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11 décembre 2010

Frêche: clap de fin pour le parrain

Elodie Emery et Gérald Andrieu - Marianne | Vendredi 10 Décembre 2010  MARIANNE


Mercredi 15 décembre sort un documentaire nous entraînant dans les coulisses de la dernière campagne de Georges Frêche. Un film intelligent qui dessine, en creux, la fin d'un monde : celui de Frêche et de ces hommes politiques qui fonctionnent plus au pif qu'à l'enquête d'opinion.

 



Moteur. Election. Ça tourne. Pour que Georges Frêche s’anime, il faut le placer sous l’œil de son électeur. Quand il sent qu’il est l’objet de toutes les attentions, l’âme du « Président » revient enfin habiter cette immense carcasse malade. Cette carcasse et cette gueule qu’Yves Jeuland (1) a filmées durant son dernier combat : la reconquête de l’hôtel de Région du Languedoc-Roussillon en mars dernier.


Dans la lumière, Georges « bavasse » et flingue. A commencer par ses petits camarades du PS. Arnaud Montebourg ? Un « petit morveux ». Hélène Mandroux, son adversaire désignée par « Solfé » ? Une « débutante » dotée d’une tête « effrayante ». À la tribune, il invective, s’emporte et prend la défense du peuple, le vrai, pas celui que l’on s’imagine dans « le VIe arrondissement de Paris ». Il s’apaise un instant et se confie, la larme à l’œil : « La politique est un monde rude. Si vous êtes trop tendre, on vous tue. Moi, je suis tendre… Mais je ne le montre pas. Je tue le premier » !


Voilà pour le Georges de Montpellier que tout le monde connaît : le baron au langage « pas très catholique ». Yves Jeuland nous dévoile l’autre, le Frêche des coulisses. Celui qui, fustigeant les pachydermes du Parti Socialiste, n’en ressemble pas moins à un éléphant de mer en fin de course. La paupière lourde, le visage impassible, Frêche s’éteint et… son « staff » s’agite, époussette ses épaules ou remet une mèche en place. Un parrain entouré de ses porte-flingues. Plus Tony des Soprano que Don Corleone. Son directeur de cabinet lui assène les quelques phrases qu’il doit absolument avoir en tête, glisse des notes devant lui pendant qu’il répond aux journalistes, et se désespère : quand il reprend vie, l’ingérable Monsieur Frêche n’en fait qu’à sa tête, indifférent aux tactiques consciencieusement élaborées par les pubards et communicants qui l’entourent. Qu’importe après tout : quoi qu’il fasse, les gens se pressent et font la queue pour venir embrasser cet homme qui leur ressemble tant, leur Président.


Avec ce documentaire précis, incisif et diablement intelligent, Jeuland parvient à décrire un monde qui s’est éteint avec Georges Frêche ; un monde fait d’instinctifs plus que de technocrates, de populos plus que d’énarques. Si Frêche inventait ses chiffres et ses anecdotes émouvantes, il avait le mérite de savoir de qui il parlait ; clap de fin d’une politique vraiment populaire.


 


Frêche: clap de fin pour le parrain



  • (1) Georges Frêche - Le Président. Un film d'Yves Jeuland. En salle à partir de mercredi 15 décembre.


Scène bonus :

 


Va, lis et reviens :

  • L'interview d'Yves Jeuland, le réalisateur du film, par Bakchich.
   

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