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10 août 2007

Préparation à Melle: relire l'intervention de Ségolène Royal à l’Espace des Blancs-Manteaux le 26 juin 07

Intervention de Ségolène Royal à l’Espace des Blancs-Manteaux le 26 juin 07

Vous êtes très nombreux ce soir !
Et je sais que, par votre présence, vous voulez souligner votre volonté de continuer à travailler.
Je sais aussi que vous vous posez un certain nombre de questions toutes simples : comment on continue ? Quel rôle et quelle place pour Désirs d’Avenir dans la nouvelle séquence ? Comment on s’organise ?
Quelles relations avec le Parti socialiste ? Bref, que fait-on ?
Je vois qu’à Paris, vous avez prévu une séquence de travail très importante, je vous en félicite. Je pense même que ce que prévoit Désirs d’Avenir Paris pourrait servir de modèle pour l’ensemble des 700 Comités présents dans toute la France.
Je vois que vous prévoyez le 7 juillet un débriefing de campagne :
j’espère que vous me tiendrez au courant de ses résultats !

Je vois qu’il y a, le 9 juillet, un séance de travail sur « la connaissance du Parti socialiste » : c’est très bien !
Je vois aussi un troisième laboratoire, « inventons sans cesse » : c’est indispensable !
Enfin, « quelle gauche voulons-nous demain ? ». C’est effectivement le
sujet central.
Je trouve tous ces sujets très judicieux.
« Quelle gauche voulons-nous demain ? », vous prévoyez de l’aborder en vous répartissant en plusieurs sous-groupes thématiques :
quelle organisation pour la gauche ? quelles sont les valeurs socialistes ? quelle identité pour le Parti Socialiste ? quel nouveau pacte
social ? etc.
Je vous encourage à venir très nombreux dans ces groupes de travail.
Et j’encourage Désirs d’Avenir à continuer massivement à se réunir, à discuter, à débattre, y compris à faire le bilan des élections législatives, à éclairer l’ensemble des thématiques qui ont été abordées pendant la campagne, celles qui ont été comprises par les Français et celles qui l’ont moins été, pour que nous puissions approfondir notre réflexion et continuer à revoir les fondamentaux de la gauche. Car là est l’enjeu.

Nous avons mené une campagne belle, ardente, courageuse. Nous pouvons en être fiers.
Vous pouvez en être particulièrement fiers ici, à Paris, puisque jamais un candidat socialiste n’avait fait un tel score à une élection présidentielle.
Au cours de cette campagne, grâce à vous, nous avons bousculé certaines idées reçues et nous avons revu certaines manières de faire. Ce travail que nous avons commencé, nous allons le poursuivre !
C’est le principal message que je voulais vous délivrer ce soir.
J’ai besoin de vous et j’ai envie que vous puissiez continuer à vous impliquer à Désirs d’Avenir car ce travail doit partout prendre toute sa place : dans le Parti socialiste, bien sûr, mais aussi dans tous les mouvements associatifs, dans le mouvement social. Désirs d’Avenir est un mouvement associatif créatif dont les contributions seront mises à la disposition du Parti socialiste.
Il n’y a pas d’opposition des uns contre les autres, au contraire.


Mon ambition première, c’est que d’autres mouvements associatifs et syndicaux dans tout le pays, que le mouvement de la société civile et, partout, les citoyens de gauche se saisissent de l’enjeu de la rénovation de la gauche.
Désirs d’Avenir a une qualité particulière – notre trésor commun – c’est qu’ici, il n’y a pas d’enjeux de pouvoir ni d’enjeux de désignation pour les futures élections municipales. C’est pourquoi ce lieu à l’abri des arrières pensées est extrêmement précieux. C’est pourquoi je compte sur vous pour que la réflexion y soit intense.
Je sais que la plupart des membres de Désirs d’Avenir sont aussi adhérents au Parti socialiste. Tant mieux ! Cela permettra que le lien soit plus étroit entre ce qui y sera dit, entre les idées qui vont y émerger, entre les analyses qui vont y être produites, et la façon dont nous pourrons les mettre à la disposition du Parti Socialiste. Car c’est la tâche qui est aujourd’hui devant nous : donner au socialisme et à la gauche les couleurs de notre siècle, la compréhension de notre époque, donner aux militants et aux citoyens les moyens de construire collectivement des engagements destinés à être compris puis à être tenus.
C’est pourquoi je vous le dis ce soir : ne cédez pas aux fausses oppositions auxquelles on voudrait nous réduire, à gauche, auxquelles on voudrait réduire le socialisme.

