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20 septembre 2007

Ségolène Royal à l'université de Montréal (échos)

Claude Lévesque , "le devoir", Édition du jeudi 20 septembre 2007

L'ex-candidate socialiste traite de diversité culturelle et d'accommodements raisonnables

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Photo: Jacques Nadeau

Lundi à Québec, Ségolène Royal avait réagi très vivement aux critiques que lui adresse un ténor du Parti socialiste français, Lionel Jospin, dans un livre publié récemment. Lors de son passage très attendu à l'Université de Montréal, hier, l'ex-candidate à la présidence française s'en est essentiellement tenue à un plaidoyer en faveur de la Francophonie, évitant cette fois-ci les pièges d'une rhétorique devenue «folle» et d'une «machine à distribuer les paires de claques», décrites par un chroniqueur du quotidien parisien Le Monde.

À l'Université de Montréal, qui lui a réservé un accueil quasi «présidentiel», Ségolène Royal, l'ex-candidate socialiste à la dernière élection pour le poste de chef d'État en France, a fait hier un plaidoyer en faveur de la Francophonie et de la diversité culturelle.

Plusieurs centaines d'étudiants et de professeurs attendaient la femme politique qui, tout sourire, a dû, telle une rock star, se frayer un chemin jusqu'à la salle de conférence bondée sous les cliquetis des nombreux photographes, parmi lesquels se trouvaient des représentants de la presse française.

Au troisième jour de sa visite au Québec, Ségolène Royal a évité de replonger dans le débat hexagonal, comme elle avait dû le faire lundi à Québec, où elle avait dénoncé le «sexisme» dont s'inspirent selon elle les attaques à son égard contenues dans le livre récent d'un autre ex-candidat socialiste à la présidence, Lionel Jospin.

«Nous partageons cette forte conviction que la culture ne peut se réduire à une marchandise comme les autres, qu'elle justifie un soutien clairvoyant et tenace des pouvoirs publics si l'on ne veut pas du règne sans partage des produits standardisés et de la loi du plus fort», a affirmé le femme politique dans un discours qui abordait également le thème de l'économie sociale et la question, très actuelle au Québec, des «accommodements raisonnables».

«Pour certaines élites promptes à épouser les conformismes dominants, la Francophonie serait dépassée, hors de la modernité. Quel contre-sens! Je crois, moi, à la modernité de cet espace "affinitaire" dessiné par le partage d'une langue et la volonté de la défendre, de la promouvoir dans le concert du monde», a-t-elle affirmé.

Mme Royal a rappelé que c'est dans la région qu'elle préside depuis 2004, le Poitou-Charentes, qu'est né Samuel de Champlain, le fondateur de la ville de Québec. «Le 400e anniversaire de la fondation de Québec et le Sommet de la Francophonie qui l'accompagnera [du 17 au 19 octobre 2008] seront l'occasion de conjuguer nos efforts pour donner à la Francophonie un souffle nouveau, à la hauteur des enjeux du siècle où nous entrons, a-t-elle prédit, souhaitant à cette occasion des actions concrètes telles que la création d'une université francophone dotée d'antennes dans les grandes capitales et l'élaboration d'un «contrat commun» pour la protection de l'environnement.

«Côte à côte, nous avons oeuvré à la reconnaissance de la diversité culturelle pour donner à la mondialisation un autre sens que le profit», a-t-elle ajouté, appelant à «poursuivre» cette lutte tout en évitant les «replis identitaires».

Mme Royal a fait un lien entre cette diversité et la question environnementale, un thème qu'elle s'apprêtait à aborder hier après-midi avec des représentants de groupes écologistes québécois. «La monoculture appauvrit la pensée comme elle appauvrit les sols», a-t-elle dit.

Mme Royal a fait remarquer que 6000 langues avaient disparu au cours du XXe siècle. Une étude américaine vient d'ailleurs de souligner qu'une langue tombe encore dans l'oubli tous les 15 jours dans le monde.

Sur le réchauffement climatique, elle a prudemment constaté que «le Canada et la France n'ont pas fait le même choix par rapport au protocole de Kyoto».

Mme Royal a d'autre part plaidé en faveur de l'«économie sociale», un domaine dans lequel elle dit être venue tisser de nouveaux liens entre sa région et le Québec.

En réponse à une question posée par un auditeur, l'ancienne ministre socialiste s'est par ailleurs déclarée attachée à la défense du «dialogue social» et d'acquis tels que les contrats de travail et le salaire minimum.

Abordant brièvement les «accommodements raisonnables», Ségolène Royal a noté ceci: «L'expérience québécoise est particulièrement intéressante car elle est à la fois une réussite, pour être reconnue dans un environnement majoritairement anglophone, et une volonté de reconnaître toutes les composantes actuelles du Québec sans heurter le besoin d'unité et de respect des valeurs fondatrices comme l'égalité, la liberté et la fraternité.»

L'ancienne aspirante à la présidence française a soigneusement évité depuis le début de son voyage de se mêler du débat sur la souveraineté du Québec. En janvier dernier, une déclaration favorable à cette thèse avait créé des remous au Canada et en France.

«J'ai trouvé que son discours sur la Francophonie était un discours très moderne. Nous devons défendre le dossier de la diversité linguistique», a commenté Louise Beaudoin, ancienne ministre du Parti québécois, après avoir écouté la conférence de Mme Royal.

Cette dernière, qui est accompagnée d'une délégation de responsables de la région du Poitou-Charentes, est venue au Québec surtout dans le but de discuter des préparatifs du 400e anniversaire de la fondation de Québec. Elle a tout de même affirmé être aussi venue chercher des idées susceptibles d'alimenter les discussions sur le renouvellement de la gauche en France. «Je vais vous faire une confidence: c'est en ouvrant toutes grandes ses portes et ses fenêtres sur l'expérience des autres que la gauche française renouera avec son temps», a-t-elle déclaré.

La dernière journée de Ségolène Royal en terre québécoise sera marqué aujourd'hui par des rencontres avec des syndicalistes et par un rassemblement de partisans à l'Union française.

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