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3 mars 2010

Les régionales, laboratoire stratégique de Nicolas Sarkozy

CÉCILE CORNUDET EST GRAND REPORTER AUX « ECHOS ».

L'Elysée a déjà fait son deuil des prochaines élections régionales.  Conserver deux régions métropolitaines (sur 22) serait pour la majorité une victoire, en gagner une ou deux un miracle, de sorte qu'elle s'attache désormais à faire de ce scrutin un non-événement. Le signal donné par Nicolas Sarkozy lors du sommet social du 15 février était d'ailleurs très clair : avec ou sans régionales, la réforme des retraites est lancée, elle constituera le dossier prioritaire de 2010. Mais si l'UMP invite les observateurs à ne pas trop s'attarder sur les 14 et 21 mars prochains (dates des premier et second tours), elle-même suivra les résultats au plus près, calculette en main. Car derrière l'élection se cache un test crucial de la stratégie électorale arrêtée par le président de la République. 

Prenant à rebours les « lois » habituelles de la science politique, Nicolas Sarkozy a tiré de son élection à la présidentielle de 2007 la conviction qu'un parti unique -en l'occurence l'UMP -pouvait parvenir à déjouer les pièges d'une élection à deux tours.  Mais à une condition : qu'il devance suffisamment son adversaire au premier tour pour créer une  « dynamique », susceptible de compenser l'absence de « réserves de voix » au second. Démonstration en 2007 : Nicolas Sarkozy avait obtenu 31,2 % des suffrages au premier tour, près de six points devant Ségolène Royal (25,9 %), et avait pu l'emporter in fine avec 53 % des voix malgré la défection de François Bayrou et les réserves de voix dont disposait la gauche. 

Installé à l'Elysée, Nicolas Sarkozy prend dans la foulée cette décision étonnante - au regard de tous ses prédécesseurs -de ne pas chercher à compenser son « handicap » de parti unique, mais au contraire de l'accroître. Personne ne doit vivre à l'ombre de l'UMP : toutes les petites composantes de la majorité sont peu à peu invitées à rejoindre le parti - centristes, villiéristes, chasseurs... Même s'il faut payer le prix fort : pour les faire venir, l'UMP leur offre des postes, frustrant ses propres troupes. 

Pour les élections régionales, le chef de l'Etat impose le même schéma. Tous les « partenaires » de la majorité doivent se retrouver sur la même liste. Certaines têtes de liste s'inquiètent de leur deuxième tour, mais seulement mezza vocce. Le mot d'ordre imposé d'en haut n'est pas de ceux que l'on conteste.  La tactique est risquée, les élections régionales ne sont pas personnalisées comme l'est l'élection présidentielle, et en 2004 déjà, arriver en tête au premier tour n'a pas empêché la droite de se voir devancer sur la ligne finale. Qu'importe : le chef de l'Etat a besoin de ce laboratoire pour 2012, et les ministres sont poussés à se lancer dans la campagne pour que les listes aient un « visage ».  Et tant pis si cela contredit la décision, prise in fine, de mener campagne sur les thèmes locaux qui préoccupent les Français. 

Si l'on en croit les sondages, le dispositif ne sera pas suffisant pour reprendre aux socialistes leurs bastions régionaux au soir du second tour.  Mais les responsables UMP cherchent maintenant autre chose : ils veulent faire la démonstration que la stratégie électorale du président est validée dans les urnes au moins au premier tour, et que ses candidats savent prendre des longueurs d'avance. Pour justifier l'échec final, l'argumentaire est déjà prêt : les Français qui aiment les contre-pouvoirs souhaitent conserver les socialistes dans les exécutifs territoriaux. Un échec au premier tour serait autrement plus problématique. Il risquerait de réveiller les voix majoritaires hostiles à la stratégie électorale du président, derrière notamment le Nouveau Centre d'Hervé Morin. 

Car le « laboratoire » régional offre trois types de résultats possibles.  Soit les têtes de listes UMP sont talonnées, voire dépassées, au soir du premier tour.  La stratégie présidentielle s'en trouve fragilisée.  Pour autant, Nicolas Sarkozy devrait chercher à la tenir le plus longtemps possible, ne serait-ce que pour permettre aux sondages de l'installer comme candidat incontesté à sa réélection en 2012.  Soit les têtes de listes réalisent de bons scores, devant le PS, avant de s'incliner au second tour.  Le président aura alors davantage d'arguments pour poursuivre son cap. Et pour remettre dans le débat l'instauration d'un scrutin à un tour pour l'élection des futurs conseillers territoriaux (qui vont naître de la réforme des collectivités locales). Soit l'UMP crée la surprise en décrochant plus de régions que pronostiqué.  Alors c'est le PS qui pourrait être amené à revoir ses théories électorales. N'est-ce pas ce qu'a discrètement commencé à faire François Hollande ?  L'ex-premier secrétaire du PS vient de donner son accord à l'offre de Daniel Cohn-Bendit (que ne reprend pas Cécile Duflot) pour qu'Europe Ecologie renonce à présenter un candidat à la présidentielle, en échange d'un coup de pouce pour les législatives.

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