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21 août 2009

Manuel, Vincent, Arnaud et les autres dans le chaudron socialiste

Anathèmes, cris, pleurs et chuchotements tissent le quotidien d'un Parti socialiste (PS) en pleine crise existentielle. Depuis la débâcle au scrutin européen du 7 juin, l'échec de la proposition, mort-née, de "maison commune " de la gauche et le virulent duel entre Martine Aubry et Manuel Valls, le PS ressemble à un chaudron où, à défaut de débats, l'ébullition est permanente. A quelques encablures de la rituelle université d'été du PS à La Rochelle, du 28 au 30 août, revue de détail de onze acteurs, en scène ou en coulisses, de ce mauvais feuilleton de l'été.

Depuis que Mme Aubry lui a appliqué le principe "Le PS aime-le ou quitte-le !", Manuel Valls, bientôt 47 ans, jubile. Des plateaux de télévision au Financial Times, le maire d'Evry et député de l'Essonne a célébré son succès. Après avoir lancé, le 29 juin, à la fois son club - A gauche, besoin d'optimisme ! (!) -, et sa candidature à l'investiture socialiste pour 2012, M. Valls déploie son énergie à défendre son nouvel horizon pour la gauche, "le foisonnement des chemins vers l'autonomie individuelle". Formé à la même école que son vieil ami Stéphane Fouks, le patron d'Euro RSCG France, M. Valls a l'art de communiquer. Et la maire de Lille l'a doté d'une formidable rampe de lancement. Mais les faits sont têtus. Jugé trop "droitier" au sein du PS, M. Valls reste très marginal, privé de troupes.

Réélu, avec un faible score, député européen, Vincent Peillon, 49 ans, est médiatiquement discret. Si Ségolène Royal avait été élue à la tête du PS, il serait aux manettes, comme premier secrétaire délégué. L'ancienne candidate à l'Elysée le soupçonne de vouloir faire main basse sur son courant, L'Espoir à gauche, même si elle s'en tient à l'écart tout en assurant y être largement majoritaire. M. Peillon organise, les 21 et 22 août à Marseille, un séminaire qui lui a valu les foudres (discrètes) de Mme Aubry. Elle reproche au philosophe féru d'histoire, qui n'a pas renoncé à son rêve d'être un jour premier secrétaire, d'y avoir convié Daniel Cohn-Bendit, le leader d'Europe-Ecologie, qui a bâti son succès du 7 juin sur les décombres du PS, Robert Hue, en congé du Parti communiste, et Marielle de Sarnez, la numéro deux du MoDem. M. Peillon persiste et signe.

Arnaud Montebourg, 46 ans, a retrouvé sa fougue d'électron libre. Secrétaire national à la rénovation, il ne décolère pas d'avoir vu son rapport "pour des primaires ouvertes et populaires", élaboré avec Terra Nova, mis au rancart en attendant le verdict, après les régionales de mars 2010, de Mme Aubry. Privé d'atelier à La Rochelle, le député de Saône-et-Loire organise, le 27 août à Jarnac (Charente), dans la ville où est inhumé François Mitterrand, un séminaire de la rénovation. Pour être suivi sur les primaires, il évoque une pétition devant recueillir l'adhésion de 35 fédérations ou de 15 % des adhérents pour imposer un référendum militant. En attendant, il fustige un PS "qui ressemble à la RDA (République démocratique allemande)" et juge qu'il est "tombé dans le formol".

Bien que battu aux européennes, Benoît Hamon, 42 ans, reste porte-parole du PS et a été associé à l'édification de la "maison commune" de la gauche. Leader de l'aile gauche, affaiblie par le départ du PS des amis de Jean-Luc Mélenchon, et où les jeunes socialistes côtoient la "vieille garde" emmenée par Henri Emmanuelli, il a assisté sans joie à la réconciliation Aubry-Royal. Le 23 août, M. Hamon sera l'invité d'honneur de M. Montebourg à la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire). Un éloignement de Mme Aubry ? Candidat à l'investiture, Pierre Moscovici, 51 ans, qui pilotera la convention sur un nouveau modèle de développement, veut, lui, "changer le contenu" du Parti.

Dominique Strauss-Kahn, 60 ans, se place en tête des sondages - à égalité à 73 % avec Jacques Chirac dans le baromètre de Paris Match -, alors qu'il se garde bien d'entretenir les spéculations sur son retour. Etrangement, le directeur général du Fonds monétaire international, absent du débat français, est en tête des personnalités qui incarnent l'opposition. François Rebsamen, 58 ans, qui rêve d'être le président d'un Sénat de gauche en 2011, se tient à mi-distance entre Mme Royal et François Hollande. Bertrand Delanoë, 59 ans, n'exclut rien et déplore le "gâchis de talents, d'idées". Mais il a confié à son courant "la frustration, l'inquiétude et même une forme de colère" que lui inspire le Parti. François Hollande, 55 ans, semble résigné à l'idée de primaires ouvertes aux seuls sympathisants socialistes, auxquelles il sera candidat, mais il préférerait qu'elles aient lieu avant la fin de 2010.

Solidaire de Mme Aubry, Mme Royal, 55 ans, fustige "un feuilleton quotidien de petites phrases", tandis que son ancien directeur de campagne, Jean-Louis Bianco appelle "les éléphants, les sous-éléphants et les éléphanteaux" à arrêter de "se regarder le nombril". Elle se consacre d'abord à "ses" régionales. Une réélection au premier tour à la tête de Poitou-Charentes lui offrirait un bon tremplin pour 2012. Mme Aubry, 59 ans, "joue (son) rôle de premier secrétaire". Arborant l'appui de Mme Royal et de Laurent Fabius, elle ne dévie pas d'un pouce et travaille à un nouveau "modèle de société". Même si le chaudron n'a pas fini de bouillir.

Source: Le Monde

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