François Rebsamen : rassembler pour gagner en 2012 !
La
victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012 n’a
rien d’inéluctable à condition que nous réussissions l’alliance de
toutes les forces démocratiques. C’est nécessaire et urgent !
Les élections passent, le score de la gauche au premier tour de
l’élection présidentielle demeure bloqué à 36%, quels que soient les
propositions, les projets et les candidats. La constitution d’un socle
majoritaire, puissant et durable pour transformer durablement notre
société, pour répondre aux grands défis de notre pays est indispensable.
Qu’est ce qui est en jeu ?
Permettre à la France de retrouver les voies d’une démocratie apaisée
qui rompe avec les pratiques brutales d’un pouvoir toujours plus
personnel. Ce sont nos libertés qui sont menacées, nos règles
démocratiques les plus essentielles, les politiques de solidarité qui
sont mises à mal.
Cela suppose d’analyser ce qui nous rassemble pour dépasser ce qui nous sépare.
Du PCF au Modem, nos parcours sont différents. Notre attachement à
promouvoir nos idées nous a conduits aussi à nous opposer. Notre
histoire politique récente révèle nos confrontations, même si celles-ci
ont été toujours empreintes de respect des règles républicaines.
Mais notre histoire révèle tout autant les nombreuses et régulières
réunions et accords que nous avons construits pour gérer la France et
conduire les destinées des dossiers les plus sensibles tant à l’échelle
nationale qu’européenne. Que ce soient la constitution de l’union de la
gauche, de la participation des membres éminents de formations
politiques du centre aux gouvernements de la France Unie, ou la
création de la gauche plurielle, notre histoire est faite de ces
moments forts de rassemblement.
Il n’y a pas de hasard à cela, ce ne sont pas des accidents de
parcours, mais bien le fruit d’une réflexion qui nait d’une volonté :
pas de victoire sans rassemblement, pas de transformation sans
rassemblement.
Cette volonté est consubstantielle de la démarche des socialistes et a
toujours porté notre parti à construire les fondations de ces unions.
Qu’est ce qui réunit aujourd’hui les forces qui peuvent participer à ce rassemblement.
Nous sommes tous des démocrates, tous attachés à rétablir la République
dans tous ses droits, à vouloir faire revivre la démocratie contre le
pouvoir personnel, et de surcroît nous sommes tous des européens
convaincus.
Nous sommes, enfin, tous décidés à construire une société plus juste, plus solidaire et plus écologique.
Nous connaissons les blocages de la société française : retour
du chômage de masse, inégalités sociales croissantes, endettement
public insupportable, politique fiscale discriminatoire, dérive
oligarchique du régime et mise en cause du pluralisme dans les medias
ou la justice.
La situation de la France crée l’urgence et nous appelle à prendre
toute notre responsabilité, non seulement pour les socialistes mais
aussi pour tous les démocrates.
Nous avons beaucoup à faire ensemble, et je voudrais dire que ce n’est
pas la concurrence à gauche qu’il convient d’organiser, mais les
conditions de notre rassemblement qu’il convient de mettre en œuvre.
J’entends s’exprimer la crainte que ne soit diluée l’identité du parti socialiste dans ce vaste rassemblement. C’est une étonnante réponse à l’accusation de nos partenaires de notre tendance hégémonique.
A cette crainte, l’organisation des primaires est une réponse plus équilibrée, plus conforme à notre culture.
Précédée de l’indispensable travail de convergence politique pour
construire un projet partagé pour la France, elle est la première des
réponses. Plus vaste sera le nombre de citoyens consultés, plus fort
sera le mouvement de l’alternance.
La deuxième consiste à rappeler que nous avons mis en place
avec succès des accords et des alliances avec nos partenaires, du parti
communiste au Modem dans de très nombreuses collectivités. En souffrons-nous ? Avons nous été contraints de les porter ?
Pourquoi dès lors vouloir ne pas les mettre en œuvre au niveau national ?
La troisième des réponses, pour aller au bout du processus est d’exiger l’application du scrutin à la proportionnelle
pour construire la France démocratique vivante que nous appelons de nos
vœux, pour limiter les pouvoirs du Président de la République, pour
redonner sens au Parlement.
Je pense que nos collectivités territoriales sont nos meilleurs laboratoires politiques
et que c’est en leur sein que nous y avons souvent exploité le meilleur
de nos projets. Ne tergiversons pas, nous ne pouvons pas demeurer dans
cette molle hypocrisie, de vouloir faire croire à nos militants que ce
nous assumons dans nos communes et dans nos régions ne sauraient
trouver force et vigueur dans notre pays.
Nous ne pouvons pas croire que le conservatisme et le repli sur soi
peuvent nous protéger, nous nous renforcerons dans le mouvement, dans
l’alliance progressiste socialiste, écologiste et démocrate.
J’appelle donc à un nouveau pacte historique, celui dont la France a besoin.
Un compromis qui commande que l’on s’accorde sur l’essentiel à ce
moment précis de notre histoire et sur des objectifs partagés.
J’appelle à ce contrat politique entre forces politiques diverses pour
rassembler la gauche, toute la gauche, qu’ils appartiennent aux
familles socialiste, radicale et communiste, rassembler les écologistes
et rassembler aussi les forces politiques qui se réclament d’une même
conception de la démocratie et de la République, telle le Modem.
C’est ce que nous avons commencé de faire à Marseille.
Extrait de l'hebdomadaire Marianne du 29/08/2009
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