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7 juillet 2018

Conflit Israélo-Palestinien, Gaza - Victimes « dignes d’intérêt » et « non dignes d’intérêt », par David William Pear

7.juillet.2018 // Les Crises
Victimes « dignes d’intérêt » et « non dignes d’intérêt », par David William Pear (,
 

Source : David William Pear, Consortium News, 20-04-2018

Alors que les manifestations de vendredi à l’intérieur de la bande de Gaza ont repris aujourd’hui pour la quatrième semaine, les forces de sécurité israéliennes ont déjà tué quatre autres palestiniens, qui sont aux yeux des États-Unis des victimes « non dignes d’intérêt », affirme David William Pear

Dans leur livre La Fabrication du consentement, Edward Herman et Noam Chomsky faisaient la distinction entre deux types de victimes : les dignes d’intérêt et les non dignes d’intérêt. Les « victimes dignes d’intérêt » sont celles (réelles et supposées) des leaders de la liste des ennemies des États-Unis, comme Bachar al-Assad. Les « victimes non dignes d’intérêt » sont celles des USA et de leur clients, comme Israël et l’Arabie Saoudite.

L’alliance menée par les USA qui se revendique comme « communauté internationale » est scandalisée lorsqu’il y a des victimes dignes d’intérêt. Par exemple, l’ambassadrice des USA aux Nations unies Nikki Haley a montré au Conseil de Sécurité des photos de bébés Syriens morts pour que le monde soit témoin. Les victimes dignes d’intérêt se voit garantir les droits humains, et Assad mérite notre opprobre.

Les victimes indignes d’intérêt sont par exemple les 50 000 enfants Yémenites morts de faim à cause du blocus saoudien, qui concerne entre autre la nourriture, l’eau et les médicaments.

On reproche aux victimes non dignes d’intérêt d’être des victimes et la communauté internationale et les médias dominants les ignorent. Les victimes indignes d’intérêt n’ont pas de droits. Le Yémen est un désastre humanitaire ignoré. l’Arabie saoudite est un ami des USA et Washington contribue à l’effort de guerre saoudien avec de l’équipement et du matériel logistique.

Les USA ne sont donc pas scandalisés lorsque le Prince Héritier d’Arabie saoudite et ministre de la défense Mohamed Ben Salmane balance des bombes américaines depuis des avions américains, qui tuent des hommes, des femmes et des enfants Yéménites indistinctement en-dessous. Au lieu de ça MBS est en lune de miel avec les néoconservateurs. L’éditorialiste Thomas Friedman l’encense comme si être un monarque absolu est la chose à être au 21ème siècle. Robert Parry, le défunt fondateur et éditeur de ce site, décrivait Thomas Friedman et les néoconservateurs comme « déconnectés de la réalité ».

Manifestation pour un Droit au Retour

Depuis maintenant des semaines, des dizaines de milliers d’habitants de Gaza protestent légalement pour le droit de revenir dans leur maisons en Palestine. Aucun scandale aux USA quand Netanyahou et son régime ordonne aux soldats Israéliens de les massacrer. Des centaines de Palestiniens ont été abattu lors de la Journée de la Terre et pendant les manifestations du Droit au Retour. Quatre de plus ont été tués aujourd’hui et des centaines de plus ont été blessés pendant la quatrième semaine de manifestations. Mais Netanyahou a toute les raisons de croire que les USA le protégeront, comme de nombreuses fois par le passé. Nikki Halley ne montrera pas de photos de palestiniens morts.

A la place elle protégera Netanyahou de toute critique,et accusera les critiques d’être antisémites. Les victimes de Netanyahou sont indignes d’intérêt. Et dans ce qui apparaît comme une modification majeure de la politique étrangère américaine envers Israël et la Palestine, le dernier rapport du département d’État des États-Unis sur les droits humains ne considère plus la Cisjordanie occupée, Jérusalem-Est inclus, et Gaza, comme des « Territoires occupés », le terme légal correct, comme il le faisait précédemment, indique l’Institut pour la Compréhension du Moyen-Orient.

Les Palestiniens qui ont été exécutés à Gaza se trouvaient à l’intérieur de l’enceinte israélienne qui est leur prison depuis plus d’une décennie. Ils étaient en territoire Palestinien. Ils ne représentaient aucun danger pour les soldats Israéliens qui étaient du côté israélien de la barrière. Les soldats avaient une vue télescopique depuis leur postes de tir et étaient à plus de 100 yards [environ 110 mètres, NdT]. Des centaines de Palestiniens se sont fait tirer dessus avec des balles à fragmentation illégales bannies depuis la Déclaration de la Hague de 1899.

Les ordres de Netanyahou étaient illégaux et les soldats suivaient des ordres illégaux. Les Procès de Nuremberg ont déclaré que « juste suivre les ordres » n’est pas une défense contre les crimes de guerre.