Ce soir, je voudrais d’abord affirmer que le réalisme ne s’oppose pas à la radicalité. C’est un thème que je vous demande d’approfondir. La radicalité vraie, celle qui s’attaque à la racine des problèmes pour les régler concrètement, a besoin d’un regard lucide sur la réalité, sur ce qui marche et sur ce qui ne marche plus. C’est à cette condition que nous pourrons réconcilier le souhaitable et le possible.
Autre thème de réflexion : la liberté individuelle ne s’oppose pas aux protections collectives. Là-dessus aussi, je vous demande de réinventer. Les bonnes protections sont celles qui apportent à chacun, où qu’il soit et d’où qu’il soit, un surcroît de liberté, la possibilité de choisir et de construire effectivement sa vie.

De même, la sécurité n’est pas l’ennemie de la prise de risque : elle est la condition pour que s’épanouisse un goût du risque et de l’effort qui soit également accessible à tous et également porteur de progrès. Corriger les inégalités et lutter contre l’injustice, c’est toujours la mission de la gauche. Mais en n’oubliant jamais, comme le disait Jaurès, que « l’individu est la mesure de toute chose ». Dans l’actuel débat sur la montée ou non de l’individualisme, il est intéressant de rappeler cette modernité de la pensée de Jaurès sur l’individu.  Cela ne veut pas dire qu’il faut en rabattre sur les protections collectives mais que nous devons inventer comment réarticuler cet individu moderne avec les protections collectives nécessaires, en fonction des risques nouveaux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, en particulier avec la prise en compte de la globalisation et de la mondialisation.
Voilà la raison d’être des socialistes et des combats de la gauche.
Ces valeurs-là sont intactes.
Nous y sommes plus que jamais fidèles.
C’est au nom de ces valeurs que nous devons mener à son terme le grand chantier ouvert durant la campagne présidentielle, l’actualisation hardie du logiciel socialiste qui est bien autre chose que le recyclage de la social-démocratie des années 50-60.

Vous devez et nous devons aussi attirer largement dans nos réunions des intellectuels, des sociologues, des artistes, des observateurs de la société française. Elargir notre réflexion à la ressource intellectuelle des autres pays européens et même au-delà.
Je demande à Désirs d’Avenir d’ouvrir ses portes et ses fenêtres sur les réflexions menées dans d’autres pays car nous sommes tous, à gauche, dans l’ensemble des pays européens et au-delà des pays européens, en recherche de nouvelles solutions qui réconcilient les apparentes contradictions que j’ai évoquées tout à l’heure.
Le monde a changé, la politique doit changer.

Dans le monde d’aujourd’hui, le secret de la réussite, c’est la mobilisation de l’intelligence collective. Cela vaut dans tous les domaines, à commencer par la politique.
Le paternalisme, ça ne marche plus.
Les décisions verticales, ça ne marche plus.
Et cette intelligence collective, c’est notre parti pris.

Nous avons mis en oeuvre la démocratie participative et nous devons l’approfondir. Au sein du Parti socialiste aussi qui doit s’en nourrir, s’en enrichir, s’en affermir.
Nous devons nous ouvrir sur le monde tel qu’il est.
Nous devons nous ouvrir à toutes celles et à tous ceux qui ne se résignent pas au désordre des choses, aux politiques destructrices de la droite, et qui veulent prendre leur part de la délibération et de l’action collectives.
Ce lien dialectique, ce cercle vertueux entre le contenu du socialisme du XXIème siècle et la méthode d’une large participation démocratique, c’est de cela que je veux être la garante. Et c’est à cela que je vous appelle à prendre part. Vous, très nombreux à Désirs d’Avenir, qui êtes aussi des militants socialistes et vous qui ne l’êtes pas et auxquels je demande de le devenir.
Il ne s’agit pas de je ne sais quelle lutte des places.
Il s’agit de tenir la promesse faite aux 17 millions d’électeurs qui m’ont apporté leur soutien et, au-delà, à tous les Français.
Je sais bien que nous devons avoir une analyse réaliste du vote.
Bien sûr, sur ces 17 millions de Français, il y en a qui ont voté « contre l’autre ». Mais à nous de transformer ce vote « contre l’autre » en adhésion aux idées que nous devons approfondir et mettre en avant.

L’enjeu est donc très important : élargir notre compréhension du monde et faire en sorte que ceux qui ont voté à gauche seulement pour faire barrage à la droite puissent se dire que quelque chose est en train de se passer à gauche, que nous avons envie de travailler collectivement pour inventer ce socialisme et cette gauche du XXIème siècle. Cet enjeu-là est très important.
Je ne suis pas propriétaire de toutes ces voix, personne ne l’est, mais ces voix nous obligent à donner corps à l’espérance qui s’est levée. A ne pas décevoir.
A nous d’apporter au Parti socialiste notre contribution et l‘élan dont il a besoin pour se projeter hardiment dans l’avenir. Il n’est pas question de construire autre chose. Il n’est pas question de laisser dire que nous sommes marginalisés.

