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16 février 2010

Et si la Présidentielle se jouait sur les retraites ?

Avec le style inimitable qui est le sien, Nicolas Sarkozy vient de relancer le débat sur les retraites. Préférant instrumentaliser les angoisses plutôt que faire la pédagogie d'une reforme, jouant l'urgence sur un dossier pourtant bien connu, il n'en a pas moins soulevé une question incontournable et dont la solution, c’est vrai, se fait sans doute trop attendre !

On reprochera d'abord à la Droite de nous avoir fait croire, à deux reprises en 2003 et en 2008, que le problème était enfin réglé : il n'en est rien et le besoin de financement reste massif (25 milliards d'ici 2025 ; 50 d'ici 2050).

On reprochera ensuite à la Gauche de n'avoir rien su proposer, engluée dans ses contradictions et ses frilosités. L'heure de vérité serait elle enfin arrivée ? A en croire les annonces officielles, 2010 serait LE moment d'une vraie reforme !

Compte tenu des enjeux financiers et sociaux de cette affaire, on peut penser alors que c'est sur ce dossier que se jouera la présidentielle. Si Nicolas Sarkozy parvient à ses fins sans susciter une mobilisation sociale massive, il aura gagné la bataille des réformes, démontré sa capacité à conduire le changement et du même coup remobilisé son camp à quelques encablures de la présidentielle.

A l'inverse il aura définitivement compromis son quinquennat ! Mais la Gauche joue une partie tout aussi serrée. Si elle prend le risque de s'enfermer dans le refus ou une fois de plus dans les incantations, elle laissera dans ce débat ce qui lui reste de crédibilité gouvernementale ! Aussi ne peut-on que l'encourager à se saisir des ambiguïtés du calendrier sarkozien pour reprendre la main. Le Président de la République ne s'est en effet pas donné les moyens de son ambition affichée : à savoir dégager un consensus national dont il n'a en réalité nul envie. Il ne tient guère en effet à partager le bénéfice d'un éventuel succès dont il a tant besoin pour la poursuite de sa stratégie.

Aussi le PS devrait-il proposer avec insistance et fermeté la convocation d'une grande conférence sur les retraites destinée à fixer les paramètres de la réforme. Il devrait le faire aussi au nom de sa culture de gouvernement et en affichant sa détermination à ne consentir qu'à une réforme qui protégerait les plus modestes : prise en compte de la pénibilité (enfin); minimum garanti de pensions pour enrayer l'appauvrissement des retraites ; situation particulière des femmes pour ne prendre que les exemples les plus saillants. Une telle initiative bousculerait la stratégie du pouvoir, démontrerait notre capacité à assumer les défis sociaux et à proposer des solutions et nous permettrait à tout le moins de partager le bénéfice d'un éventuel succès. Le Ps est il capable d'un tel choix ?

Ma conviction est qu'en le refusant, il prendrait le risque de se disqualifier pour la présidentielle : le mécontentement des Français ne s'accommode plus d'une absence de projet alternatif ! Mais, me dira-t-on, si chaque camp doit se partager la récompense d'une réforme, qu'est-ce qui fera pencher la balance d'un coté ou de l'autre ? A cette légitime interpellation, je répondrais : la retraite a 60 ans. Avec l'allongement de la durée de cotisation elle n'est plus qu'un symbole. Mais si puissant : Sarkozy ne s'y est pas trompé, qui veut faire de sa remise en cause le marqueur (de droite) de sa reforme.

Il serait inconcevable que la Gauche lui prête la main sur ce terrain ....comme certaines déclarations maladroites ont pu le laisser craindre. Là se trouve la frontière à ne pas franchir… sauf à avoir obtenu de puissantes avancées sur le reste du dossier. Mais il ne pourrait s'agir que d'une carte à abattre pour la fin des discussions et au vu de leur bilan...


Gaëtan GORCE

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