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27 décembre 2007

BENAZIR BHUTTO, Le 27.12.07

Benazir Bhutto a été assassinée le 27 décembre à Rawalpindi, peu après avoir prononcé un discours en vue des élections législatives de janvier 2008. L'ancien Premier ministre avait échappé à un attentat le 18 octobre dernier. Le quotidien Dawn expliquait alors la situation difficile dans laquelle elle se trouvait.

La semaine dernière, les dieux devaient avoir décrété que jeudi serait jour de fête et vendredi jour de deuil. La scène politique pakistanaise est tout aussi versatile. Les noms de ceux qui sont morts dans le carnage perpétré quelques heures après le retour de Benazir Bhutto [Premier ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1997, leader du Parti du peuple pakistanais (PPP)] ne seront jamais connus. Parmi eux figurent les plus malchanceux des cinquante gardes chargés de la protéger et les malheureux qui dansaient de joie dans le convoi. Ils étaient venus à Karachi de tous les coins du pays. Un étrange mélange d'espoir et de dévotion pour le "phénomène Bhutto" brillait dans leurs yeux au moment où ils ont été tués. Leur dépouille sera renvoyée chez eux, loin, parfois très loin. Les moins chanceux seront inhumés à l'endroit même où ils sont tombés. Le reste n'est que verbiage politique.

Il faut combattre les "vieux démons"

Quelles seront les conséquences de cet attentat sur l'avenir politique de Benazir Bhutto ? Espérons qu'elle saura en retirer autre chose que l'augmentation du nombre de martyrs dans son parti et de celui des votes de sympathie. Sa carrière politique a déjà été assez mouvementée, elle n'a pas besoin de davantage de tragédies et de menaces [son père, Zulfikar Ali Bhutto, président de 1971 à 1973 et Premier ministre de 1973 à 1977, a été exécuté par la junte militaire au pouvoir en 1979, et son frère Mir Murtaza a été assassiné en 1996]. Faire porter la responsabilité de ces attentats aux services secrets pakistanais, comme s'est empressé de le faire son mari Asif Zardari, dont on connaît le manque de prudence [il a été emprisonné pour corruption et détournement de fonds], ne profitera pas non plus à son parti. C'est un message d'espoir et non de détresse que la population veut entendre de la part de la chef du PPP. Ainsi, la tâche que doit accomplir Mme Bhutto est pleine d'obstacles et de dangers et présente, au mieux, une grande ambivalence.
Nous avons ici un parti qui affirme bénéficier d'un large soutien national, ce qui en fait la seule formation capable de relever les nombreux défis qui attendent le Pakistan. Mais faire des déclarations telles que : "Ils haïssent notre liberté et la démocratie", est plus facile que de prendre des mesures concrètes pour qu'"ils" ne l'emportent pas. Le rôle de Mme Bhutto est donc complexe, mais c'est elle qui a choisi de l'endosser. D'une part, elle doit affronter les extrémistes envers lesquels elle nourrit un profond dégoût – qui est d'ailleurs réciproque. D'autre part, elle doit combattre ses principaux adversaires politiques, les militaires au pouvoir. Beaucoup d'entre eux sentent leur influence menacée par le retour de l'ancien Premier ministre et ont un faible évident pour les islamistes.

Démanteler le système et restaurer la démocratie

Certaines questions devront être posées et il faudra y répondre. Pour commencer, comment ne pas s'étonner qu'on ait laissé ces mêmes opposants exprimer leur colère contre le retour de Mme Bhutto ? Celui-ci était pourtant soumis à des conditions qui avaient été acceptées par le général-président Pervez Musharraf.
Dans ce contexte, on peut se demander si Musharraf n'était pas le seul à souhaiter voir revenir Benazir Bhutto [grâce à l'ordonnance de réconciliation nationale décrétée par le président, annulant les charges de corruption pesant sur elle]. Les attaques suicides de Karachi doivent rappeler à l'armée que la participation démocratique apporte de l'espoir et de la joie au peuple, tandis que la montée de l'extrémisme et la mauvaise gestion du pays qui caractérisent le système élaboré par les militaires au pouvoir ne sèment que la mort et la destruction.
Il faut que la décision pragmatique de tendre la main à Mme Bhutto ouvre une nouvelle voie vers la démocratie et ne ramène pas le pays en 1999 [quand le général Musharraf a pris le pouvoir par un coup d'Etat sans effusion de sang]. Le régime actuel n'a pas réussi à contrer la montée de l'extrémisme, parce que le pseudo-processus démocratique n'a jamais fait illusion sur la nature autocratique du pouvoir.
En ce qui concerne Benazir Bhutto, elle doit maintenant exploiter au mieux l'accueil triomphal qui lui a été réservé dans tout le pays, ainsi que le mépris total des extrémistes à l'égard de la population. Bien qu'elle attende toujours la décision de la Cour suprême appelée à valider l'ordonnance promulguée par le président, il semble que le jury populaire ait parlé avant les magistrats. Si elle manque cette occasion et s'enferme dans sa résidence de Bilawal House [à Karachi] et dans les studios de télévision, elle ferait aussi bien de prendre le prochain vol pour rentrer à Dubaï. Le chemin vers la démocratie sera certainement semé d'embûches. Mais il n'existe pas de raccourci pour la destination à laquelle il mène.
Le temps est venu de démanteler un système complètement discrédité, dirigé par des hommes à la gâchette facile et qui sont en partie responsables de l'extrémisme et du désespoir qui guettent le Pakistan.
Maintenir l'actuelle équipe au pouvoir est dangereux, tant du point de vue de la politique que de celui de l'économie. Il faut tout de suite mettre un terme aux pertes subies par le peuple à cause de la radicalisation du discours public, ainsi qu'aux dégâts causés dans les caisses de l'Etat par des dirigeants qui se vantent de leurs exploits à la télévision aux heures de grande écoute en utilisant l'argent durement gagné par les contribuables.

