Un leader au PS?... Plus tard... plus tard... plus tard... disent les mal nommés "reconstructeurs"
LE MONDE | 22.01.08 | 14h03 • Mis à
jour le 22.01.08
Pendant la campagne des élections municipales et des
cantonales, les travaux de rénovation du PS engagés par le rassemblement dit
des "reconstructeurs" continuent. Malgré la prise de distance
de Benoît Hamon, l'une des figures de la gauche du PS, ce regroupement de
strauss-kahniens, fabiusiens, de partisans d'Arnaud Montebourg, de Martine
Aubry et de représentants du Nouveau Parti socialiste (NPS), veut être prêt dès
la mi-mars pour lancer la bataille du congrès, qui aura lieu avant la fin de
l'année.
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L'objectif n'est pas tant de devenir majoritaire que de faire en sorte que
ni Ségolène Royal ni Bertrand Delanoë ne deviennent premier secrétaire du PS.
Instiller dès à présent "le poison de la présidentielle"
serait "mortifère", assurent les "reconstructeurs".
Pour eux, le prochain congrès doit être consacré "à l'orientation, à la
rénovation des idées et des pratiques et non à la désignation d'un ou d'une
présidentiable".
La démarche engagée par des dirigeants qui, dans le passé, se sont le plus
souvent ignorés, voire combattus, n'est pas exempte d'arrière-pensées. Le
succès de Ségolène Royal ou de Bertrand Delanoë compromettrait les ambitions de
Laurent Fabius, qui a pris du recul pour tenter, une nouvelle fois, de
rebondir. Il rendrait tout aussi problématique le retour de Dominique
Strauss-Kahn dont l'arrivée surprise, dimanche, lors de la réunion de famille
socialiste de la Mutualité, a confirmé qu'il n'a renoncé à rien.
Soucieux de ne pas apparaître comme un "cartel des anti"
exclusivement défensif, les nouveaux associés tentent de rapprocher leurs
analyses. "A nouvelle époque, nouvelle donne : en créant un espace de
confrontation positive, nous prenons un train d'avance dans le débat",
assure Jean-Christophe Cambadélis, député strauss-kahnien de Paris.
(…)
"Il n'y a rien qui bloque, nous sommes capables de dépasser
certaines de nos différences", se félicite Claude Bartolone, député de
Seine-Saint-Denis et bras droit de Laurent Fabius qui, pourtant, admet que le
dépôt d'une motion commune au congrès n'est pas encore en vue.
Ce travail de mise à plat n'a pas convaincu Benoît Hamon. "Il est
indispensable de disposer d'un lieu de confrontation au sein du parti, mais ces
textes ratissent trop large pour dégager des orientations nettes, avec de
vraies arêtes", regrette le député européen. Pressenti par les
fabiusiens pour être le candidat des "reconstructeurs" au
poste de premier secrétaire, M. Hamon préfère décliner la proposition. "Je
n'en ai pas envie. Inutile d'ajouter une candidature à une liste déjà
longue", indique-t-il, en suggérant que Pierre Moscovici, "même
si ce n'est pas (son) premier choix, assume cette tâche".
Pour ceux qui le critiquent - et le redoutent- le rapprochement engagé par
trois sensibilités qui sont aussi les courants les plus structurés au sein du
PS est voué à l'échec, faute de cohésion. M. Cambadélis, lui, n'est pas
découragé. " En 1971, objecte-t-il, la majorité du congrès
d'Epinay, composée de François Mitterrand, Pierre Mauroy, Gaston Defferre et
Jean-Pierre Chevènement, était hétéroclite. On connaît la suite."
Jean-Michel Normand
Article paru dans l'édition du 23.01.08.