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4 mai 2009

Le club des cinq de l’opposition

Points forts et points faibles des principaux adversaires du Président.

ANTOINE GUIRAL, NATHALIE RAULIN  et DAVID REVAULT D’ALLONNES


    Dominique Strauss-Kahn.  Le directeur du FMI en embuscade

    Difficile de classer, en mai 2009, le directeur général du FMI dans le camp des opposants à Nicolas Sarkozy. D’abord, parce qu’il doit en partie son poste à Washington à ce dernier. Ensuite, parce qu’il n’a publiquement pas dit un mot de politique française depuis près de deux ans. «Mais il reste dans le quarté de tête des opposants, dans l’opinion, et ce sans faire la moindre déclaration», rappelle un de ses proches, qui résume : «Strauss est dans le possible, pas dans l’effectif.»

    Ses points forts. Loin des yeux, DSK ne serait selon ses partisans pas forcément loin du cœur des électeurs. «Le meilleur candidat à la présidentielle n’est pas forcément le meilleur opposant à Sarko, car 2012 ne sera pas un référendum pour ou contre Sarko, résume Laurent Baumel, proche de DSK. La question sera celle de la crédibilité de notre offre politique.» Notamment sur la question économique et le rapport à la mondialisation. De ce point de vue, DSK n’est pas le plus mal placé.

    Ses points faibles. Reste un écueil d’importance : la faisabilité de son retour, que ses proches entendent construire comme un recours. Ce qui implique que le patron du FMI ait réussi sa mission à Washington et soit parvenu à valoriser son bilan. Que la situation socialiste soit tellement apocalyptique qu’elle nécessite le surgissement d’un homme providentiel. Et que l’élection elle-même se joue plutôt au centre qu’à gauche toute. Ce qui fait de l’hypothèse de ce come-back politique une équation à multiples inconnues.

    Ségolène Royal . L’opposante perpétuelle aux premières loges

    Coup sur coup. Au PS, Ségolène Royal est, de très loin, celle qui porte les plus virulentes attaques contre le Président. A tout propos. A tout moment. Dernières en date, ses «excuses» en série pour des propos tenus par Nicolas Sarkozy, du discours de Dakar (Sénégal) aux commentaires présidentiels sur Zapatero. «Sa posture est transparente : elle se pose en contre-présidente», estime un député PS. Ségolène Royal n’en finit plus de rejouer le match de 2007. Ceci afin d’apparaître comme la seule en mesure d’emporter le prochain, celui de 2012.

    Ses points forts. Face à la relative discrétion de la première secrétaire, Royal pointe régulièrement, dans les enquêtes d’opinion, aux premières loges des opposants les plus efficaces. «C’est la seule qui a réussi à prendre le virage de la grande médiatisation de la politique, estime Christine Frey, responsable de Désirs d’avenir. Aujourd’hui, il est plus important de s’adresser aux Français qu’à un parti.»

    Ses points faibles. C’est le revers de la stratégie de l’opinion. Depuis sa défaite au congrès de Reims, et l’éloignement de nombre de ses alliés d’alors, ses soutiens dans l’appareil se font de plus en plus rares. Difficile d’y mesurer aujourd’hui sa véritable influence. «Ségolène Royal n’est plus parlementaire, n’est pas à la direction du parti et a perdu son potentiel militant depuis Reims, estime un proche d’Aubry. Elle a donc besoin de faire parler d’elle.» Reste à savoir si la ressource, d’ici trois ans, ne sera pas épuisée.


    Martine Aubry. Une première secrétaire des plus discrètes

    A la guerre de mouvement, Martine Aubry préfère la méthodique reconstruction des positions socialistes. «Martine essaie de rétablir une dynamique collective, de recoller les morceaux du PS, explique son directeur de cabinet, Jean-Marc Germain. Ce n’est pas spectaculaire, mais on sent des choses qui s’emboîtent.»

    Ses points forts. La première secrétaire, dont la cote dans l’opinion a progressé, peut déjà inscrire quelques actifs à son bilan. Elle a intégré les amis de Royal dans sa direction, réussi à conjuguer au passé les divisions socialistes sur l’Europe. Et réussi à accréditer l’idée d’un parti remis au travail. Jean-Christophe Cambadélis résume : «Elle est perçue comme quelqu’un de sérieux, qui bosse et qui ne se précipite pas partout à la moindre occasion.»

    Ses points faibles. A l’heure du coup d’éclat permanent, façon Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, la méthode manque de visibilité. L’intéressée la défend néanmoins : «Je vais pas vous appeler tous les jours pour vous dire si j’ai de la température. J’ai une responsabilité, faire un projet. Je travaille en silence.» Un peu trop, aux yeux de plusieurs camarades. «Il faut qu’elle rentre en campagne ! Martine doit faire le tour des usines», s’impatiente un représentant de l’aile gauche. Quant à son rapport de force avec Nicolas Sarkozy, la première secrétaire assume sa discrétion : «Je n’ai pas besoin de ça pour exister. Incarner l’opposition ne veut pas dire être là à tous les coups, répondre à Sarkozy sur tout.»

