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4 août 2009

Seule une bonne récession nous sauverait

Dans COURRIER INTERNATIONAL du 6 janvier 08

Dans les pays riches, la croissance est un sédatif politique qui étouffe toute contestation, explique le chroniqueur écolo George Monbiot.

03.01.2008 | George Monbiot

The Guardian (extraits)
Londres
Si vous êtes sensible, je vous conseille de tourner la page. Je m’apprête à briser le dernier tabou universel ; j’espère que la récession prédite par certains économistes se matérialisera. Je reconnais que la récession est quelque chose de douloureux. Comme tout le monde, je suis conscient qu’elle ferait perdre à certains leurs emplois et leurs logements. Je ne nie pas ces conséquences ni les souffrances qu’elles infligent, mais je rétorquerai qu’elles sont le produit parfaitement évitable d’une économie conçue pour maximiser la croissance, et non le bien-être. Ce dont j’aimerais vous faire prendre conscience est bien moins souvent évoqué : c’est que, au-delà d’un certain point, la souffrance est également le fruit de la croissance économique.
Le changement climatique ne provoque pas seulement un déclin du bien-être : passé une certaine limite, il le fait disparaître. En d’autres termes, il menace la vie de centaines de millions de personnes. Quels que soient leurs efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, les gouvernements se heurtent à la croissance économique. Si la consommation d’énergie s’accroît moins vite à mesure qu’une économie arrive à maturité, aucun pays n’a encore réussi à la réduire tout en augmentant son produit intérieur brut. Au Royaume-Uni, les émissions de dioxyde de carbone sont plus élevées qu’en 1997, en raison notamment des soixante tri­mestres de croissance consécutifs dont ne cesse de se vanter [le Premier ministre] Gordon Brown. Une récession dans les pays riches représenterait sans doute le seul espoir de gagner du temps afin d’empêcher le changement climatique de devenir incontrôlable.
L’énorme amélioration du bien-être des humains dans tous les domaines – logement, nutrition, hygiène, médecine – depuis deux cents ans a été rendue possible par la croissance économique, ainsi que par l’éducation, la consommation, l’innovation et le pouvoir politique qu’elle a permis. Mais jusqu’où doit-elle aller ? Autrement dit, à quel moment les gouvernements décident-ils que les coûts marginaux de la croissance dépassent les bénéfices marginaux ? La plupart n’ont pas de réponse à cette question. La croissance doit se poursuivre, pour le meilleur et pour le pire. Il me semble que, dans les pays riches, nous avons d’ores et déjà atteint le point où il faut logiquement s’arrêter.
Je vis actuellement dans l’un des endroits les plus pauvres du Royaume-Uni. Ici, les adolescents dépensent beaucoup d’argent chez le coiffeur, ils s’habillent à la dernière mode et sont équipés d’un téléphone portable. La plupart de ceux qui sont en âge de conduire possèdent une voiture, qu’ils utilisent tout le temps et bousillent en quelques semaines. Leur ­budget essence doit être astronomique. Ils sont libérés de la terrible pauvreté dont ont souffert leurs grands-parents ; nous devrions nous en féliciter et ne jamais l’oublier. Mais, à une exception majeure – le logement, dont le prix est surévalué –, qui osera prétendre qu’il est impossible de satisfaire les besoins fondamentaux de tous dans les pays riches ?
Les gouvernements adorent la croissance parce qu’elle les dispense de s’attaquer aux inégalités. Comme Henry Wallich, un ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine [de 1974 à 1986], l’a un jour fait remarquer en défendant le modèle économique actuel, “la croissance est un substitut à l’égalité des revenus. Tant qu’il y a de la croissance, il y a de l’espoir, et cela rend tolérables les grands écarts de revenus.” La croissance est un sédatif politique qui étouffe la contestation, permet aux gouvernements d’éviter l’affrontement avec les riches, empêche de bâtir une économie juste et durable. La croissance a permis la stratification sociale que même le Daily Mail [quotidien conservateur] déplore aujourd’hui.
Existe-t-il quelque chose que l’on pourrait raisonnablement définir comme relevant du bien-être et que les riches n’ont pas encore ? Il y a trois mois, le Financial Times a publié un article sur la façon dont les grands magasins s’efforcent de satisfaire “le client qui est vraiment arrivé”. Mais son sujet implicite est que personne n’“arrive”, car la destination ne cesse de changer. Le problème, explique un cadre de Chanel, est que le luxe s’est “surdémocratisé”. Les riches doivent donc dépenser de plus en plus pour sortir du lot : aux Etats-Unis, le marché des biens et services destinés à les y aider pèse près de 1 000 milliards d’euros par an. Si vous voulez être certain que l’on ne peut vous confondre avec un être inférieur, vous pouvez désormais acheter des casseroles en or et diamants chez Harrod’s.
Sans aucune ironie délibérée, l’article était accompagné de la photo d’un cercueil. Il s’agit d’une réplique de celui de lord Nelson, fabriquée avec du bois provenant du bateau sur lequel il est mort, que l’on peut s’offrir pour un prix faramineux dans la nouvelle section du grand magasin Selfridges dédiée à l’hyperluxe. Sacrifier sa santé et son bonheur pour pouvoir se payer cette horreur témoigne certainement d’un trouble mental grave.
N’est-il pas temps de reconnaître que nous avons touché la Terre promise et que nous devrions chercher à y rester ? Pourquoi voudrions-nous la quitter pour explorer un désert souillé par une frénésie de consommation suivie d’un effondrement écologique ? Pour les gouvernements du monde riche, la politique raisonnable à mener désormais n’est-elle pas de maintenir des taux de croissance aussi proches de zéro que possible ? Mais, parce que le discours politique est contrôlé par des gens pour qui l’accumulation d’argent est la principale finalité, une telle politique semble impossible. Aussi désagréable qu’elle soit, il est difficile d’imaginer ce qui, à part une récession accidentelle, pourrait empêcher la croissance économique de nous expulser du pays de Canaan pour nous expédier dans le désert.

