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27 janvier 2010

Le mirage de la gauche

PAR NICOLAS DOMENACH

Aubry2

 

Martine Aubry, le 12 janvier aux vœux du PS, soignait son statut de présidentiable.

C'est « notre Angela Merkel assurent ses proches.


 

Tricheuse», « voleuse» « mère la défaite »... Martine Aubry, en fin d'année au bord de la démission de son incertaine chefferie du PS, apparaît désormais dans les gazettes comme la mère de la victoire annoncée aux élections régionales : « une personnalité en chêne » pour une époque qui ne supporterait plus le médiatoc, autrement dit Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, comme elle l'a elle-même hardiment précisé au Journal du dimanche. C'est « notre Angela Merkel », assurent même ses proches, partout relayés, qui parlent encore d'elle comme « mère courage ». La maternité sévère mais bienveillante passe pour valeur sûre en cette période de crise. Et pour rehausser encore l'affir­mation de cette féminité souvent escamotée derrière son autoritarisme, la maire de Lille s'est présentée aux vœux du PS surmaquillée, et avec des boucles d'oreilles en diamants directement dégringolées du sapin. Martine Aubry soignait ainsi son tout nouveau statut de présidentiable (presque) crédible. Du moins telle est cette souriante vérité que révéleraient et confirmeraient les sondages sur lesquels sont indexées les gloses médiatiques.

Le PS n'est toujours pas une force de proposition ni d'opposition, mais les enquêtes d'opinion montrent que la démobilisation partielle de l'élec-torat UMP pourrait lui profiter aux prochaines élections régionales. Ces difficultés du pouvoir font donc mécaniquement l'affaire de la première secrétaire, ainsi que de Dominique Strauss-Kahn qui tire grand avantage théorique de son éloignement. Sa présidence du FMI lui donne une stature qui fait encore défaut à Martine Aubry.

Mais tous deux n'en font pas moins le trou - sondagier - avec leurs éventuels rivaux, toute la cohorte des jeunes (?) ambitieux (Manuel Valls, Arnaud Mon-tebourg, Pierre Moscovici et François Hollande) et, surtout, avec Ségolène Royal, donnée à la baisse.

Aux anges, aubrystes et strauss-kha-niens se félicitent de leur pacte pour le moment gagnant et songent déjà à ce rosé avenir : leurs leaders respectifs s'entendront - croix de bois, croix de fer... -jusqu'à ce qu'une vague de sondages désigne le candidat le plus apte à battre

Nicolas Sarkozy. L'autre se retirerait alors sans barguigner et mettrait ses forces au service du favori. La primaire ne ferait qu'entériner le choix, forcément pertinent, des sondages. C'est beau comme un mirage.

Pas la peine donc de rénover la pensée de gauche, ni d'approfondir ce lien mythique, mystique, avec la France et les Français qu'ont toujours recherché les apprentis monarques de la Ve République. Pas besoin pour Aubry et DSK de se raser ou de lacer leurs chaussures en ne pensant qu'à « ça ». Le pouvoir suprême leur tomberait quasi mécaniquement dans le bec par les seules fautes du tenant du titre. C'est l'illusion lyrique de la nouvelle année •

16 au 22 janvier 2010 / Marianne 43

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