    François Bayrou . Un concurrent de plus en plus crédible

    Son dernier acte de résistance a fait mouche. Abus de pouvoir, titre du dernier livre du leader du Modem, s’impose comme l’une des charges les plus virulentes contre l’omniprésidence de Nicolas Sarkozy, rebaptisé «régime d’egocratie». A 57 ans, le centriste qui réhabilite «l’humanisme radical» et «plante le pilotis de la résistance nécessaire» est désormais perçu par l’opinion comme l’opposant le plus crédible au chef de l’Etat et le pivot de toute stratégie pour le battre.

    Ses points forts. Joueur d’échecs émérite, François Bayrou est un maître en stratégie politique. Il sait sentir le ressac de l’opinion, placer ses coups, anticiper les faiblesses de ses adversaires, miser sur les divisions de ceux dont il voudrait faire ses alliés. Le tout sans vraiment trahir la pensée centriste. C’est ainsi que celui qui était crédité d’un petit 3 % au début la campagne présidentielle de 2007 a su convaincre plus de 17 % des électeurs en affranchissant ce qui était encore l’UDF de son statut de supplétif de la droite gaulliste. Ce repositionnement fondé sur une «union des hommes et femmes de bonne volonté» moquée des commentateurs d’alors, replaçait son parti au cœur de l’échiquier politique. Plus à gauche donc.

    Ses points faibles. Visionnaire, François Bayrou l’est d’abord pour lui-même. Sa conviction d’avoir un «destin» lui fait souvent négliger l’entourage. S’il attire les électeurs réfractaires à Nicolas Sarkozy et dépités par les querelles intestines des socialistes, son jeune parti, le Modem, manque de relais efficaces sur le terrain, d’élus et de têtes pensantes. Affolés par le coup de volant à gauche qui menaçait leur propre réélection, la quasi-totalité des députés UDF l’ont abandonné, fondant pour leur propre compte et à la demande de Nicolas Sarkozy, un très docile Nouveau Centre. Solitaire par goût, le Béarnais n’en a cure, qui conçoit la présidentielle comme la rencontre d’un homme et d’un peuple. Mais, face aux machines de guerre que sont le PS et l’UMP, l’intendance a malgré tout son importance.


    Dominique de Villepin.Le rival déclaré mais peu entouré

    Existe-t-il un espace à droite pour incarner une alternative à Nicolas Sarkozy ? Dominique de Villepin est décidé à le démontrer. Lui qui ne croit, en politique, qu’aux circonstances pour accéder pouvoir (et non à la construction méthodique d’une «carrière») est convaincu que l’actuel chef de l’Etat lui ouvre un boulevard. Selon lui, le style et les choix politiques de Nicolas Sarkozy (retour de la France au sein de l’Otan, gestion rigide de la crise économique, creusement des inégalités…) préfigurent sa chute. Et si l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac peut contribuer à l’accélérer en faisant entendre sa différence… Depuis plusieurs semaines, il est donc sur tous les fronts médiatiques pour se poser tout à la fois en pourfendeur du sarkozysme et en prédicateur d’une France à l’humeur «révolutionnaire». Pour lui, l’après-Sarkozy se prépare dès maintenant en posant des jalons pour tenter, ensuite, de coaliser autour de lui tous ceux que le président de la République indispose.

    Ses points forts. Depuis son fameux discours à l’ONU pour réfuter la guerre américaine en Irak, Dominique de Villepin est une voix écoutée. Ce fait d’armes apprécié des Français lui a conféré un côté visionnaire dont il sait parfaitement jouer dans sa critique du sarkozysme. Avec son physique et ses accents chiraco-gaullistes, il incarne dans l’opinion une France du panache, des valeurs et des principes.

    Ses points faibles. Ils sont si nombreux qu’il n’y a que lui et sa théorie des circonstances pour les croire surmontables. Passons sur le fait qu’il n’a jamais été élu et n’a jamais brigué le moindre mandat électoral. Sans parti derrière lui, Dominique de Villepin ne peut compter que sur une petite dizaine de parlementaires pour relayer sa parole. Des chiraquiens, comme François Baroin sont proches, mais ne croient pas en lui. D’autres, comme Alain Juppé, le snobent. Et les jeunes ambitieux de l’UMP, comme Jean-François Copé ou Xavier Bertrand, roulent pour eux-mêmes. Partie sur les chapeaux de roue, l’expérience Villepin à Matignon s’est fracassée sur le CPE avec ses centaines de milliers de jeunes dans la rue. Quant à l’affaire Clearstream, il en est au cœur et doit comparaître en correctionnel en septembre. Du jugement qui sera rendu dépendra son avenir politique.

    Source: Libération

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