Georges Frêche : "Bourquin peut me succéder"
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Le président sortant revient sur son bilan et évoque ses ambitions pour le futur. Il parle également de sa succession et "adoube" le président du conseil général des P.-O., Christian Bourquin.
Comment vous sentez-vous en ce début d'
année et à deux mois des élections régionales ?
Georges Frêche :
En pleine forme, je vais beaucoup mieux, je me suis bien reposé pendant
les vacances. Et surtout, malgré la crise, nous avons terminé l'année
2009 en feu d'artifice...
C'est-à-dire ?
Nous avons signé tour à tour l'accord de financement ferroviaire du
contournement Nîmes-Montpellier, la couverture totale en très haut
débit de tout le territoire avec France Télécom, le projet Campus
et la rénovation des gares. Ces quatre éléments ne sont finalement que des moyens qui doivent nous permettre de continuer à développer la région. Je tiens à ajouter qu'ils sont aussi ma réponse à tous ceux qui m'attaquent en disant que je travaille seul. Tous les grands décideurs, Etat, Europe, groupes privés ont signé avec moi... Ma signature a une valeur.
Nous sommes en pleine période de voeux. Quels sont les vôtres pour la région ?
Je voudrais aider les gens à vivre mieux au sein de la crise dans les
domaines du transport, du logement, de l'alimentation. C'est là que je
me révèle socialiste. Ecologiste, tout le monde peut l'être, l'écologie
dépasse les clivages politiques. Au contraire, le social a toujours été
une marque du socialisme et moi, j'y reviens. Avec mon bâton de
pèlerin, j'aide tous les projets de développement économique comme, par
exemple, avec l'entreprise Cémoi à Perpignan.
Pour
rester dans le domaine du cadre de vie, votre principal opposant
Raymond Couderc propose la mise en place de TER toutes les 30 minutes
sur l'axe Nîmes-Perpignan. Qu'en pensez-vous ?
Le succès
de Kartatoo (*) a entraîné un bond fantastique en matière de TER à tel
point qu'il n'y en a plus assez aujourd'hui. A présent, on doit
attendre que la ligne TGV Montpellier-Perpignan soit opérationnelle
pour continuer à développer le TER. Nous sommes pour une cadence encore
plus rythmée que ce que propose Raymond Couderc. Il faut un train tous
les quarts d'heure. Nous voulons créer une sorte de métro régional. Il
faut absolument décomplexer le Languedoc-Roussillon.
Comment ?
Sans être mégalo, il faut voir grand car le Languedoc-Roussillon fera
bientôt partie des régions françaises les plus peuplées, au rythme où
il se développe. Les élus doivent être à la hauteur de ces ambitions et
ne pas jouer "petits bras"! Il faut oser !
Avec quels moyens ?
Avec des projets ambitieux. Nous venons, par exemple, de lancer un
appel à projet de 500 M E pour l'équipement en photovoltaïque de tous
les bâtiments de la Région. Il n'en coûtera rien aux contribuables et,
à terme, l'économie d'énergie représentera la consommation annuelle de
quatre villes de 150 000 habitants. Cette année, nous allons aussi
déboucher sur l'utilisation des 14 parcs d'activités que nous avons
achetés et nous allons doubler l'aide au logement social.
Quelles sont, selon vous les qualités que doit avoir un président de région ?
C'est d'abord de prendre des décisions. Nous sommes élus pour réaliser,
pas pour discutailler à l'infini. On consulte bien sûr puis, à un
moment donné, on tranche et on agit. Ensuite, il faut pouvoir rendre
des comptes clairs. Et c'est ma force, je suis en permanence sur le
terrain. La campagne, je l'ai commencée il y a cinq ans. Et si je suis
réélu, je repartirai en campagne...
Pour un troisième mandat ?
Oh, non... (sourires). Clemenceau a gagné la guerre à 86 ans, Roosevelt
a signé les accords de Yalta en fauteuil roulant... Ce qui compte,
c'est l'âge du cerveau, pas des artères. Moi, je m'intéresse à ce qui
est devant moi, pas à ce qui est derrière. Je ne suis pas un
"commémorateur" mais un novateur.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier en tant que président de région ?
La lutte contre les inondations. Ce n'est pas forcément populaire, mais
30 % des communes sont concernées et rien n'avait été fait depuis
Napoléon III.
Un regret ?
D'avoir parfois
été contré par de vieux amis. Je trouve ça déplorable... (*) Kartatoo
est une carte qui permet d'obtenir des réductions sur le TER, les bus
et le tramway.
Recueillis par Estelle Devic
Source: l'indépendant