Murtaza Razvi
Dawn

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.Violentes manifestations après l'assassinat de Benazir Bhutto

LIBERATION.FR : jeudi 27 décembre 2007

Benazir_bhutto2

L'ex-Premier Ministre est décédée de ses blessures suite à un attentat kamikaze qui a fait une quinzaine de morts. Plusieurs manifestations et scènes de violences ont suivi cet assassinat. Les forces de sécurité ont été placées en «état d’alerte».

A deux semaines des élections législatives, Benazir Bhutto a été tuée jeudi dans un attentat suicide qui a fait une quinzaine de morts après une réunion électorale de son parti d'opposition à Rawalpindi, dans la banlieue d'Islamabad. 

L'ex-Premier ministre a reçu une balle dans le cou tirée par le kamikaze avant l'attentat-suicide qui l'a visée. Elle a succombé à ses blessures à l'hôpital, mais les enquêteurs n'ont pu encore savoir si elle est morte de sa blessure au cou ou des suites de l'explosion. La police précise que le kamikaze a tiré plusieurs coups de feu en direction de Bhutto au moment où celle-ci quittait la réunion organisée dans un parc public. L'homme s'est ensuite fait exploser.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Javed Cheema confirmait plus tôt qu' «il s'agissait d'un attentat suicide, un kamikaze a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui alors que les gens quittaient le meeting», en précisant que le nombre de victimes était encore incertain.

Ce drame est le dernier d'une série record d'attentats suicide dans l'histoire du Pakistan, qui ont fait plus de 170 morts en 2007. Le plus meurtrier, pour l'heure, avait déjà visé une manifestation du parti de Benazir Bhutto: le 18 octobre, deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient, à Karachi, la grande ville du sud, son retour de six années d'exil. L'ex-Premier ministre avait échappé aux kamikazes parce qu'elle se trouvait à l'intérieur d'un camion blindé en tête du défilé.

Les forces de sécurité en état d’alerte 

Après l’assassinat de Bhutto, les forces paramilitaires ont été placées en «alerte rouge», des partisans de l’ex-Premier ministre descendant dans les rues pour exprimer leur colère. Plusieurs scènes de violences ont été observées à travers le pays, entraînant la mort de 4 personnes, selon un bilan provisoire de la police, jeudi soir. C’est dans la province natale de Benazir Bhutto, le Sindh, où une vingtaine de véhicules ont été détruits par le feu, et à Karachi, la capitale de la province, que l’effervescence était la plus forte. La situation se dégradait d’ailleurs à Karachi, où des milliers d’habitants sont descendus manifester dans les rues. Trois banques, un local administratif et un bureau de poste y ont été incendiés. Des pneus ont été enflammés dans beaucoup de rues de la capitale, où ont été signalés des coups de feu et des affrontements à coups de pierres. La plupart des commerces et des marchés de la ville ont fermé.

Des manifestations limitées ont aussi eu lieu à Rawalpindi et à Islamabad, la capitale pakistanaise, située à proximité. Dans le Nord montagneux, des manifestants ont barré des rues avec des pneus enflammés et scandé des slogans contre le président Pervez Musharraf à Muzaffarabad, capitale du Cachemire pakistanais. La police a reçu pour instruction de bloquer la route principale reliant les provinces du Pendjab et du Sindh, apparemment pour empêcher des manifestants de se déplacer. A Lahore, dans l’est du pays, des militants du parti de Bhutto ont incendié trois autobus et endommagé plusieurs autres véhicules.

Le chef de l'Etat, qui a qualifié l'assassinat de Bhutto «d'immense tragédie nationale», a décrété un deuil de trois jours dans le pays, a indiqué Pakistan Television (PTV)..

BENAZIR BHUTTO, l'armée, et les islamistes.

Dans le COURRIER INTERNATIONAL

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