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9 juin 2010

Chat Le Monde - Najat Vallaud Belkacem : au PS, "c'est Ségolène Royal qui crée le mouvement".

    Jérémie Fontanieu : Ségolène Royal est-elle capable d'assumer     pleinement le sacrifice personnel au profit du projet collectif qu'elle a évoqué dernièrement ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Je le crois sincèrement. Cela peut paraître difficile de faire ainsi le sacrifice d'une     ambition après tout ce qu'elle a vécu depuis 2006, mais la situation économique, sociale et politique en France a atteint un tel degré de crise que tout ce qui pourrait nuire à une alternative de     gauche en 2012 serait criminel. Ségolène l'a bien compris. C'est la raison pour laquelle elle propose de réfléchir à un dispositif gagnant dans lequel l'intérêt de la gauche, et surtout l'intérêt     des Français, l'emporte sur les ambitions personnelles.  

 

   
 

 

    Sarah :  Mais Ségolène Royal ne va-t-elle pas trop vite en affirmant déjà "pouvoir gagner les primaires"     ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Ce n'était qu'un constat, pour le moins objectif. Tout le monde reconnaît à Ségolène ce rapport particulier aux Français,     cette aptitude à déplacer des électeurs qu'on voyait rarement (les nouveaux militants du Parti socialiste, les jeunes, etc.), ce parler franc et différent qui en fait une responsable politique     plus écoutée que les autres, cette "politique par la preuve" qui la conduit à toujours faire ce qu'elle dit et dire ce qu'elle fait.  

 

    Ses chances, si elle se présentait aux primaires, de l'emporter ne font donc pas de doute pour moi. Cela n'en rend que plus responsable son attitude constructive à     l'égard de ses concurrents et du Parti socialiste.  

 

 

 

    Airikc : Le scénario d'un tamdem DSK-Royal ( le premier pour la présidence, la seconde pour Matignon) vous semble-t-il envisageable ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Pour ce que je sais de Ségolène Royal, elle ne raisonne pas du tout comme ça. Je crois vraiment que le dispositif gagnant     qu'elle a évoqué ces derniers jours s'appuie sur un travail sur les idées qui permette aux socialistes, rassemblés, de présenter un programme cohérent, ambitieux et enthousiasmant, plus que sur     une simple distribution des postes.  

 

 

 

    Leila_Agic : Que pensez-vous du calendrier des primaires ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : J'aurais préféré que ces primaires soient organisées plus tôt. L'automne 2011 me paraît bien lointain pour désigner un     leader. Connaissant la nature humaine, je crains que l'année qui vient ne soit consacrée par les principaux prétendants à fourbir leurs armes et ne fasse renaître, malgré les efforts de     quelques-unes (Ségolène), la guerre des chefs qui nous insupporte tous. Cela étant, je suis quand même très heureuse que le principe des primaires ait été adopté. Je crois que c'est un progrès     majeur, d'autant que, comme les "royalistes" le suggéraient depuis longtemps, un certain nombre de garanties de transparence du scrutin semblent avoir été prises. Je suis confiante dans     la capacité de ces primaires à réattirer vers nous des Français que nous n'enthousiasmions plus et à entraîner, je l'espère, une dynamique positive pour l'élection présidentielle, à condition,     bien sûr, que le leader désigné soit soutenu par l'ensemble des socialistes.  

 

 

 

    Guest : Quelle est pour vous la meilleure période pour les primaires du Parti socialiste ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : C'est en réalité un équilibre à trouver : il fallait que ces primaires aient lieu suffisamment tôt pour que les candidats     défaits aient le temps ensuite de panser leurs plaies et de se rassembler derrière le vainqueur, structurer une équipe de campagne et partir dans les meilleures conditions pour la présidentielle     ; et suffisamment tard pour que la dynamique enclenchée par ces primaires et la sympathie qu'elles auront occasionnée chez les Français puissent servir à la campagne présidentielle elle-même et     au candidat de gauche. Je suppose que des primaires début septembre 2011 (et un peu plus longues que six semaines pour laisser le temps au débat d'éclore) eussent été une solution plus     satisfaisante.  