Deux millions de réfugiés Palestiniens ont été emprisonnés à Gaza pendant plus d’une décennie. Gaza est devenu une prison inhumaine en plein air. Même l’ancien Premier Ministre Conservateur David Cameron l’a appelé ainsi.

Gaza : une prison en plein air

Les gens de Gaza ont été coupés du monde extérieur. Israël contrôle tout ce qui sort, peut importe ce que c’est. La nourriture qui entre à l’intérieur est à peine suffisante pour que Gaza survive. Netanyahou a une fois blagué sur le fait qu’il mettait Gaza au régime. Les malades, les blessés et les mourants ne sont pas autorisés à sortir de Gaza pour aller à l’hôpital pour soins médicaux sans permission israélienne. Netanyahou donne rarement cette permission. Les victimes de Netanyahou sont indignes d’intérêt et blâmer pour le fait d’être des victimes.

Blocus total – un acte de guerre

En 2006, Israël a resserré le nœud coulant autour de Gaza en imposant un blocus total par voie aérienne, terrestre et maritime. Le crime pour lequel Israël a imposé une punition collective illégale aux Gazaouis est qu’ils ont élu démocratiquement le mauvais gouvernement, contre la volonté d’Israël. Au lieu d’élire le Mouvement de libération nationale de la Palestine sous contrôle israélien, connu sous le nom de Fatah, les Gazaouis ont élu le Mouvement de résistance islamique, connu sous le nom de Hamas.

Israël considérait le Fatah comme une organisation terroriste, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas parce qu’ils sont des collaborateurs. Au lieu de cela, Israël, qui a secrètement soutenu la formation du Hamas dans une stratégie de division et de conquête, qualifie le Hamas de terroriste. Netanyahou désigne alors faussement les manifestants comme des terroristes.

Israël a tué et blessé des journalistes à Gaza. Ils sont aussi des victimes indignes d’intérêt. Il n’y a donc pas de protestations de la part des médias grand public. Au lieu de cela, ils accusent à plusieurs reprises le président russe, Vladimir Poutine, d’avoir (prétendument) tué des journalistes. Ensuite, il y a un tollé énorme parce que ce sont des victimes dignes d’intérêt.

Les États-Unis ont imposé des sanctions économiques à la Russie. Israël reçoit des milliards de dollars d’aide financière des États-Unis chaque année, peu importe ce que fait Netanyahou. Poutine est accusé d’envahir la Crimée alors que les troupes russes y étaient déjà légalement déployées et que les Criméens ont voté par référendum pour rejoindre la Russie, à laquelle ils sont attachés historiquement. Poutine est vilipendé pour sa (prétendue) ingérence dans la politique américaine. Netanyahou reçoit des ovations debout lors des sessions conjointes du Congrès.

Le premier ministre israélien occupe illégalement la rive ouest de la Palestine, et il y construit d’autres colonies israéliennes illégales, appelées par euphémisme installations. Pendant ce temps, Netanyahou fait un pied de nez au droit international. Les États-Unis ont opposé leur veto à 43 résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU contre Israël. Haley fulmine car Poutine est un obstructionniste qui a opposé son veto à une résolution de l’ONU condamnant Assad pour une attaque présumée d’armes chimiques, avant même qu’une enquête n’ait été ouverte. Les États-Unis ont tenté de bloquer une enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) sur le site présumé de l’attaque aux armes chimiques en Syrie. L’OIAC dit qu’il enquêtera de toute façon.

La Loi Suprême du Pays

Netanhayou : Protégé

L’ordre du président Trump d’attaquer la Syrie sur la base de l’utilisation présumée d’armes chimiques constitue une violation du droit international. Les États-Unis ne sont pas le policier, le juge et l’exécuteur international. L’article 2, section 4 de la Charte des Nations Unies stipule :

« Tous les Membres s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, ou de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies. »

Les seuls usages légaux de la force selon la Charte de l’ONU sont l’autodéfense et lorsque la force est autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Les violations de la Charte des Nations unies constituent également une violation de la Constitution des États-Unis en vertu de l’article VI, qui stipule ce qui suit :

« … tous les traités conclus ou qui seront conclus sous l’autorité des États-Unis seront la loi suprême du pays. »

La Charte des Nations unies est un traité qui a été signé par le président des États-Unis et ratifié par le Sénat des États-Unis. En vertu de la Constitution des États-Unis, la Charte de l’ONU est la « loi suprême du pays » aux États-Unis, ainsi qu’à l’échelle internationale.

