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28 novembre 2009

La finance islamique

                 L'offensive de la finance islamique en France             

   Par Marc Vignaud                        

                                    

 

L'offensive de la finance islamique en France

                

            Une banque islamique pourrait bientôt s'implanter en France © AFP PHOTO/KARIM SAHIB          

Mercredi 18 novembre, Palais Brongniart. Paris-Dauphine, une des 10 meilleures universités européennes, inaugure son master de finance islamique, six mois après la fermeture de sa formation-vedette pour futurs traders. Dans quelques mois, la Qatar Islamic Bank, établissement islamique, pourrait ouvrir une succursale dans l'Hexagone. Une première alors que les grandes banques françaises ont déjà investi ce segment dans le Golfe, à Bahreïn notamment, par le biais d'une marque de BNP Paribas et Calyon.

 

Dans un contexte de crise financière, la finance islamique séduit. Ses règles basées sur la loi islamique - la charia - se sont révélées un atout de taille. Non seulement elle interdit les placements dans les secteurs considérés "illicites", comme l'alcool, le porc, la prostitution et le jeu, mais elle prohibe également le versement d'intérêts et la spéculation. Seuls les investissements sur les actifs tangibles sont autorisés. Résultat, le secteur est resté à l'écart de la titrisation des crédits "subprimes" américains et les actifs gérés de façon "charia compatible" à travers le monde ont atteint le montant record de 840 milliards d'euros d'actifs dans le monde, selon Moody's. En France, dans le secteur immobilier, "3 à 5 milliards de stocks d'actifs sont financés de manière charia compatible", relève Anouar Hassoune, spécialiste risque crédit chez Moody's et professeur à Paris-Dauphine.
          
      Lagarde multiplie les initiatives    
   
   
Une manne financière qui irrigue toutefois davantage la City de Londres et la place de Genève que celle de Paris. Faute d'une réglementation financière suffisamment adaptée aux instruments financiers islamiques, la France peine à attirer les liquidités venues des pays du Golfe. Selon un rapport publié pour Europlace fin 2008, Paris pourrait pourtant, au prix de quelques réformes simples, "acquérir le leadership mondial compte tenu de la proximité culturelle de la France avec les pays musulmans" et de l'importance de la communauté musulmane. Un sondage Ifop pour l'Association d'innovation pour le développement économique et de l'immobilier, réalisé au printemps 2008 sur un échantillon représentatif de la population, montre que 55 % des musulmans français, soit plus de 2,5 millions de personnes, sont intéressés par une "offre bancaire compatible avec leurs convictions religieuses ou éthiques".
   
Ce potentiel d'expansion de la finance islamique n'échappe pas à Bercy. Depuis sa prise de fonction, en juin 2007, la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, a régulièrement évoqué la nécessité de développer cette branche financière. Lentement, mais sûrement, elle a adapté la législation, notamment par des dispositions fiscales permettant de "mieux accueillir" les investisseurs immobiliers respectant les règles de l'éthique musulmane. La locataire de Bercy a même rencontré des présidents de banques islamiques. En novembre dernier, elle les invitait au ministère en présence d'élus et de dirigeants d'entreprises. Parmi les convives : Carlos Ghosn. Le président de Renault-Nissan y a souligné l'intérêt pour les entreprises françaises de diversifier leurs sources de financement. Mais, pour l'heure, les montages conformes à la charia pour lever des fonds sont "coûteux", avec des "aspects légaux très complexes", relevait-il. Les obstacles à l'émission de "sukuks", ces obligations islamiques pour lesquelles le souscripteur reçoit une partie des profits de son investissement et qui constituent un des produits les plus dynamiques de la finance islamique, freinent l'intérêt des investisseurs, selon les spécialistes.
   
    Des réticences au nom de la laïcité    
   
Les ajustements législatifs nécessaires ne vont pas sans résistance, à droite comme à gauche. En octobre, des députés socialistes ont fait bloquer une modification du Code civil permettant à un détenteur de sukuks de "pouvoir se prévaloir d'un droit de propriété des actifs-supports" au nom du principe de laïcité. "Il ne faut introduire ni les principes de la charia, ni l'éthique du Coran, ni le droit canon, pas plus que le Talmud ou la Torah. C'est inacceptable", justifie Henri Emmanuelli, député PS des Landes.
   
Anouar Hassoune tempère et souligne que ces réticences "ne sont pas l'apanage de la France". "Tous les nouveaux marchés de la finance islamique ont au départ eu une réaction de méfiance, voire de rejet." Selon lui, "la finance islamique n'est pas là pour islamiser la France, elle est là pour moraliser les transactions financières. Elle n'appartient pas aux musulmans, c'est un compartiment supplémentaire de la finance socialement responsable". Un constat qui sonne aussi comme un argument marketing sur lequel pourraient rebondir les établissements français pour séduire le plus grand nombre, à une époque où le "socialement responsable" a le vent en poupe, et où la crise a écorné l'image des banques.

      Source: LE POINT

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