 

 

 

    Marcot : Si DSK ou Aubry sont désignés pour 2012, quel rôle souhaitez-vous jouer dans la campagne ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Je suis actuellement secrétaire nationale du Parti socialiste chargée des questions de société. C'est une responsabilité     absolument passionnante qui m'amène à réfléchir à rien de moins qu'aux valeurs qui sont les nôtres. Sur des sujets comme l'égalité, la liberté, notre rapport au progrès, à l'autorité, etc., un     certain nombre de positions doivent être revues au prisme d'une société qui évolue, tout en sachant garder l'essentiel : nos valeurs. Je crois que la gauche, en 2012, sera attendue au tournant     sur ces sujets, qu'il lui faudra bien sûr paraître crédible économiquement, en mesure de gouverner ce pays, mais qu'il lui faudra aussi faire rêver, avec un souffle nouveau, des ambitions     nouvelles pour notre société. Si je peux contribuer à cette réflexion pour le projet 2012, je le ferai avec plaisir.  

 

 

 

    Cedric : Si la gauche gagne en 2012, seriez-vous candidate à un ministère ? Lequel ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Là n'est pas la question, et il me semblerait même un peu prétentieux de chercher à y répondre. Ce qui est sûr en     revanche, c'est que je ferai tout ce qui est en mon possible pour que la gauche gagne en 2012.  

 

 

 

    Biloute : Gérard Collomb prend des positions très en marge de celles de la direction du PS. De plus, il refuse la limitation     du cumul, pourtant votée par les militants. Vous êtes élue à Lyon, cela ne vous gêne pas, cette attitude ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Gérard Collomb est l'un des hommes politiques pour lesquels j'ai le plus de respect et d'admiration. Ce qu'il a réussi à     faire de Lyon et de l'agglomération lyonnaise en à peine quelques années est remarquable.  

 

    Que, fort de cette expérience et de cette légitimité confirmées par les urnes, il tente de peser sur la ligne politique et les propositions du Parti socialiste, non     seulement ne me choque pas, mais me paraît même indispensable. Le Parti socialiste a tout à gagner à sortir de Solferino pour s'inspirer de ses réussites innombrables dans les territoires.  

 

    Quant à la question du cumul des mandats, en particulier pour les sénateurs, Gérard Collomb soulève un sujet majeur, et il a raison : le Sénat est la représentation     des collectivités territoriales. Si on adopte le non-cumul des mandats entre exécutif local et sénateurs, il faudra alors réfléchir à trouver une autre forme de représentation de ces     collectivités dans l'Assemblée sénatoriale. Pourquoi ne pas instaurer un collège des maires, présidents de conseils généraux, présidents de conseils régionaux, etc. ?  

 

   
 

 

    Aziz : Que pensez-vous de la boucherie perpétrée par Tsahal contre des humanitaires ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Il faut évidemment dénoncer le raid israélien, et je fais partie de ceux qui appellent à une     levée du blocus sur Gaza.  

 

   
 

 

    Max : Julien Dray soutient M. Hortefeux condamné pour racisme, une drôle d'image du PS, non ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Julien Dray, qui a connu à sa manière les tourments de l'hallali médiatique, a sans doute ressenti une certaine empathie à     l'égard de M. Hortefeux. Je n'aime pas non plus l'acharnement médiatique, mais en l'occurrence, je trouve extrêmement grave qu'un ministre en exercice chargé de la paix sociale se soit rendu     coupable de propos que nous avons tous interprétés comme des propos racistes. Lorsqu'on est un responsable politique de ce niveau, on maîtrise sa parole.  

 

 

 

    David : Quelle est la position du PS par rapport à la proposition de loi visant à créer un délit de polygamie (entre autres) déposée par Nicolas About au Sénat le 26 mai ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Je m'étonne de cette proposition, puisque je rappelle que la polygamie est d'ores et déjà interdite par le droit français.     On est là encore dans la politique du fait divers, de l'émotion, et pour tout dire, du cynisme et de l'irresponsabilité d'un certain nombre d'hommes politiques qui, à trop vouloir désigner des     boucs émissaires, finissent par saper la cohésion nationale. Il est des centaines de sujets qui attendent les pouvoirs publics : chômage des jeunes, situation des banlieues, crise économique...     Qu'attend-on pour s'attaquer à ces priorités au lieu d'en distraire les Français avec force voiles ?  

