également le droit de connaître celui des ONG qui font ouvertement de la politique en Hongrie. Pourquoi veut-on que le financement des ONG reste secret ? Contrairement à vos accusations, nous n’avons jamais empêché aucune ONG de fonctionner avec notre loi sur la transparence. Pourquoi cela rendrait-il impossible le travail d’une ONG si elle affichait ses sources de financement sur son site internet ?

En ce qui concerne la liberté académique : nous n’avons fermé aucune université, et sur les plus de vingt universités existant sur sol hongrois, il n’y a que la CEU de Soros qui se plaigne de devoir se plier à la règle. Les trois autres universités américaines ont signé l’accord de transparence sans problème, mais vous n’écoutez que les plaintes de Soros.

Nous vous remercions de l’honneur de nous avoir invité et donné la possibilité de nous exprimer, mais nous n’acceptons pas que vous diffusiez des calomnies et des mensonges sur le peuple hongrois. C’est pourquoi nous avons mis à votre disposition un document qui traite chaque point de l’accusation, en nous appuyant sur les faits. Je vous remercie, Monsieur le Président, c’était un honneur d’être ici aujourd’hui avec vous.

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(40:29) Judith SARGENTINI :

Jusqu’au 15 mai, la Hongrie a le droit de faire parvenir des rectificatifs sur les points où elle est en désaccord avec notre rapport. J’ai fait ce travail à la demande du plenum de cette salle. Mais il y a une chose que je ne comprends pas. Nous avons été très courtois de vous inviter ici, vous le gouvernement hongrois, au Parlement Européen. Nous comptions que le gouvernement hongrois se comporterait comme un gouvernement et non comme des politiciens. Vous mélangez d’une manière malsaine les rôles, celui de membre du gouvernement et membre du Parti Populaire et celui du peuple. C’est votre droit de dire que vous aimeriez et vous exprimer librement. Mais je suis étonnée qu’un ministre puisse utiliser mon nom abusivement et affirmer que je mens. Vous avez déjà essayé de démentir les points de notre rapport dans celui que vous nous avez fait parvenir avant la séance.

Pourtant j’ai clairement dit dès le début de cette séance que je ne me suis pas appuyée dans mon rapport sur mes propres recherches. Vos conclusions sont par conséquent inadéquates. Vous avez raison, j’ai étudié les informations, mais vous n’avez pas le droit de dire que ces informations, je les ai puisées dans ma tête. Je pense que nous devrions continuer ce débat avec plein respect dans cette maison. La prochaine étape de la procédure, je le répète, sera la demande de modification du document qui est destiné à être envoyé au Conseil Européen. C’est pour cela que je travaille avec tous les collègues qui sont derrière ce projet. Il ne s’agit pas d’un débat mais de constatations, et d’énoncés. (45:32)

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Il y aurait beaucoup à dire sur les accusations formulés par l’UE. Limitons-nous à cette remarque au sujet de l’immigration et des fonds de cohésion.

La Hongrie refuse absolument d’admettre que la société multiculturelle soit un enrichissement, et elle refuse de se transformer en une société multiculturelle. Ce refus est considéré par les parlementaires comme un manque de solidarité envers l’UE qui porte le fardeau de l’immigration extra-européenne. Pas de solidarité, pas de fonds de cohésion de l’UE.

Or il ne s’agit pas d'un acte de charité, mais d’un accord commercial, par lequel 90% de l’argent donné retourne vers l’UE; seuls 10% bénéficient à la Hongrie.

D’autre part, la Hongrie a dépensé, et dépense encore, des sommes colossales de son budget pour garder ses frontières, et elle participe dans les pays des Balkans (Macédoine, Serbie…) à la gestion de la migration (envoi et formation de policiers). Jamais l’UE n’a participé à ces frais, et elle ne le fera jamais puisque Schengen est devenu caduc.

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Cenator, le 1er mai 2018

 

SOURCE https://lesobservateurs.ch/2018/05/01/proces-stalinien-inoui-parlement-europeen-contre-hongrie/

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