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14 mai 2010

L’heure de vérité



Hape - Gera (Flickr, cc)

Hape - Gera (Flickr, cc)


C’est officiel, en échange du plan de sauvegarde concocté à Bruxelles, les Etats européens sont invités à renoncer à toute politique économico-financière autonome. Attachez vos ceintures : chaud débat en vue !
*
En attendant, permettez-moi de faire remarquer que les consultants de ce blog ne pourront pas se plaindre de n’avoir pas été prévenus (non, non, inutile de me remercier, je n’ai fait que mon devoir !!!).
1- La croissance de notre économie au premier semestre 2010 aura été quasiment nulle (+ 0,1 %) et, surtout, contrairement à ce que tambourine un certain discours propagandiste, plus faible que la moyenne de la croissance européenne : + 0,2 %. Même l’Italie et l’Espagne ont fait beaucoup mieux.
D’une façon générale, nous ne sommes nullement les meilleurs, nous faisons partie des plus mauvais, mais nous sommes les moins mauvais des plus mauvais. Ou, plus exactement, nous ne sommes les pires en aucun domaine, mais à la différence de nos partenaires, nous sommes assez mauvais en tout.

2- Le faramineux plan de sauvegarde concocté à Bruxelles se heurte à un scepticisme généralisé, comme le prouve la flambée de l’or qui redevient une valeur-refuge et la remontée des taux d’intérêt exigés de la Grèce. Gageons que, bientôt, même Frédéric Lefebvre ne clamera plus que c’est Sarkozy tout seul, comme un grand, qui en a eu l’idée.
En fait, c’est Barack Obama qui a exigé cette mobilisation virtuelle de 750 milliards de dollars pour éviter une dégringolade de l’euro, ce qui aurait dopé excessivement le dollar et cassé le début de reprise américaine.

3- Sarkozy s’est prononcé en faveur d’un gouvernement économique au niveau de la zone euro. Théoriquement, il n’a pas tort. Or, la Commission européenne, faisant du zèle, vient de proposer que les budgets des pays membres de l’Union, même si ceux-ci n’ont pas adopté l’euro, puissent lui être soumis préalablement pour examen. Ce qui revient à contrôler leur politique économico-financière pour les empêcher de programmer des déficits excessifs.
Or, qui a été le premier à dénoncer cette proposition ? Luc Chatel au nom de la France. Et, théoriquement toujours, il a raison. Mais, alors, en dehors de l’incantation, qu’est-ce qu’une gouvernance économique européenne ?

4- Ne tournons pas autour du pot : notre croissance en 2009 et au premier trimestre 2010 ayant été beaucoup plus faible qu’annoncée, notre dette a d’ores et déjà augmenté de 1 % (en part de PIB). Et, il se confirme, en outre, que la reprise économique pour 2010 et 2011 sera, au mieux, deux fois moins dynamique que prévue : moins de 1 % en 2010.
Ajoutons que les mesures lourdes d’austérité prises dans plusieurs pays, qui sont nos partenaires et clients, et la réduction de nos propres dépenses (au mieux de 10 % en trois ans) risquent même de rendre plus grises encore ces prévisions. Donc, mécaniquement, les suppléments de recettes attendus vont faire défaut. En conséquence, pour réduire les déficits, ne serait-ce que de 3 %, si on ne veut pas s’attaquer au système fiscal, ce sont à des coupes budgétaires d’une extrême brutalité qu’il va falloir procéder. Lesquelles auront à leur tour un effet récessionniste.
Le reste est camouflage et poudre aux yeux.

5- Des mesures de rigueur acceptables et efficaces, on pourrait en décliner quelques-unes : si on récupérait les 15 milliards qu’a coûté la loi TEPA, défiscalisation des heures supplémentaires comprise ; les 23 milliards correspondant aux niches fiscales les plus iniques, telle la fameuse niche Copé qui exonèrent les plus-values générées par les ventes de filiales de grandes société ; les 20 milliards que représentent ce que nous dépensons de plus que l’Allemagne et la Grande-Bretagne en matière militaire ; les 20 milliards qui correspondent à la partie la plus obsolète des réductions de charges sociales accordées aux grandes entreprises pour faire passer les 35 heures ; les 3 milliards de baisse de TVA sur l’hôtellerie et la restauration qui n’ont quasiment pas créé d’emplois ; les milliards de trop que coûte le train de vie de l’Etat, présidence de la République en tête (le plus dispendieux, et de loin, de toute l’Europe en frais de personnel, d’apparat, de protection, de transport, de communication, etc.) ; et quelques autres milliards qui servent à subventionner des associations bidons ou amies, voire des clientèles… si, donc, on réinjectait dans le budget ces quelques 90 milliards que représentent, soit des dépenses abusives, soit des moindres recette aberrantes, on réduirait considérablement le déficit des comptes publics.
Mais, il est évident qu’on ne fera pas ces choix-là. On préférera, entre autres, couper dans les dépenses sociales.
*
Pour terminer en se bidonnant, signalons ce gros titre de une du Figaro « rigueur budgétaire : un piège pour le PS ! ». Même à l’Huma, dans les années 50, ils n’auraient pas osé.


Mercredi 12 Mai 2010

Jean-François Kahn

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