Europe Ecologie ou l'imposture technocratique
Photo : Sylvain Lapoix
Europe Ecologie, c'est beau, c'est neuf, c'est moderne, forcément !
Pourtant, nous y voyons une double imposture, sur le fond d'abord, sur
la forme ensuite.
Nous ne reviendrons pas sur le fond. Comme nous
l'avons déjà expliqué, les Verts d'Europe Ecologie sont des
écologistes d'opérette en refusant de remettre en question le fondement
de la pollution mondiale : le libre-échange généralisé. C'est bien parce
qu'on produit à 10 000 km ce qu'on consomme ici que les rejets de gaz à
effet de serre explosent, notamment du fait des transports, première
source de CO2.
La pollution est fille du mondialisme, cette idéologie qui refuse
les frontières, et qui voit le monde comme un vaste supermarché : d'un
côté ceux qui vendent, de l'autre ceux qui achètent (tant qu'il leur
reste un peu d'argent pour acheter en tout cas...). Pour clore ce
premier point, rappelons que les Verts sont les premiers défenseurs de
l'Europe de Bruxelles, machine à fabriquer du libre-échange.
Mais
Europe Ecologie, c'est aussi une imposture sur la forme. Faites ce
petit test et jugez vous-même du conditonnement médiatique dont nous
sommes tous victimes : pensez à "Europe Ecologie" et notez les images
qui vous viennent spontanément. Des choses plutôt positives non ? Europe
Ecologie, c'est plutôt jeune, dynamique et moderne, non ? Forcément,
puisque c'est écolo, et même européen, c'est écrit dans le nom !...
On
retombe déjà un peu sur terre lorsqu'on se souvient que la locomotive
médiatique de ce nouveau parti est Daniel Cohn Bendit, au sommet de sa
gloire il y a 42 ans, symbole de la dérive de toute une génération
passée en quelques années du marxisme et la lutte des classes à
l'eurolibéralisme et la promotion du bobo en vélib'...
Nous nous sommes livrés à un exercice plus édifiant encore :
regarder dans le texte le programme
d'Europe Ecologie pour les régionales.
Nous n'avons pas
été déçus ! L'imposture est là encore manifeste. Derrière la façade
verte et attrayante, Europe Ecologie sent bon la naphtaline
technocratique, froide et obscure...Les Verts, ne serait-ce pas d'abord
de vieux messieurs tout gris derrière leur ordinateur ? A lire leur
programme, c'est bien ce qu'on peut imaginer. Jugez vous-même :
- « Des schémas directeurs régionaux de l’écologie sont nécessaires. Nous sommes favorables à une forme décentralisée d’organisation écologique des territoires. »
- « La transformation écologique de l'économie au niveau industriel, agricole et tertiaire suppose de penser la conversion des filières au niveau du bassin d’emploi et de vie régional. »
- « Vivre mieux et vivre ensemble, c’est vivre en toute liberté dans le respect et la confiance mutuelle (...) l’accumulation de ces maux urbains génère une "malvie" qui débouche souvent sur la peur de l’autre, du voisin, de l’étranger qu’on côtoie mais ne voit pas. »
- Et pour y répondre, la solution techno par excellence : la fameuse « table ronde » : « Pour la définition et la mise en œuvre de ce Pacte de solidarité, nous proposons la convocation de Tables Rondes régionales, espace de rencontre et de dialogue entre associations de quartier, travailleurs sociaux, formateurs et enseignants, entrepreneurs locaux, représentants de l’autorité publique, etc. »
- « Il s’agit d’identifier et mettre en contexte toutes les parties prenantes des politiques publiques, y compris l’environnement, et d’assurer que toutes les responsabilités politiques et économiques soient assumées, et non diluées. »
Nous aurions pu multiplier les exemples. Y voyez-vous clair ? Nous pas vraiment...
Pourquoi, dès qu'il s'agit des idées, Europe
Ecologie se cache-t-il derrière le langage technocratique,
nécessairement creux et obscur ? Est-ce pour masquer l'absence de ligne
politique tranchée, au-delà d'un discours consensuel sur l'environnement
?
Plus on est dans le techno, et plus on s'éloigne de la
politique et des choix idéologiques nécessaires à l'exercice de la
démocratie. C'est peut-être précisément ce que visent les Verts d'Europe
Ecologie : éviter de devoir se confronter à la réalité politique, et
poursuivre dans l'imprécation environnementale pour enfumer les
électeurs.