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12 septembre 2009

PS: le scandale de la triche écorne la rénovation des primaires

 

Gérald Andrieu - Marianne

 Hier, les cadres du PS étaient réunis en Conseil national. Ils ont adopté à la quasi-unanimité le questionnaire qui débouchera notamment sur la mise en place de primaires. Tout serait au mieux dans le meilleur des mondes, si finalement il n’y avait pas ce satané livre "Hold-uPS, arnaques et trahisons" .

(photo: dmonniaux - Flickr - cc)

(photo: dmonniaux - Flickr - cc)

 

«Quand est-ce que commence la guerre au PS ? » Les journalistes n'ont décidément rien compris au message que Martine Aubry leur a fait passer il y a quinze jours : ils continuent à être vicieux. Et celui qui vient de lui poser cette question à sa descente de voiture est un vicieux du genre monomaniaque. Car cette interrogation, ce journaliste télé la pose à tous les responsables socialistes à leur arrivée à la « Mutu » pour assister au premier Conseil national d’après La Rochelle. De quoi troubler ses confrères. « Il est toujours comme ça ? », demande un premier. « Oui. C’est ce qu’on appelle avoir un angle ! », se marre un second. Mais avec cet « angle », le « serial questionneur » fait chou blanc. Car il ne trouve personne pour déballer, face caméra, la grosse artillerie. Martine Aubry le renvoie d’ailleurs dans les cordes et, avec lui, tous ceux qui voudraient qu’elle réagisse à la polémique ouverte par le livre Hold-uPS, arnaques et trahisons  : « J’ai beaucoup de choses à dire, beaucoup de choses sur le cœur, mais j’ai mieux à faire... » Et d’ajouter : « La rénovation, c’est ma responsabilité, c’est ça qu’attendent les Français. »

«Le PS de François Mitterrand est mort!»

Certes, il y a bien Malek Boutih. Chez les hommes politiques, il y a des « pompiers pyromanes ». Lui est plutôt du genre « pyromane pyromane ». Et à l’entrée de la Maison de la Mutualité, il se lâche. « Le PS de François Mitterrand est mort ! », clame-t-il avant de « monter dans les tours » et de regretter que la « rénovation » proposée par Martine Aubry se fasse « à la va-vite » et ressemble, au final, à un simple « coup de peinture ». « C’est bon ça ! », jubile un journaliste radio en remballant son micro une fois la diatribe terminée. 

 

Mais pour les autres — en tout cas officiellement — il n’y a rien à redire. Arnaud Montebourg, comblé que « ses » primaires soient reprises par la Première secrétaire, pose tout sourire devant une rangée de cameramen et se réjouit que son parti soit sur « le grand chemin de la rénovation », même s’il reconnaît que « les chemins sont escarpés ». Patrick Mennucci, lui aussi, porte le sourire des grands jours sur son visage. Il prend même le temps de répondre à la question du « monomaniaque de la guerre ». Le sherpa de Ségolène Royal pendant la présidentielle de 2007 (qui fraye désormais avec Vincent Peillon) confie ne pas être « pour relancer la guerre », et explique « [accepter] le résultat de la commission » chargée de recompter les voix après le congrès de Reims : « Revenir à un vote et aller en justice n’aurait aucun intérêt… » 


 «En finir avec le poison de la présidentielle»

À l’intérieur du bâtiment, l’heure est aux prises de parole. Devant des rangs clairsemés, les cadres du parti se succèdent à la tribune et donnent leur avis sur le questionnaire auquel les adhérents vont devoir répondre le 1er octobre. C’est la fameuse « consultation militante » comme on dit en langage solférinien : onze questions  portant sur les « primaires ouvertes », la « limitation du cumul des mandats », la « parité », la « démocratie interne aboutie » (sic) et les « règles d’éthique » (re sic). Et là, après qu’Arnaud Montebourg (qui a présidé la commission chargée de rédiger le fameux questionnaire) a appelé en introduction à « transformer le plomb en or », des différences de taille se font sentir. Dommage pour notre « serial questionneur », les caméras sont interdites à l’intérieur. Il faut écouter les discours, se concentrer et prendre des notes… 

 