Ce Parti socialiste dont les militants m’ont fait confiance en me désignant, j’éprouve pour lui de l’affection. Je sais que sa force, ce sont tous ses militants, ses sympathisants, ses élus de terrain, leur engagement et leur dévouement à une cause plus grande que nous.
Vous l’avez certainement observé : nous avons été beaucoup plus présents que la droite dans le militantisme quotidien, dans les distributions de tracts, dans le contact avec l’ensemble des citoyens.

Il n’y a pas eu photo entre la présence militante socialiste, la présence des sympathisants et des citoyens qui se sont levés dans cette campagne, qui ont activement participé, et la présence de la droite sur le terrain. La tâche qui nous attend, c’est de gagner la bataille des idées contre une droite qui a su, elle, il faut le reconnaître, actualiser son logiciel et face à laquelle nous devons être une force de proposition, de protection et d’imagination.

Au fond, la question à prendre à bras le corps, c’est celle que vous avez retenue : quelle gauche voulons-nous pour la France et les Français d’aujourd’hui ?
Avec quelle lecture de la société et du monde ?
Porteuse de quelles réponses concrètes, crédibles, efficaces ?
Avec quel intellectuel collectif qui respecte ses militants, les associe et, avec eux, les citoyens à l’élaboration de son projet ?
Et aussi avec quelles alliances et sur quelles bases avec les autres composantes de la gauche ?
Avec quelles convergences avec d’autres sensibilités républicaines et démocratiques ?
Avec quel nouveau dialogue avec les syndicats, les associations, les mouvements sociaux qui participent, ici et maintenant, de la recomposition démocratique dont le Parti socialiste doit être, sans sectarisme ni angélisme, le fer de lance ?

Alors, me direz-vous, quelle place dans tout ça pour Désirs d’Avenir ?
Je vous demande d’être l’aile marchante de ce vaste mouvement et de vous mobiliser pour cette politique par la preuve à laquelle je suis attachée.
Quelle gauche voulons-nous demain ? Emparez-vous du sujet, débattez-en et appelez les Français à en débattre avec vous !
Nous ferons une grande assemblée générale de Désirs d’Avenir début septembre et nous produirons nos premières synthèses en octobre, que nous mettrons à la disposition de la réflexion conduite en interne au Parti socialiste.

J’entends, ici ou là, dire qu’il faudrait refermer la « parenthèse » de la démocratie participative et revenir aux vieilles méthodes d’antan.
Je crois, tout au contraire, que nous devons déployer et approfondir, comme ce soir, cette démarche.
C’est pourquoi je suis venue vous dire combien je compte sur vous, sur tous ces liens que vous avez tissés entre vous et avec nos concitoyens. Je compte sur votre énergie, sur votre liberté de ton, sur votre capacité de mobilisation et de proposition. Je suis aussi venue vous dire de vous impliquer dans la nécessaire mutation du Parti socialiste. Beaucoup d’entre vous le sont déjà : militants Désirs d’Avenir et militants socialistes, ce sont les deux facettes d’un même engagement.
Soyons donc les militants d’une alternative crédible en 2012 et d’une opposition constructive dès maintenant en 2007, en lien avec les autres mouvements associatifs, avec les organisations syndicales, avec toute la société française.

La gauche doit se mettre en mouvement pour inventer des solutions créatives et constructives. Ce travail, nous allons le faire en harmonie avec le Parti socialiste. Je sais bien que dans certaines fédérations comme à l’échelle nationale, il y a parfois des frictions entre les uns et les autres. Ces frictions n’ont plus raison d’être et je veux m’y employer.
C’est à cela que je vous invite. Dans ce mouvement, Désirs d’Avenir doit prendre toute sa place. C’est un lieu de débats à l’abri, je le répète, d’enjeux de pouvoir et de désignation, c’est ce qui en fait le prix. Ce lieu de débats, d’imagination, de créativité, ces liens amicaux que nous avez construits sont irremplaçables. Pour surmonter les divisions traditionnelles, il faut que nous fassions sur nous-mêmes un effort de dépassement et c’est pourquoi je m’emploierai à faire en sorte que, dans toutes les fédérations, Désirs d’Avenir soit reconnu comme producteur d’idées qui seront versées à la délibération du Parti Socialiste.

Je compte sur vous.
Je compte sur votre présence, sur votre mouvement, sur votre imagination.
Je compte sur vous pour l’émergence de propositions crédibles.
Je compte sur vous pour libérer la parole.
Je compte sur Désirs d’Avenir pour administrer la preuve du possible.
Je compte sur Désirs d’Avenir pour apporter au socialisme de notre
époque le renfort de notre idéal, de nos méthodes, de nos raisons d’y croire et de nos façons de faire, à l’écoute des Français. Car la France a besoin de cette oeuvre collective des militants et des sympathisants pour que, demain, la gauche soit à nouveau victorieuse !

Ségolène Royal

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