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19 juin 2010

DSK en eaux troubles : soutenir SARKOZY, court-circuiter ROYAL

  Par S P        sur LE POST              

le 18/06/2010

                                  DSK_SKZ2

La déclaration du FMI sur la France en date du 15 juin est édifiante. Le FMI, nous dira-t-on,  prend particulièrement  garde à ce que ses membres n’interfèrent en aucune manière avec les enjeux de politique intérieure de leur pays respectifs. Or, il n’aura échappé à personne que   Dominique Strauss-Kahn assure la direction du FMI - grâce à Nicolas Sarkozy, soit dit en passant ! Le satisfecit décerné à la politique de Nicolas Sarkozy est patent, notamment en matière de retraites, bien que ce texte ait  été publié   juste avant l’annonce officielle par Eric Woerth du contenu de la réforme projetée. Le texte est aussi particulièrement habile en ce sens où il parvient à s’insérer  dans le débat ouvert par Ségolène royal à propos de l’organisation d’un référendum sur ce thème.


I) Le FMI félicite en fait N. Sarkozy pour ses « efforts » et plébiscite sa politique


A) Il salue les mesures de rigueur  budgétaire du gouvernement


-  Il évoque la nécessité de « limiter la hausse disproportionnée des dépenses des collectivités territoriales »[1]

-   à ce propos, parmi les réformes « bienvenues »: la réforme récente de la taxe professionnelle, ainsi que le  gel des transferts en valeur nominale de l’État vers les collectivités territoriales sur la période 2011-2013 qui favoriserait  les gains d’efficacité ! [2]

- il applaudit le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, le gel des dépenses publiques  (sous couvert de « maîtrise » des dépenses sociales) [3]

- poursuit la culpabilisation des chômeurs : « Les mesures destinées à augmenter les incitations à travailler, telle que la mise en œuvre effective d’exigences en matière de recherche d'emploi, doivent être poursuivies » (point 20) .

Le  FMI applaudit la volonté d’inscrire dans la constitution une règle budgétaire contraignante (point 10)[4] et l’interdiction de nouvelles dépenses fiscales (point 7) - ce qui revient à ligoter le futur Président élu en 2012 et vouloir garantir la poursuite de la politique de N. Sarkozy ; car enfin, si évidemment, il nous faut parvenir à maîtriser la dette publique, la possibilité d’un déficit dit « keynésien » ne doit pas nous être ôtée !


B) Il avalise l’esprit même de la réforme des retraites  et le relèvement de l’âge légal


Selon le FMI,  « la réforme des retraites et du système de santé doivent constituer la pierre angulaire de la stratégie budgétaire de moyen terme. Le gouvernement accorde donc à juste titre une attention particulière à une réforme des retraites visant à repousser l’âge effectif de départ à la retraite, des mesures concrètes devant être dévoilées sous peu » (point 8).  « Le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite, inclus dans la réforme des retraites annoncée, constitue un facteur décisif de l’accroissement du taux d’emploi des seniors » (point 20) .


Mieux encore : « il convient toutefois de résister aux pressions qui conduiraient à ne pas corriger les déséquilibres fondamentaux et à s’appuyer démesurément sur des mesures d’accroissement des recettes »(point 8).

Apparaît ici en creux la crainte de voir examiner le volet « recettes »  et … de faire cotiser le capital  ! Nous sommes bien loin  de la volonté de Ségolène Royal , rejointe en cela par le    reste du  PS  : outre le maintien de  l’âge légal de   possible départ, prendre en compte tous les paramètres, faire cotiser le capital  et non pas seulement le travail


II)  Pour les retraites  :  sous le couvert d’appeler lui  aussi à un référendum, les jeux politiciens


A) Le fond du message : que le gouvernement « résiste aux pressions » !


Alors que le PS et les syndicats s’opposent fortement  au projet de réforme des retraites, le FMI appelle le gouvernement à ne pas céder aux revendications (aux « pressions » ou oppositions de toute sorte, si j’ai bien compris ! ) . Or, Martine Aubry a déclaré très clairement être  sur la même ligne que DSK, notamment sur France Inter. Comment peut-elle dès lors diriger ce mouvement d’opposition de la gauche ?

