Victoire de Dilma Rousseff : un vote de confiance en l'avenir
Je
salue chaleureusement la belle victoire de Dilma Rousseff à l'élection
présidentielle brésilienne. Je me réjouis que le peuple brésilien ait
choisi de poursuivre et d'approfondir avec elle le changement
économique,
social et démocratique conduit avec audace et pragmatisme par le
Président Lula.
Dilma Rousseff dont j'ai pu, lors de nos
rencontres au
Brésil, mesurer le courage, la compétence et la détermination, a
affronté une campagne dure au cours de laquelle les partisans de son
adversaire
ont alimenté les rumeurs les plus basses et tenté de jouer sur la peur.
Le Président Lula avait dû, en 2002, subir le tir de barrage de ceux,
marchés financiers en tête, qui prédisaient le chaos au cas où il serait élu.
Dilma Rousseff a eu, elle aussi, sa part d'attaques violentes
et de pronostics apocalyptiques décrivant un pays à feu et à sang au cas où elle en prendrait la tête.
Mais les électeurs brésiliens ne
sont pas tombés dans le panneau.
Après avoir, pour la première fois dans l'histoire de leur pays, porté un ouvrier à la magistrature
suprême, ils ont, pour la première fois encore, choisi une femme comme chef de l'Etat de la 8ème puissance économique mondiale.
Les
électeurs
brésiliens n'ont, ce faisant, pas seulement approuvé le bilan
spectaculaire des années Lula : une croissance de plus de 7%, record du
dernier quart de siècle, un chômage au plus bas, une classe moyenne
désormais majoritaire, une pauvreté efficacement combattue pour des
dizaines
de millions de familles, un poids diplomatique croissant.
Ils ont aussi exprimé cette confiance dans l'avenir de ceux qui savent leur pays en
plein essor et l'avenir de leurs enfants assuré d'être meilleur.
Du Brésil si légitimement fier de s'être « affranchi de la tutelle
du FMI », comme aime à la rappeler Dilma Rousseff, nous sont venues quelques fortes leçons d'une cuisante actualité.
La première, c'est que
la justice sociale n'est pas l'ennemie mais le carburant du dynamisme économique.
La
seconde, comme l'a également souligné Dilma Rousseff
durant sa campagne, c'est le rôle irremplaçable d'un Etat anticipateur
et moteur pour qu'un pays titre, au service de tous, le meilleur parti
de ses
atouts.
La troisième leçon, c'est la nécessité d'un dialogue permanent avec les citoyens, les mouvements sociaux et les organisations
syndicales car une démocratie participative et sociale accroît l'efficacité des politiques publiques.
Une
femme énergique et de
conviction vient d'être élue à la tête d'un grand pays qui peut puiser
dans ses succès la force d'ouvrir de nouveaux chantiers et d'aller de
l'avant.
Sa victoire est une bonne nouvelle pour le peuple brésilien et pour tous ceux qui veulent construire un ordre juste à l'échelle
planétaire.
Ségolène Royal