 

 

 

    Yassissou : La parité est-elle en train de faire sa rentrée au sein du PS ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Elle nous est imposée depuis quelque temps déjà, mais c'est vrai que l'ouvrage doit en permanence être remis sur le     métier. L'exigence de parité, comme celle d'ailleurs de renouvellement générationnel ou de diversité, ne souffre plus les petits calculs qui consistent à ne distribuer aux candidats concernés que     des circonscriptions dites "ingagnables". Ce qui est intéressant dans le texte que le conseil national du PS vient d'adopter, c'est que pour la première fois, à côté de ces engagements     (parité, etc.), apparaît l'expression "circonscriptions gagnables".  

 

    Cela étant, il faut espérer que le Parti socialiste l'emporte en 2012 et revienne sur la réforme territoriale du gouvernement actuel. Dans le cas contraire, le     parti aura beau faire tous ses efforts, ils seront en partie annihilés par les coups de boutoir donnés à la parité dans le nouveau statut du conseiller territorial qu'on nous prépare.  

 

 

 

    Guest : Quelle est votre opinion sur le projet de loi contre le port de la burqa ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Tout dans mes convictions féministes et progressistes s'oppose au port de la burqa. En particulier, bien entendu,     lorsqu'il est imposé. Pour autant, j'ai trouvé insupportable le poids médiatico-politique donné à ce sujet, comme si nous tenions là l'alpha et l'oméga de la dignité, de la liberté et de     l'égalité hommes-femmes. Il y a eu trop d'arrière-pensées dans la conduite de ce débat, comme de celui consacré à l'identité nationale. Une partie importante de la population s'est sentie     stigmatisée, s'est braquée, y compris lorsque, comme moi, elle rejette absolument ce morceau de tissu. Faut-il une loi pour le proscrire ? Je pense que cela passera plutôt par l'éducation, par la     lutte contre les discriminations, par l'égalité des chances, par l'accès à la culture.  

 

    Que l'on estime ce voile malvenu dans les lieux de service public, j'arrive encore à le comprendre ; toute société cherche à trouver l'équilibre entre la liberté     individuelle et les impératifs de sécurité, de laïcité, etc., qui sont les siens. C'est ainsi que l'interdiction du foulard à l'école me semble être une mesure légitime. En revanche, que l'on     puisse interdire aux femmes portant le voile (dont on sait que certaines ne quitteront bien sûr pas ce vêtement) de se promener librement dans la rue, cela me choque. Je suis opposée par principe     aux lois d'exception, aux interdictions générales et absolues.  

 

 

 

    Guest : Pensez-vous qu'Internet (réseaux sociaux...) constitue un danger pour la vie privée ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Assurément. Il faut vraiment conduire une réflexion de fond sur ces sujets. Je le dis d'autant plus facilement que je suis     une grande adepte du Web, mais, pour cette raison précise, consciente de ses dérives. Apprendre aux plus jeunes à ne pas se livrer totalement sur la Toile est une nécessité. Instaurer sur le Net     un droit à l'oubli en est une autre. Veiller à ce que ne se propagent pas sur ce grand écosystème démocratique les contre-vérités et les diffamations en est une troisième. L'idée, avec ces     précautions, c'est de permettre à ce qui est devenu aujourd'hui le principal outil d'information, de rencontre, de discussion et de partage de continuer à s'attirer les faveurs du public.  

 

 

 

    Zazou : Ségolène Royal était la gazelle du PS, aujourd'hui elle entre dans le troupeau, pourquoi ?  

 

    Najat Vallaud-Belkacem : Je ne suis pas si sûre qu'elle entre dans un troupeau. Je crois plutôt qu'elle l'entraîne. Chacune des mesures adoptées     hier par le Parti socialiste (rénovation de ses instances, non-cumul des mandats, primaires...) avait été au préalable longuement portée par elle. La vérité oblige à dire que sur ces sujets,     comme sur d'autres (social-écologie, démocratie participative, fraternité...), c'est elle qui crée le mouvement. En proposant de mettre de côté ses ambitions personnelles au profit d'un succès     collectif (dont je rappelle toujours qu'il est conditionné par la capacité des uns et des autres à s'entendre sur un projet cohérent et novateur), elle donne une fois de plus le la.     J'attends de voir qui la suivra sur ce chemin.  

 

 

 

    Source : Le Monde.  

 

 

 

 

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