En vertu de la Déclaration universelle des droits de l’homme, toute personne jouit d’une présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée devant un tribunal. Les États-Unis n’ont pas le droit de déclarer une peine avant qu’il y ait un procès et un verdict. L’article 66 du Statut de Rome de 1998 de la Cour pénale internationale, auquel les États-Unis ont refusé d’adhérer, confère aux personnes accusées de crimes la « présomption d’innocence » et ajoute :

« Il incombe au Procureur de prouver la culpabilité de l’accusé. Pour condamner l’accusé, le tribunal doit être convaincu hors de tout doute raisonnable de la culpabilité de l’accusé. »

Nous ne savons même pas si un crime a été commis à Douma. Il y a de nombreuses raisons de douter. Le journaliste d’investigation Seymour Hersh et d’autres personnes (Robert Fisk, Ron Paul, Jeffrey Sachs, l’ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Syrie Peter Ford, Fox News Tucker Carlson, Larry Wilkerson, etc.) ont soulevé des doutes sérieux à propos de l’allégation d’attaque à l’arme chimique par Assad.

L’allégation non prouvée d’armes chimiques vient de terroristes soutenus par les États-Unis qui mènent une guerre contre le peuple syrien depuis plus de sept ans. Les terroristes auraient des armes chimiques dans leur arsenal. Si des armes chimiques ont été utilisées dans n’importe laquelle des attaques, elles pourraient provenir des terroristes eux-mêmes.

Il est bien connu que les États-Unis ont été à l’origine de la guerre contre Assad et que les États-Unis soutiennent les terroristes dans le cadre d’un projet de changement de régime américain. Les morts et les blessés de l’agression américaine au cours du XXIe siècle comptent des millions de personnes dans plus d’une demi-douzaine de pays. Les médias grand public ignorent l’ampleur des guerres d’agression américaine, et le peuple américain s’occupe principalement de ses activités quotidiennes comme si rien ne se passait.

Puisque les États-Unis sont prétendument une démocratie et jouissent de la liberté de la presse, les citoyens américains et les médias américains sont responsables des actions de leur gouvernement. L’ignorance de la loi au sujet de ce que fait leur gouvernement n’est pas une excuse.

Les droits des Palestiniens

En vertu du droit international, les Palestiniens ont le droit de résister à l’occupation militaire illégale de la Palestine qui se poursuit depuis 1967. Mais Israël n’a pas le droit d’imposer des punitions collectives, de refuser aux réfugiés le droit de rentrer chez eux, de confisquer des terres, d’imposer des détentions indéfinies, de torturer des prisonniers et de restreindre la libre circulation des civils, ni de les enfermer dans des conditions de vie inhumaines à Gaza. Israël a systématiquement détruit leurs maisons et leurs infrastructures civiles.

Israël tire régulièrement pour tuer quiconque ou quoi que ce soit qui pénètre dans une zone tampon “no man’s land” à l’intérieur de Gaza. Il possède même des mitrailleuses télécommandées et d’autres instruments de mort aveugles dans la zone tampon. Lorsque des dizaines de milliers de manifestants non armés se sont approchés de la zone tampon, les tireurs d’élite militaires israéliens étaient prêts à les massacrer. Et Netanyahou dit qu’Israël a l’armée la plus morale du monde.

Les manifestations pour commémorer la Journée de la terre et les protestations pour le droit au retour ont été annoncées à l’avance, y compris celle d’aujourd’hui. Le 3 avril, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a appelé les soldats israéliens à refuser les ordres illégaux de tirer sur des civils non armés :

« L’utilisation de balles réelles contre des personnes non armées qui ne présentent aucun danger pour quiconque est illégale. C’est encore plus flagrant dans le cas des soldats qui tirent à grande distance sur des manifestants situés de l’autre côté de la barrière qui sépare Israël de la bande de Gaza. En outre, il est inadmissible d’ordonner aux soldats de tirer à balles réelles sur des individus qui s’approchent de la clôture, l’endommagent ou tentent de la franchir. »

En vertu du droit international, les commandants qui donnent l’ordre de tirer sur les civils non armés et les soldats qui le font pourraient être accusés de crimes de guerre par la Cour pénale internationale. Il est peu probable que cela se produise de sitôt parce que les États-Unis protègent Israël et permettent à Netanyahou de s’en tirer littéralement avec des meurtres. Les victimes de Netanyahou sont indignes d’intérêt.

Cet article a d’abord été publié par le Greanville Post.

David William Pear est un chroniqueur activiste et progressiste qui écrit sur des questions économiques, politiques et sociales. Il est membre de Veterans for Peace, de Saint Pete for Peace, de CodePink et du Mouvement de solidarité internationale. En 2016, il a passé 10 semaines en Palestine avec le principal groupe palestinien de résistance non-violente, le Mouvement international de solidarité . En novembre 2015, il a été délégué de CodePink en Palestine pour montrer sa solidarité avec les Palestiniens. David est retourné en Palestine pendant 10 jours en mars 2018. Il peut être contacté à dwpear521@gmail.com.

Source : David William Pear, Consortium News, 20-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

Lien : https://www.les-crises.fr/victimes-dignes-dinteret-et-non-dignes-dinteret-par-david-william-pear/

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