ENFANT AUJOURD'HUI, CITOYEN DEMAIN: " Nous ne pouvons rester sans rien faire"!
26 Mars 2010 Par Sebastien Rome
Edition : Enfant aujourd'hui, citoyen demain
Stéphane Hessel, diplomate, est l'un des créateurs de la Déclaration universelle des droits de
l'Homme. Dans un courrier adressé au forum Enfant
aujourd'hui, Citoyen demain du 27 mars à Montpellier, il appelle à
faire revivre les valeurs du Programme du Conseil national de la
résistance. «Résister, comme
l'a dit Raymond Aubrac sur le plateau des Glières le 17 mai 2009, c’est
reconnaître une injustice et
décider de ne pas en rester là. D’agir contre cette injustice. C’est
plus ou moins dangereux selon les gestes, les époques, mais c’est tout à
fait comparable.»
Madame, Monsieur,
Ce samedi 27
mars, j'espère que vous serez nombreux à Montpellier, à participer au
forum pour une école publique, laïque et populaire, intitulé « Enfant
aujourd'hui, Citoyen demain ». C'est une initiative citoyenne, sérieuse
et généreuse, qui aborde une question essentielle : comment faire d'un
enfant d'aujourd'hui, un bon citoyen de demain ?
C'est là un
débat bien plus important que celui, actuel, sur l'identité nationale
avec lequel il est pourtant en lien. La génèse de notre école publique
s'inscrit dans la dynamique humaniste des plus belles périodes de notre
histoire. Et elle repose sur le socle commun de l'égalité et de la
solidarité.
L'importance de ce débat tient à ce que l'éducation
d'aujourd'hui conditionne la société de demain. Et d'après moi, nous
avons besoin de citoyens responsables et éveillés, impliqués dans la
collectivité avec conviction et honnêteté. L'urgence de ce débat tient à
ce que les valeurs fondamentales d'égalité et de solidarité sont
aujourd'hui bafouées, tout autant que nos libertés individuelles et
collectives, à l'école
comme elles le sont dans toute la société.
Nous
ne pouvons rester sans rien faire !
A une autre époque, lorsque
je me suis engagé dans la Résistance, en plus de l'occupant que je
voulais chasser du territoire, j'espérais aussi une société plus juste
et, au travers du programme du Conseil National de la Résistance, c'est
ce que nous avons voulu bâtir. Les résistances d'aujourd'hui sont d'une
toute autre nature mais restent importantes, lorsqu'elles défendent
l'intérêt commun. Et même si elles peuvent parfois être illégales, les
résistances actuelles n'en sont pas moins légitimes, en regard de notre
pacte républicain et des droits universels de l'homme. Le légal n'est
pas toujours légitime et le droit ne se réduit pas à la loi !
Redonner
à notre pays des perspectives au service de tous et d'abord des
enfants, s'appuyer sur « des hussards » convaincus et investis dans leur
mission d'éducateurs au service des valeurs de paix, redonner toute sa
place à l'héritage du programme du Conseil National de la Résistance
sont des nécessités dans la situation de crise que connaît notre nation.
C'est d'ailleurs en ce sens que nous avions lancé l'Appel des
Résistants aux jeunes générations du 8 mars 2004. Et c'est dans cette
même optique que j'ai personnellement accepté de parrainer l'association
« Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui » et de participer au
rassemblement des Glières.
Vous l'aurez compris, j'aurais
souhaité être parmi vous aujourd'hui mais je puis vous assurer de tout
mon soutien optimiste et vous témoigner mes encouragements
enthousiastes.