Ségo, la bonne cliente
Il suffit d’un billet, une inquiétude, une confession sur Ségolène Royal. Et les stats s’envolent, les commentaires affluent, les critiques et les soutiens se neutralisent. Ségolène Royal, même sur les blogs, est une bonne cliente pour faire de l’audience.
Paradoxalement, chaque critique me soude un peu plus vers l’ex-candidate. Je dis paradoxalement, car il faut bien reconnaître que Ségolène Royal ne tend pas la main. Combien de billets pour la soutenir ? je ne compte pas. Je ne cherche pas. Le problème n’est pas là. A celles et ceux qui hurlent à l’imposture pour mieux nous refourguer DSK, Fabius, Hollande, ou je ne sais qui du parti socialiste, j’aurai envie de dire: “calmez vous; de quoi parlez vous ?” Il faut se décomplexer le bulbe, respirer serein, mettre de côté
Je comprend la colère rancunière d’Abadinte. Il a été choqué par un soir du 6 mai quand la Ségo nous a souri du haut de son balcon. Honnêtement, ce fut la plus belle défaite politique de ma vie. J’étais devant ma télé, l’ordinateur allumé depuis plusieurs heures, en train de créer Sarkofrance. J’essayais de comprendre ce qu’était un blog, trouver le bon hébergeur, comprendre les mises en page. Je ne sais même pas comment insérer un lien dans un billet. J’arrive tout juste à poster une video. Quand Ségolène Royal est apparue – et je dis cela sans aucune posture mystique – je me suis dis que Sarkofrance devait ouvrir, publier. Le premier jour, j’ai jeté une dizaine de billets mal construits, mal analysés.
Je me suis souvenu de 2002. Jospin défait nous annonce qu’il se casse. Belle décision mon garçon. D’habitude, le capitaine reste sur le pont du navire quand il coule. On m’a appris cela quand j’étais tout petit. Jospin donc, bel exemple. En 2002, sa décision m’a éloignée de la politique.
On peut dire ce que l’on veut de Ségolène. Le problème est que chacune de nos figures politiques peut subir la foudre, la critique et la dérision. Strauss Kahn est régulièrement emporté par sa libido. Fabius a l’Europe girouette. Martine est secrétaire du PS au tiers temps. Montebourg est noyé dans ses formules. Hollande est solide comme un Flamby. On continue ? A vrai dire on s’en fiche. A droite, au centre ou ailleurs, les individus qui aspirent au poste suprême méritent chaque jour de passer sur le bûcher des déceptions et promesses non tenues. Seul le collectif compte, le rapport de forces, les alliances et la solidarité individuelle.