CETTE PRESIDENTIELLE vue par Serge July

Alors que la campagne s'achève, faisons un tour des révélations de cette Présidentielle 2007.

En effet, ce mois de mai va marquer un renouveau politique. Les Français sont en train de tourner la page, celle d'une époque. Le week-end du 22 avril, ils ont rompu avec le vote sanction, pour privilégier un vote constructif. Nous sortons en effet, d'une période de plus de trente ans, dominée par un puissant Parti communiste, au lent déclin, qui a justifié à gauche la stratégie d'union, et une extrême droite qui s'est développée à partir des années 80, et qui a atteint et contaminé l'ensemble du débat politique. Cette période s'achève.

Nouvelle génération de candidats, nouveaux comportements politiques. Nous allons sortir de cette Présidentielle avec deux forces politiques dominantes : un parti libéral-conservateur et un parti socialiste en voie de social-démocratisation accélérée.

Pour le PS, la suite dépendra naturellement du résultat. Ségolène Royal présidente, la transformation du Parti socialiste en parti social-démocrate, se ferait dans la foulée. Défaite : ça dépendra du score.

- Vous portez également un jugement positif sur le fond ? 

En effet, deux conceptions s'affrontent. L'une plus libérale, l'autre privilégiant la régulation sociale. Pourtant, au cours de cette campagne, s'est dégagé un programme de base républicain, commun au parti conservateur et à la social-démocratie, auquel les trois principaux candidats ont contribué. Ce qui n'exclut pas évidemment, des différences de degrés.

Il y a un accord sur le traitement du chômage. Le tournant est pris. Désormais, il y a accord pour protéger plus les salariés, que les emplois. C'est ce qu'on appelle la sécurité professionnelle. Deuxième accord sur la priorité du quinquennat : en principe l'enseignement supérieur, et la recherche.

Troisième accord : le dialogue social devient un préalable, et un ingrédient indispensable aux réformes. Le quatrième accord concerne la dette, elle n'est plus niée, une partie de la croissance sera consacrée au désendettement. Enfin, cinquième accord : les 35 heures seront reconnues comme la durée légale hebdomadaire du travail.

- Venons-en aux personnalités des candidats. Ce sont aussi des révélations ? 

Incontestablement. Trois ont émergé, les deux finalistes et le leader centriste. Des personnalités ressemblantes à bien des égards. Une génération médiatico-politique, qui accorde une importance fondamentale aux médias, et qui donc en exige beaucoup, ce qui ne fait pas systématiquement le bonheur des dits médias.

Une génération "résilience" qui s'est construite envers et contre tout, révoltée, battante, et dure au mal, à bien des égards une génération volontariste, décomplexée, pragmatique, et concrète. Enfin des candidats libres comme des pionniers, qui sont les auteurs de leur campagne.

- Votre pronostic pour dimanche soir ? 

Malgré les appels à l'abstention de Jean-Marie Le Pen, au vote blanc de certains leaders centristes, la participation sera encore très forte dimanche. Une forte mobilisation promet un score sans doute serré. Si c'est le cas, il y aura deux vainqueurs: Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.

Pourquoi l'un et l'autre ? L'un des deux évidemment sera élu, et l'autre pas. Mais si le score du perdant est autour de 48-49, il deviendra ipso facto, le chef de l'opposition, et le successeur possible de l'élu de dimanche. Si les écarts sont importants, le destin du perdant sera évidemment très différent.

Nicolas Sarkozy est favori, il a dominé la campagne du premier tour. Ségolène Royal, celle de l'entre-deux tours. Avec François Bayrou, ils devraient modeler l'avenir, le nôtre, et changer enfin la politique française.

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