IMMIGRATION (2) :Marie Françoise DURUPT .Elle n'a pas l'allure d'un Spartacus en jupons...
ELLE N'A PAS L'ALLURE D'UN SPARTACUS EN JUPONS
(le Monde. Article de Catherine Simon)
Extraits:
Elle n'a pas l'allure d'une guerrière, ni d'un Spartacus en jupon… (...)
Selon la police, le 28 avril, sur l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, elle aurait incité à la rébellion deux étrangers en cours d'expulsion, ainsi que les autres passagers d'un vol Air France à destination du Mali. Le but de ce charivari ? Provoquer une "résistance violente" aux fonctionnaires chargés d'escorter les deux hommes jusqu'à Bamako. Traduite le 3 juillet devant le tribunal correctionnel de Bobigny, aux côtés d'un autre "meneur" présumé, un Malien jusque-là sans histoire, patron d'une société d'import-export, Marie-Françoise Durupt et son coaccusé risquent (théoriquement) la prison et une forte amende. Mis en délibéré, le jugement devrait être rendu le 4 septembre, à Bobigny. (…)
Son récit de l'incident, comme celui d'autres passagers, a peu de chose à voir avec les "faits" rapportés par les fonctionnaires de la police aux frontières (PAF). C'est juste avant le décollage, classiquement, que les deux expulsés, encadrés par une petite escouade de policiers en civil, se sont mis à crier. "Il y avait un troisième expulsé, mais celui-ci ne disait rien. Les policiers l'ont fait mettre debout, pour nous cacher la vue des deux autres. Mais ils ne pouvaient pas cacher les cris."
Un autre passager français, André Baraglioli se souvient : ""J'ai mal, j'étouffe !", hurlaient les types... Evidemment, tout l'avion s'est levé pour voir ce qui se passait." L'adjoint au maire de Bagnolet était en partance pour Bamako à la tête d'une délégation de sa commune. Marie-Françoise Durupt, elle aussi, est en déplacement professionnel. André Baraglioli ne la connaît pas. Mais il la remarque, qui se lève de son siège, "comme les autres", raconte-t-il. "Elle était placée à deux ou trois rangs des expulsés", précise l'édile, qui se trouvait lui-même quelques rangs derrière elle. Mme Durupt, de son propre aveu, n'a "jamais supporté les bagarres, la violence". Elle assiste, médusée, au rodéo musclé des policiers : après avoir "ceinturé violemment" les deux récalcitrants, ils leur "mettent des coussins sur la bouche, pour les empêcher de crier", assure-t-elle. La passagère, outrée, interpelle alors les officiers de la PAF. "J'ai honte d'être française", s'exclame-t-elle, "je n'ai pas payé un billet d'avion pour participer à ces choses !"
Sont-ce ses propos, un peu vifs, reflétant son opinion de "citoyenne", qui la font repérer ? Ou bien ses cheveux blancs, qui la distinguent des autres passagers, plus jeunes ? En tout cas, après l'intervention du commandant de bord, qui exige, pour des raisons de sécurité, que les expulsés et leur escorte descendent de l'appareil, les policiers s'inclinent, mais exigent à leur tour que les "meneurs" du charivari soient aussi débarqués. Marie-Françoise Durupt et le patron malien sont désignés. Ils passeront plus de 24 heures en garde à vue - dans des conditions déplorables. (…)