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1 mai 2010

Les bayous de Louisiane, un milieu particulièrement fragile

Propos recueillis par Soren Seelow               

        Un bayou proche de la Nouvelle-Orléans.       

      

        Un bayou proche de la Nouvelle-Orléans.       

      

 

      

        Une marée noire menace les côtes de la Louisiane et ses fameux "bayous". Quelle est la particularité de cet écosystème ?       

   

        Les bayous sont des formations amphibies avec une forte dominante d'eau douce, à la différence des mangroves où il y a une coexistence d'eau douce et d'eau         marine. C'est un milieu très complexe et structuré, parfaitement adapté pour résister aux variabilités qu'il connaît, mais qui est par contre très fragile dès qu'il est soumis à des         perturbations qui ne lui sont pas habituelles.       

        Dans ces écosystèmes dont les sédiments sont très meubles, les systèmes racinaires se développent dans des conditions limitées en oxygène. Les racines ne         servent pas seulement d'ancrage : elles font aussi office de poumons ou de tubas. Mais ce système de respiration n'est possible que si la racine est à l'air libre.       

        Précisément, quel va être l'impact de l'arrivée des nappes de pétrole ?       

        Avec les cycles de marées, les systèmes racinaires vont peu à peu être tapissés d'hydrocarbures. Les arbres vont mourir par asphyxie, et ne vont plus jouer leur         rôle. C'est tout l'écosystème qui va être durablement perturbé. La faune qu'on retrouve dans les bayous a en outre une grande particularité : les espèces y viennent lorsqu'elles sont à des         stades juvéniles pour avoir une croissance maximale, parce que ce sont des milieux très riches. Je pense notamment aux crevettes qui se reproduisent en mer et dont les larves viennent         s'alimenter dans les mangroves.       

        D'une manière générale, tous ces milieux d'interface entre terre et océan hébergent beaucoup d'espèces qui y viennent généralement pour s'alimenter. Ça peut         être aussi bien des espèces proches du milieu marin, comme des lamantins, des petits dauphins, que des espèces d'oiseaux, avec beaucoup d'aigrettes, des hérons. Il risque d'y avoir des dégâts         très importants sur des communautés d'oiseaux assez remarquables.       

      

        Combien de temps faudra-t-il pour que l'écosystème retrouve son équilibre ?       

        Les bayous seront beaucoup plus difficiles à nettoyer que si la marée noire avait touché un substrat dur, comme des rochers. En revanche, les processus de         biodégradation devraient y être un peu plus rapide. C'est le seul côté positif : la grand majorité des hydrocarbures sont issus de la minéralisation et de l'enfouissement d'anciennes         mangroves. Il y a donc une continuité entre la végétation de ces espaces et les hydrocarbures en terme de structure chimique. La biodégradation sera donc plus rapide que sur un rocher car ce         sont des molécules qui sont plus ou moins connues des communautés microbiennes qui vivent dans les mangroves.       

        Quand la crise sera passée, on peut donc imaginer qu'il y aura une exacerbation de la vie, ces hydrocarbures seront utilisés comme source de carbone. Les         hydrocarbures restent un composé naturel : le problème est très différent que lors d'une pollution par pesticides, pour lesquels aucun organisme vivant ne peut dégrader la molécule. Mais il y         aura des impacts écologiques majeurs, c'est certain. Pour que l'écosystème retrouve son intégrité, qu'une forêt se reconstitue et joue son rôle par rapport à la faune, il y en a peut-être         pour 20 ou 30 ans.       

          Propos recueillis par Soren Seelow        

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