Rappelons que le 17 janvier 2010 , Martine Aubry déclarait penser  « qu'on doit aller, qu'on va aller très certainement vers 61 ou 62 ans.». Michel Rocard, lui même « catastrophé » en 1982,    devait acquiescer : « Mon amie et camarade Martine Aubry a eu raison, il lui a fallu du courage ».  L’ ajustement auquel elle  aura ensuite procédé  sous la pression,  semble bien plus un ajustement stratégique que de conviction. Il est vrai que le FMI s’y connaît en matière d’ajustement  !!!

N’a-t-on pas les deux versions d’un même discours : Recadrée par Laurent Fabius, Martine Aubry s’attache désormais à défendre – à usage de politique intérieure – la retraite à 60 ans, tandis qu’à l’extérieur DSK professe un tout autre aspect des choses ?  Martine Aubry tient-elle les fers au chaud, pour mieux ferrer l’électeur en 2012, tandis que soit DSK, soit elle-même, une fois parvenus au pouvoir en 2012 ne reviendraient finalement pas sur l’abandon de la retraite  à 60 ans, arguant pour l’un l’avoir pressenti, pour l’autre que les  conditions ont changé et que sa première intuition était la bonne ? Ah , la belle tactique ! Pourquoi donc Martine Aubry, conseillée par Laurent Fabius,  fait-elle rejouer au PS   cette partition du discours de gauche dans l’opposition et de la dérive libérale une fois revenu aux affaires ?  Les citoyens n’en veulent plus.


B) L’habillage : le ralliement  de DSK à un référendum ?


La suite logique de ce   discours    est de parvenir cependant à faire croire au citoyen que l’on prend en compte sa parole.  Ainsi le FMI note-t-il dans la déclaration datée du 15 juin 2010 :

« Il est important qu’une consultation publique ait lieu sur une telle réforme décisive » (point 8, toujours).

Ah, la bonne idée que voilà, défendue  précisément par  ….Ségolène Royal (et par  Jean-Luc Mélenchon). Mais il  est clair qu’est  ici   attendue par le FMI une réponse positive des électeurs à la réforme projetée par  Nicolas Sarkozy !

Encore une fois du « ségolénisme sans Ségolène » ? ou une idée de Ségolène Royal devenant peu à peu « patrimoine commun du PS » ? (selon les termes de Jean-Louis Bianco - cf. http://www.lepost.fr/perso/tefy-andriamanana/) … Ou alors : comment s’engouffrer dans la brèche … sans s’y engager réellement ou bien encore sans reconnaître aucune antériorité de la démarche ou du moins  originalité de celle-ci ?

La crainte des membres du PS de voir Ségolène Royal porter une idée qui ne serait pas la leur et qui la placerait plus encore en position de porte-parole ou    porte-drapeau (républicain, bien sûr ! ) des catégories populaires est insupportable à beaucoup d’éléphants solférinesques, caciques soudain épouvantés !

La  voie choisie par Ségolène Royal : défendre le peuple, donner la parole aux citoyens, être la voix des sans-voix ...  marque autant  son ancrage à gauche sur le fond que sa volonté d'un nouveau fonctionnement politique.  Elle inaugure tant une nouvelle ère politique que toutes les stratégies sont bonnes à son encontre : d’abord la taxer d’anti-parlementarisme ou de démagogie  puis lui emboîter le pas !  (cf. http://www.lepost.fr/article/2010/06/16/2115797_un-referendum-sur-les-retraites-vite-avec-segolene-royal-et-une-gauche-enfin-citoyenne_1_0_1.html)

En bref, ici, pour DSK : vouloir lui aussi ce lien  avec le peuple qu’il n’a pas, marquer lui aussi son intérêt pour  la parole citoyenne, couper l’herbe sous le pied de Ségolène Royal … Mais surtout : que le peuple vote dans le sens qui lui aura été assigné : faire d’une pierre deux coups, en quelque sorte !


