Le rapport Attali : manque de réalisme et incohérences?
Le rapport Attali partage les économistes
Jean-Paul Fitoussi et Jean-Luc Gréau analysent les changements préconisés par le rapport Attali.
Extraits:
« Trois cents décisions pour changer la France ». En toute modestie, c'est ce que propose Jacques Attali. L'ancien conseiller de François Mitterrand affiche son ambition: sauver notre pays , tout en servant notre Président. Reste à s'interroger sur la compatibilité entre le rapport, qui rassemble des mesures solidaires entre elles, et le programme présidentiel. Le rapport, présenté comme un « mode d'emploi pour des réformes urgentes et fondatrices », est le résultat des travaux d'une commission de 44 membres pour la « libération de la croissance française ». Partagés quant à la nécessité de certaines décisions, deux spécialistes interrogés s'accordent en tout cas sur le manque de réalisme, dans la pratique, de réformes aussi importantes.
« Il y a à boire et à manger dans ce rapport »
Jean-Luc Gréau, économiste et ancien expert auprès du Medef, commente sévèrement l'entreprise de Jacques Attali : «
Le projet n'est ni réaliste ni applicable.
(......)
Pour finir, quand il prétend vouloir diminuer les dépenses publiques,
je voudrai lui demander : lesquelles, et comment ? La Défense et
l'Education ont besoin de ces dépenses. C'est trop facile de donner des
leçons ». (...)
« La priorité, c'est réformer »
Jean-Paul Fitoussi, économiste et professeur à Sciences-Po, se montre plus positif. « J'ai
l'impression que le rapport va dans le bon sens.
(......)
Cela
dit, c'est probablement plus facile à dire qu'à faire. Un point surtout
fait débat : la diminution des dépenses publiques, qui ne peut
accompagner tant de réformes. Réformes qui ne peuvent se faire à
périmètre constant.
Lire l'article...
Immigration : Les députés UMP, plutôt Attali ou Hortefeux ?
Loi Hortefeux... Proposition Attali... Quelques députés de la majorité ont eu à choisir. Florilège.
Le rapport de la commission présidée par Jacques Attali, commandé par Nicolas Sarkozy, préconise de relancer l'immigration. Le ministre en charge du dossier, Brice Hortefeux, s'échine lui à la limiter. Partisans de l'ouverture ou solidaires de leur majorité, dans les couloirs de l'Assemblée, les députés UMP sont partagés, certains même agacés. (...)
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«Le rapport Attali est plus un problème pour la droite que pour la gauche»
Après Nicolas Sarkozy, Jacques Attali a remis mercredi son
rapport sur la «libération de la croissance» à sa «famille d'origine»,
le parti socialiste. Michel Sapin, secrétaire national du PS à
l'Economie, réagit sur www.20minutes.fr:
Jacques Attali vient de vous présenter son rapport pour la relance de la croissance. Que pensez-vous
des propositions qu'il formule?
L'attitude de Ségolène Royal, qui a dit que le «rapport Attali a le mérite
d'être là», est légitime. Quand quelqu'un travaille à la réforme du pays, il
faut le respecter. Une réforme est en effet nécessaire, mais elle doit être
juste. J'ai vu toute une série de propositions qui sont les bienvenues:
l'instauration d'une «société de la connaissance», l'augmentation de la
qualification des hommes et des femmes, la sécurisation des parcours
professionnels… Toutes ces mesures rejoignent celles proposées par Ségolène
Royal lors de la présidentielle.
Le problème du rapport réside davantage dans ce qui ne s'y trouve pas. Il ne
dit pas que le paquet fiscal de Nicolas Sarkozy de 15 milliards d'euros est une
dépense inutile pour la croissance. Peut-être Jacques Attali le pensait-il, mais
il ne l'a pas écrit. L'autre grand sujet absent est le pouvoir d'achat des
Français. La hausse proposée de la TVA et de la CSG est malvenue dans le
contexte actuel, où les Français voient leur pouvoir d'achat diminuer.
N'avez-vous pas l'impression, comme certains, que ce rapport est d'inspiration
libérale?
S'il s'agit de mettre fin à certains avantages dans la grande distribution,
pourquoi pas? Les marges arrières que Jacques Attali veut voir supprimer ne
sont en effet ni bonnes pour la croissance ni pour le pouvoir d'achat. Je ne
crois pas que les propositions soient toutes libérales, notamment celles sur
l'investissement dans le domaine universitaire.
Vous semblez accorder un certain satisfecit au rapport. N'y a-t-il pas des
propositions auxquelles vous vous opposez?
Je ne crois pas que la question de l'assouplissement de la profession de taxis
soit bien nécessaire. Ce n'est pas ça qui va relancer la croissance et polarise
le débat là où il ne faut pas. Quant à la proposition de la suppression des
départements, elle est inutilement provocatrice. Mais il faut reconnaître qu'il
existe une juxtaposition des structures administratives et qu'il faudra à l'avenir
clarifier les compétences de chacune.
Que va faire le PS de ce rapport? Va-t-il s'en inspirer pour faire siennes
certaines idées?
Ce rapport, remis au président de la République, est plus un problème pour la
droite que pour la gauche. Il va mettre mal à l'aise la droite, qui va être
mise face à ces contradictions et face à sa clientèle, composée de professions
visées par le rapport.
Jacques
Demarthon AFP ¦ Jacques Attali, le 23 janvier 2008 à Paris
Propos recueillis par Alexandre Sulzer
20Minutes.fr, éditions du 23/01/2008 - 21h15
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