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1 décembre 2010

Primaires socialistes : le coup de poker de Ségolène Royal

   

LEMONDE | 01.12.10 | 13h42 

Faisant fi de l'écume des jeux d'appareil, des petits arrangements et du calendrier officiel des primaires - dépôt des candidatures en juin 2011, élection dans un an -, Mme Royal a franchi le Rubicon en annonçant par surprise, après avoir "consulté", dit-elle, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn, sa candidature à la présidentielle. Par ce coup de poker, elle veut obliger ses rivaux à abattre leurs cartes, à se dévoiler - vont-ils se résigner à y aller "à reculons" ou ont-ils vraiment l'envie, comme François Hollande, de conquérir une présidence qui, en 2012, n'ouvrira pas un chemin de roses ? -, voire à accélérer le calendrier. Le coup est habile mais à hauts risques.

Quand les deux rivales du congrès de Reims, en novembre 2008, où elles s'étaient disputé le poste de premier secrétaire à l'arraché, ont fait la paix au lendemain des élections régionales, l'accord se voulait gagnant-gagnant. Mme Aubry affichait ses connivences avec l'ancienne candidate comme pour mieux étouffer ses velléités de récidive, tout en préservant les atouts qu'elle pouvait apporter dans une campagne présidentielle. Mme Royal se réinstallait au coeur du PS, tout en gardant sa liberté.

Le duo a bien fonctionné, au point que Mme Royal se disait, le 10 octobre, en "harmonie totale" avec Mme Aubry. La candidate indisciplinée de 2007 a appris à utiliser la carte PS. Le 9 septembre, elle a remplacé au pied levé la maire de Lille à l'émission "A vous de juger" sur France 2, pour une prestation, techniquement et politiquement très réussie, sur la réforme des retraites. Le 9 octobre, à la convention du PS sur l'international, en l'absence de Mme Aubry, elle volait la vedette à Laurent Fabius.

Le 15 novembre, à l'Internationale socialiste, dont Mme Royal est vice-présidente, les deux femmes s'affichaient côte à côte. Le 16 novembre, c'est Mme Royal qui répondait, sur France 2, à l'intervention de M. Sarkozy. Et le 27 novembre, elle se faisait ovationner par les militants du Mouvement des jeunes socialistes, qui avaient fort rechigné à la soutenir en 2007.

L'impression d'un PS à deux têtes a jailli de cette alternance dans l'expression publique entre Mme Aubry et Mme Royal. Dans ce contexte, l'ancienne candidate a poussé son avantage. Le 30 mai, elle assurait "préférer faire le sacrifice d'une ambition personnelle et voir gagner la gauche que le contraire". Et, le 1er juillet, elle affirmait : "Je ne serai pas candidate contre Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn. S'il y a un conflit, c'est ingagnable." Mais la première secrétaire l'a fait lanterner, attendant le 24 novembre pour l'inclure dans son "pacte" avec M. Strauss-Kahn, qui suppose que seul un des deux anciens ministres de Lionel Jospin se présente : "Nous proposerons une candidature véritablement ensemble, c'est-à-dire pas l'un contre l'autre ou l'une contre l'autre."

Mme Royal a réussi à casser le scénario où Mme Aubry et M. Strauss-Kahn s'attribuaient entre eux le premier rôle. Dès lors, convaincue qu'"il faut du temps" pour "convaincre", "se préparer " et "rassembler", elle s'est affranchie du "pacte", ramené à "une alliance fraternelle" pour éviter "la guerre des chefs".

Pour autant, dans cette partie de poker, ses concurrents ont de meilleures cartes. Dans le sondage TNS Sofres-Logica (Le Nouvel Observateur du 25 novembre), le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) bat M. Sarkozy avec 62 % des voix, quand Mme Royal est créditée de 52 %. Dans le sondage IFOP (Journal du dimanche du 28 novembre), seuls 14 % des sympathisants du PS souhaitent sa candidature, contre 41 % pour M. Strauss-Kahn.

Mardi 30 novembre, sur France Inter, tout en reconnaissant que le patron du FMI était "le mieux placé", Mme Royal a insisté sur sa déclaration du 18 novembre au magazine allemand Stern, où il assure qu'il ira "jusqu'au terme de (son) mandat", en 2012. Si M. Strauss-Kahn veut être candidat, "je verrai avec Dominique quel est le meilleur dispositif gagnant", a-t-elle assuré, rendant sa candidature réversible. En le qualifiant de "meilleur chef de gouvernement que la France pourrait avoir", elle a laissé planer l'idée d'un ticket... Il est fort improbable que M. Strauss-Kahn quitte le FMI pour devenir l'éventuel premier ministre de Mme Royal.

Mais elle a fait passer le message : à la différence de 2007, elle jouera en équipe. Et si elle ne va pas au bout de sa candidature ou si elle veut s'éviter l'humiliation d'une défaite aux primaires, elle se sera rendue incontournable.

LE MONDE

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Commentaires
J
Il est bien clair qu'elle est incontournable :-)<br /> <br /> Pour ce qui est de DSK, comme je l'ai dit sur Libé, il n'aurait aucun intérêt à quitter un poste qui est bien plus important que celui de président de la France... c'est un homme de pouvoir qui a bâti sa carrière sur la longue durée et ne semble pas aimer la témérité qui consisterait à vouloir remettre debout une France en petits morceaux de bois, pour ne pas dire en sciure.<br /> <br /> Pour cela il faut des personnalités téméraires, volontaires, pugnaces, avec des idéaux et des propositions concrètes, basées sur la conscientisation des causes et non des symptômes et un sacré wagon d'idées nouvelles pour la résolution de ces causes.<br /> <br /> Les idées, elle les a, même si beaucoup les nient, même dans son propre camp.<br /> <br /> Et moi, je ne vois qu'une seule personne qui sache faire cela dans le parti socialiste français : Ségolène Royal.<br /> <br /> Quant au parti socialiste en Suisse, je ne vois personne du tout ;)C'est le noir total.
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