SOURCES :

- France : Consultations de 2010 au titre de l’article IV - Conclusions de la mission du FMI, 15 juin 2010, disponible sur : http://www.imf.org/external/french/np/ms/2010/061510f.htm

- Contes publics Just another Blog.lemonde.fr weblog : Pour le FMI, la France pourrait sous-estimer les efforts de redressement

- [ 18/06/10 - 01H00 - Les Echos - actualisé à 00:35:53 ] : Les mesures d'économies vont dans le bon sens, selon le FMI

Ainsi, si (seul bémol) la France peut sous-estimer les efforts de redressement, selon le FMI,  les  mesures d'économies vont dans le bon sens !


 

[1] -  dans le point 5 : « D’importantes réformes de long terme (en particulier concernant les retraites et le système de santé), ne produiraient que des économies limitées dans l’immédiat, mais auront des effets positifs et significatifs en termes de crédibilité auprès des marchés financiers et sur la demande intérieure. La stratégie budgétaire devra également veiller de façon adaptée à limiter la hausse disproportionnée des dépenses des collectivités territoriales.

 

 

[2] - point 9 : Les efforts déjà mis en œuvre pour maîtriser les dépenses des collectivités territoriales doivent être poursuivis avec détermination sur le moyen terme. L’accroissement des dépenses publiques avant la crise est attribuable pour une grande part aux collectivités territoriales, dont la forte autonomie de décision en matière de dépenses complique le processus de consolidation. Cependant, la réforme récente de la taxe professionnelle et les efforts pour renforcer la transparence et l’obligation de rendre compte, y compris en liant les futures augmentations de la fiscalité locale des entreprises à celles appliquées aux ménages, constituent des initiatives bienvenues. La réforme prévue en matière de consolidation budgétaire au niveau des collectivités territoriales pourrait contribuer à promouvoir un comportement plus responsable en matière budgétaire. Le gel des transferts en valeur nominale de l’État vers les collectivités territoriales sur la période 2011-2013 favorisera les gains d’efficacité, notamment en réduisant la taille de chacun des quatre niveaux d’administration locale et en limitant les doublons.

 

 

[3] - point 7 : La stratégie de consolidation budgétaire annoncée réunit un certain nombre d’éléments indispensables, mais la maîtrise des dépenses sociales est cruciale. Les mesures de rigueur prises par les administrations centrales, notamment la poursuite de la réduction des effectifs des fonctionnaires (avec le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux) et l’annonce récente des gels des dépenses publiques en valeur nominale, permettront de maîtriser la hausse des dépenses des administrations publiques. Pour réussir, la démarche de consolidation doit inclure un contrôle renforcé des transferts de ressources de l’État à la fois vers les administrations de sécurité sociale et vers les collectivités territoriales. La proposition d’interdire l’introduction de nouvelles dépenses fiscales et exonérations de cotisations de sécurité sociale (mesure appliquée de fait à compter de mi-2010 et destinée à être, inscrite par la suite dans la Constitution) constitue un progrès encourageant dans l’amélioration de la discipline budgétaire.

 

 

[4] - point 10 : « Les mesures plus ambitieuses envisagées à ce stade comprennent l’adoption d’une règle budgétaire: Cette mesure constituerait une réforme significative, en particulier si elle était formulée en termes structurels en vue de garantir la poursuite des efforts budgétaires après la sortie de crise. Afin d’être parfaitement crédible, cette règle devra être inscrite au plus haut niveau de la hiérarchie des normes. Elle doit surtout englober les administrations centrales et le système de sécurité sociale et prévoir un dispositif efficace afin d’assurer un comportement responsable des collectivités territoriales. Une telle approche – déjà adoptée par d’autres pays européens – enverrait un signal important qui stimulerait la confiance. Pour qu’une règle budgétaire structurelle fonctionne correctement, les calculs de production potentielle devraient être préparés ou validés par une autorité indépendante.

 

 

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