Ségolène Royal prend la dame !
Depuis le congrès de Reims qui avait vu s’affronter Martine Aubry et Ségolène Royal, la direction du PS a tout tenté pour disqualifier la présidente de Poitou-Charentes. Isolée selon cette direction, l’ancienne candidate de 2007 apparaissait distancée à gros renforts de sondages et d’articles dans la presse. Oublié le temps des grands rassemblements autour de Ségolène Royal, la trahison prenait résidence et les petits caporaux fuyaient le navire comme les rats avant la tempête …
Quelle fut donc la surprise pour beaucoup de voir Martine Aubry confier sa place dans les grands rendez-vous des médias. Quel fut l’étonnement d’entendre Martine Aubry accepter d’associer au pacte « secret » de Marrakech, aux côtés de Dominique Strauss-Kahn, celle qu’on présentait il y a encore peu comme politiquement morte. Quelle fut la stupéfaction de voir Martine Aubry venir reconnaître la trahison de 2007 sur une chaîne publique : "On a tiré toutes les leçons du passé : les leçons de la division, de l'absence de travail et d'une responsabilité qui n'a peut-être pas été suffisamment grande" !
Comment
expliquer un tel revirement ? Comment expliquer cette place de choix
offerte à Ségolène Royal alors qu’ils seraient si
nombreux au PS à vouloir atteindre ce rang et entrer dans ce
pacte ? Pensons notamment à ce pauvre Fabius venu sur tous les médias
défendre son rang dans ce pacte dont on
n'évoque même pas le nom aujourd'hui. Quelle tristesse pour ce grand
monsieur ...
Si Ségolène Royal pèse si peu face à ces hommes importants, anciens et nouveaux barons du PS, si elle ne compte plus
aujourd’hui, pourquoi l’intégrer au pacte « secret » ?
Certes Ségolène Royal, formée à l’école florentine de François Mitterrand a appris toutes les ruses, toutes les recettes de la grande cuisine politique française qui pourrait rejoindre la gastronomie au patrimoine mondial. Appelant depuis des mois à l’unité, elle a montré son entier dévouement à la cause commune pour la victoire de la gauche à la prochaine présidentielle. Acceptant de se retirer pour mieux faire l’unité elle a donné devant la France des gages. La florentine a su jouer avec finesse pour s’imposer à nouveau. Une stratégie bien réfléchie, bien orchestrée qui porte aujourd’hui ses fruits et lui permet un retour au sommet.
Il y a sans aucun doute quelque chose de vrai dans tout cela, mais il serait un peu facile de croire que Martine Aubry aurait
aussi peu de flair pour se laisser ainsi abuser. Alors pourquoi ?
Peut-être
que tout simplement, Ségolène Royal n’a pas perdu de sa force, de sa
capacité à convaincre et à mobiliser et
qu‘elle sera indispensable pour mener une campagne nationale face à
un adversaire qui n‘a pas encore abaissé ses dernières cartes. Peut-être
qu’elle dispose toujours contrairement à ce que
certains voudraient faire croire d’un fort soutien des milieux
populaires si rare au Parti socialiste parce qu’elle a su convaincre de
son engagement et de sa volonté de changement. Peut-être que
ses idées novatrices que certains ont trouvé trop audacieuses en
2007 deviennent aujourd’hui réalistes pour porter le combat contre la
droite conservatrice.
En tout cas nul doute maintenant, la florentine est rentrée dans le jeu, il faudra compter sur elle. On lui a ouvert la porte, elle saura trouver le chemin ... Elle vient avec panache de s’emparer d’une dame. La partie est relancée ...
Philippe Allard dans MEAG (MILITANTS ESPOIR A GAUCHE AVEC SEGOLENE ROYAL)