 

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Commentaires
J
votre commentaire est tres interessant,le monde termine le versant de l'hemisphère ouest-occidental-chaud-humide des 6 politiques de 30° des 180° 1914-cancer-2008-sagittaire pour annoncer et repondre oui la "recession aura lieu" point il n'y aura pas de sinon. je croix que depuis le debut du 20eme siecle ou la planete-pluton gèrant et règnant sur l'humain se trouvait dans le fond du ciel-minuit-cancer afin de parcourir les pires signes de violence et de cruautés comme le passage dans le signe du cancer 1914,ou le passage dans le dominant signe du lion de 1938 pour terminer ce 20eme siecle de follie en delire 1995-2008 du sagittair-jupitair avec une frénétique consommation à outrance de mondialisation et de religion pour ouvrir le 21eme siecle avec des remises à l'heure,au point,à plat,en question,en cause dans le signe saturnien du dépouillement ou de l'épreuve de job(madoff) de la politique du travailler plus, consommer plus,polluer plus du 20eme-ouest-occidental-usa apres avoir trop ingurgité par gourmandise à en tomber malade crack-2008 jusqu'à maigrir à en mourir de cette politique de fin d'automne pour pénétrer dans l'hiver sévère. je pense que les gouvernements devraient en plus de la "politique économique climatique réchauffé" s'inquieter et se préparer à prendre aussi des dispositions au niveau des souffrances qui risque de s'accentuer sur les années avec le passage 2011/2025 de "neptune dans le poisson" également des conflits en rapport avec l'energie sur les mers. neptune-pluton tres beau duo en perspective dans ce cycle austère qui va faire rentrer tout le monde au pays(protectionnisme) et au chaud. le cycle du donneur de leçons sur la planete se termine pour s'occuper de sa famille-patrie-peuple.pour revenir au sujet de la feuille de route-destin de l'humain sur la politique du debut du 21eme siecle va se passer sur l'hemisphère est-oriental-chine-inde-russie-musulman dans l'actualité de ce siecle risque d'etre moins egoiste et matérialiste et beaucoup plus solidaire et altruiste.le vrai changement va se passer au niveau de la politique economique et non au niveau climatique dont vous faites trop allusion en apportant des menaces de peur à tous les peuples qui ne sont pas fondés sur les années à venir dans votre "rechauffement climatique" qui se termine aussi pour passer par un "refroidissement climatique" la vapeur est entrain de s'inverser!!! esperont que le 21eme siecle soit beaucoup plus equitable,authentique et surtout plus juste que le 20eme occidental.à suivre differement.....
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