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11 septembre 2010

Aubry-Royal, l'entente cordiale

C'est le couple surprise de l'année : la première secrétaire du PS et la candidate de 2007 ne cessent d'afficher leurs accords. Jusqu'à quand ?

 

Leur animosité était si grande, leur détestation si forte, leur rivalité si cruelle, que la réconciliation garde un soupçon d'improbable. Martine Aubry et Ségolène Royal se reparlent en tête à tête, s'affichent ensemble comme à La Rochelle et se partagent les rôles, comme jeudi soir, sur France 2, lorsque Ségolène Royal a remplacé Martine Aubry, pour livrer bataille au nom du Parti socialiste contre le projet de réforme des retraites. La première secrétaire avait décliné l'invitation, arguant d'un impératif à Lille avec deux ministres belges. Contactée par Arlette Chabot, Ségolène Royal n'a pas hésité.

Nul ne sait ce que les deux anciennes rivales du congrès de Reims se disent. Tout juste connaît-on le rituel de leur rencontre, presque protocolaire : la première secrétaire se rend, seule, une fois par mois dans les bureaux parisiens de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle, boulevard Raspail. Les conversations ne dépassent pas le huis clos, ou en tout cas l'oreille des confidents les plus proches. " A force, elles vont finir par se trouver sympathiques ", persiflent les entourages respectifs.

Lorsqu'il a vent des rencontres, François Hollande, l'ancien premier secrétaire, rival de Martine Aubry et ancien compagnon de Ségolène Royal, a souvent les oreilles qui sifflent ! " Elles partagent au moins leur détestation de François ", se désole un proche du député de la Corrèze.

Le rapprochement est encore frais. C'était au printemps, au sortir des élections régionales, première victoire électorale de Martine Aubry. Ségolène Royal, confortablement réélue dans son fief de Poitou-Charentes, reçoit un message de félicitations de la première secrétaire. Elle décroche son téléphone. " Merci Martine, nous devrions nous voir. " Le 31 mars, Mme Aubry se fait déposer au pied du boulevard Raspail par son chauffeur. Depuis, l'habitude a été prise.

Les deux rivales ont fait promesse de se ménager. Finies les mauvaises manières, oubliées les soupçons de tricherie, Mme Royal et Mme Aubry ont chacune mesuré l'intérêt d'une pacification. " Je suis dans une dynamique de sagesse mais je veux être respectée ", assure Ségolène Royal. " Elle a rassuré tout le monde en promettant qu'elle ne jouerait pas contre les intérêts du parti et elle s'est en même temps réintégrée dans le jeu des présidentiables ", décryptent ses partisans. " Martine Aubry avait du mal avec Ségolène Royal, trop insaisissable. Elle avait peur qu'elle ne se place en dehors des primaires du parti ", observe un membre de la direction. " Les régionales ont tout changé. La victoire a donné à Martine sa légitimité. Ségolène Royal l'a reconnue. Aujourd'hui, Martine est la garante de l'unité du parti. En deux ans, elle a remis debout un parti à la renverse ", défend Claude Bartolone, un proche de Mme Aubry.

Mais la mise en scène de leur union est trop appuyée pour ne pas relever les rivalités persistantes des deux " camarades ". Ségolène Royal n'a renoncé à rien et continue d'entretenir par petites touches l'ambiguïté sur ses ambitions. " Je me sens une dette vis-à-vis des Français. En campagne, je ne suis pas la plus mauvaise. J'aime ça ! L'évolution du parti montre que j'étais en avance. Mes idées diffusent, l'ordre juste, la fraternité ", a-t-elle confié, rayonnante dans les couloirs de La Rochelle. Tout juste s'autorise-t-elle un doute : " Les Français voudront-ils la même affiche qu'en 2007 ? "

" Non, affirme Claude Bartolone, député PS de Seine-Saint-Denis. 2007 c'était la campagne des enfants de la télé. La crise est tellement grave que nous n'aurons pas en 2012 une campagne d'images. " Michel Sapin, proche de François Hollande, partage l'analyse : " 2007 était un moment très particulier, les deux candidats principaux étaient nouveaux, le ressort c'était la rupture. L'absence de réponse face à la crise fait qu'on recherchera un autre profil en 2012. "

Les deux femmes, au caractère et au profil si différents, se disputent le même registre, le statut de première opposante. Mais quand Martine Aubry joue la prudence, pèse ses mots, Ségolène Royal sonne la charge, comme en pleine affaire Woerth-Bettencourt ou elle pourfend au " 20 heures " de TF1 " le système corrompu " de Nicolas Sarkozy. " Aubry, c'est un diesel, il lui faut du temps pour monter en puissance, trouver ses marques. Elle avance une haie après l'autre ", analyse un proche de la première secrétaire.

Jeudi soir 9 septembre, devant le succès de la prestation de Ségolène Royal, sur France 2, saluée par les partisans, comme les contempteurs de l'ancienne candidate de 2007, la Rue de Solférino a dû affûter ses arguments. " Martine Aubry a voulu montrer à travers ce moment qu'il faut faire vivre le collectif, plaide la direction du parti. Ségolène s'est exprimée au nom du parti. Nous avons travaillé avec elle à la préparation de l'émission, avec Martine Aubry, Marisol Touraine et Benoît Hamon. Le format de l'émission, le fait qu'il n'y avait pas de dialogue avec le premier ministre, mais une succession d'intervenants n'obligeait pas la première secrétaire à être là. "

" Nous sommes une équipe, insiste François Lamy, le conseiller politique de Martine Aubry. Nous ne sommes pas dans les primaires. Pour l'instant on fait circuler la balle. Nous ne sommes pas à savoir qui marquera le but. " La première secrétaire a bien l'intention de reprendre la balle au bond : dès samedi, et durant toute la semaine, elle compte s'exprimer sur les retraites et enfiler son brassard de capitaine.

Sophie Landrin

© Le Monde

 

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