Le parachutage doré du frère de DSK à Washington
L'affaire provoque des remous au sein de la Banque de France et dans les couloirs de Bercy. Marc-Olivier Strauss-Kahn a obtenu un titre sur-mesure et l'assurance d'un poste en or dans une organisation internationale. L'intéressé s'explique.
LE GROS LOT ! 250 000 $ (160 000 €) d'émoluments annuels, environ 150 000 € d'indemnité d'expatriation, une confortable enveloppe de frais de représentation, le tout entièrement défiscalisé. Un futur poste d'administrateur à la Banque interaméricaine de développement (BID), une discrète organisation internationale basée à Washington, et un titre de « représentant de la Banque de France en Amérique ». Et ce, en toute légalité.
C'est, selon nos informations, « le mercato en or » décroché par Marc-Olivier Strauss-Kahn, le numéro quatre de la Banque de France (BDF), pour rejoindre Isabelle, son épouse, partie en mai 2007 à Washington à la Banque mondiale. L'affaire fait scandale dans les couloirs de la Banque de France et de Bercy, où le dossier est classé top secret.
Une opération opaque
« Cet arrangement a été négocié en direct
entre l'état-major de la BDF, le cabinet de Lagarde, la direction du Trésor, sous l'oeil bienveillant
de l'Elysée », explique une source proche du dossier, choquée « par l'extravagance et l'opacité
de cette opération ».
Frère cadet du socialiste Dominique Strauss-Kahn, envolé fin septembre à Washington pour piloter le Fonds monétaire international (FMI) sur proposition de Nicolas Sarkozy, Marc-Olivier, 53 ans, dit Mosk, a fait toute sa carrière à la Banque de France. Depuis six ans, il en était le directeur général des études et des relations internationales. Un poste important, « l'équivalent du Quai d'Orsay de la Banque », explique un économiste. Pourtant, Marc-Olivier, haut fonctionnaire réputé pour son habileté à défendre ses intérêts et sa carrière, n'y brille guère. « Très perso, ondoyant, il a fini par agacer tout le monde. Quand il a demandé à rejoindre son épouse, cela a été un soulagement au siège de la BDF », raconte un connaisseur du dossier.
Cap sur Washington
Restait à trouver un point de
chute à l'impatient candidat au départ. Gros hic : la Banque de France n'a pas de poste disponible
aux Etats-Unis. Un émissaire officie déjà à New York, à proximité de Wall Street. Logique. Qu'à
cela ne tienne, la BDF décide de créer un poste sur-mesure, avec le feu vert du cabinet de Christine
Lagarde et de la direction du Trésor. Mosk sera représentant aux côtés du fonctionnaire « junior
» de New York. Seulement voilà, il veut son bureau à Washington. Il a repéré qu'un siège d'administrateur
se libérerait à l'automne 2008 à la Banque interaméricaine de développement. Une institution
internationale où la France fait de la figuration. Mais autre hic : un candidat a été adoubé
de longue date par Bercy, sachant que c'est Christine Lagarde, en tant que l'un des 47 gouverneurs
de cette banque, qui décide.
A l'étage des sous-gouverneurs de la BDF, on redouble alors d'effort ; on fait jouer contacts, réseaux, à Bercy, au Trésor. Finalement, le candidat désigné pour la BID est évincé. Priorité à Mosk. « La consigne est tombée sur ordre de Bercy avec l'appui de l'Elysée : on ne refuse rien à un Strauss-Kahn », explique une source du dossier.(...)