Le premier camp qui se dessine ? Celui de « la conspiration des optimistes » comme Christian Paul l’appelle. On y retrouve donc le responsable du Laboratoire des idées du PS. Il est tellement ravi, qu’à la tribune, il en vient à chasser d’un revers de la main, sans même jamais argumenter, toutes les critiques formulées à l’égard des primaires. Elles vont permettre, dit-il, d’« en finir avec le poison de la présidentielle » ! Elles n’accentueront pas le tiraillement entre « le centre et l’extrême gauche » : « La vente à la découpe du Parti socialiste, ce n’est pas là le destin du parti de Jaurès… » 

«Il n’est pas question ici de procédures judiciaires»

Dans le camp des « optimistes », on trouve aussi ceux qui, au moment du congrès de Reims, étaient dans la motion « L’espoir à gauche », celle de Ségolène Royal. Il y a là à nouveau Patrick Mennucci mais aussi David Assouline et Jean-Pierre Mignard. Ce dernier qui vient de quitter la présidence de Désirs d’avenir explique au passage « qu’il n’est pas question ici de procédures judiciaires mais de procédures tournées vers le futur… » Et visiblement cette « consultation militante » est une « procédure » à laquelle il croit fermement. Tout comme il croit que Robert Badinter est de ces personnalités « incontestées » qui doit siéger à la commission d’« éthique » que doit instaurer le questionnaire une fois adopté par les militants. D’ailleurs, il n’est pas le seul à citer le nom de l’ancien président du Conseil constitutionnel. Ils sont une flopée à en appeler à Robert Badinter. Tant d’unanimité doit désoler notre journaliste adorateur de « la guerre des chefs ». S’il avait l’esprit tordu, il noterait que c’est quand même un comble que seul ce nom vienne à l’esprit des socialistes quand il s’agit trouver au PS une personnalité « incontestée »… 

Mais le « serial questionneur » peut aussi se rassurer en voyant qu’il y a un autre camp qui se dessine parmi les cadres du parti. La « consultation militante » aura beau être adoptée par près de « 99% » des membres du CN, certains craignent que les primaires ne se cantonnent à opposer des candidats socialistes. Benoît Hamon est de ceux-là. Il le dit à la dérobée à l’issue d’un long couplet sur l’actualité : « Nous militerons pour des primaires à gauche » car, si tel n’était pas le cas, il pourrait y avoir un « effet papillon sur la nature du parti ». Comprendre : « un dangereux recentrage du PS ». Marie-Noëlle Lienemann tient sensiblement le même discours. Quant à Gérard Filoche, il en appelle à l’unité de toute la gauche « jusqu’au NPA »

Un candidat non-socialiste vainqueur des primaires? «Impossible»!

Et Martine Aubry, qu’en dit-elle ? Interrogée à l’issue du Conseil national par un journaliste fourbe sur le fait que dans ces conditions un non-socialiste pourrait remporter les primaires, la « patronne » du PS lui répond tout de go : « Je ne vois pas très bien comment cela serait possible ! » Voilà qui devrait donner envie aux autres formations de gauche de prendre part au dispositif… Quand un autre journaliste encore plus vicieux (car doublé d’un esprit logique) lui demande à quoi bon revoir « la démocratie interne » et insuffler de « l’éthique » si, comme elle le prétend, il n’y a pas eu « bourrage d’urnes », Martine Aubry bredouille : « Je ne sais pas s’il y a du bourrage d’urnes. Moi, ce que je connais, c’est qu’il n’y en a pas ! » Traduction : « pas-de-ça-chez-moi-dans-le-Nord ». 

 

Elle n’en dira pas plus : le livre Hold-uPS, arnaques et trahisons, elle ne veut plus en parler. Elle l’a juste évoqué quelques minutes plus tôt au moment du discours de clôture du Conseil national : « À l’heure où nous parlons beaucoup de livres, je veux parler d'un grand livre. Il comporte deux chapitres : la rénovation du projet et la refondation du PS. Ce livre, nous avons commencé à l'écrire ce matin. Ce livre, c’est celui de “l’alternatance” en 2012 ! » Ils sont vraiment vicieux ces journalistes, ils vont même jusqu’à retenir un lapsus né de la contraction d’« alternative » et d’« alternance »…

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