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7 janvier 2011

Tribune sur la jeunesse publiée par Marianne2.

 

Tribune sur la jeunesse publiée par Marianne2.fr

 

Retrouvez cette tribune, et participez au débat à travers les commentaires, sur www.marianne2.fr 

Les « jeunes générations », celles qui, selon le  sociologue Louis Chauvel, sont nées à partir des années 1960 et suivantes  (parce que ce sont celles qui ont, les premières, connu un lourd chômage des  jeunes, ou parce que, né lui même en 1967, il aime à se considérer encore parmi  la jeunesse !), sont largement privées de représentation politique, voire durablement marquées par l’abandon mutuel qui caractérise les rapports entre  leurs vies et la politique… 
   
Dans ce contexte, le regain  d’intérêt du monde intellectuel, médiatique, et dans une certaine mesure  politique, que semble susciter la question de la place et de l’avenir des  jeunes générations dans notre société, et dont témoigne encore « le grand  débat » que Le Monde consacre à cet enjeu dans son édition du 4  janvier 2011, est salutaire. 
   
Mais, de même qu’un train, un  clivage peut en cacher un autre ! S’il est probablement pertinent de  réfléchir aux antagonismes d’intérêts entre des jeunes sacrifiés et des seniors  nantis, il serait absurde de considérer que tous les jeunes sont sacrifiés, et  plus encore de penser que tous les seniors sont nantis. Surtout, la tentation  de cette superposition abusive entre le clivage générationnel et le clivage de classes, ne permet pas de percer à jour l’enjeu central, pour les citoyens de  ce XXIe siècle commençant, ni donc d’aller aux solutions essentielles. 
   
Qui n’a jamais discuté avec les  vieilles retraitées agricoles survivant grâce au minimum vieillesse, et qui peuplent nos hameaux, ou avec les rescapés d’une longue vie ouvrière, qui  vivent chichement leur retraite dans les bourgs et les faubourgs, pourrait  interpréter abusivement l’assertion de Louis Chauvel contre ces vieux  « possédants français, accumulant de l’assurance-vie et des logements  vides, tout comme leurs grands-parents serraient leurs lingots » : la  plupart de nos parents et grands-parents n’ont pas plus de logements vides ni  d’assurance vie que de lingots ; plutôt, dans le meilleur des cas, un livret A  péniblement conservé, en guise d’épargne de précaution… 
   
Méfions-nous donc des amalgames  hâtifs. Le « décryptage » du Monde  du 4 janvier n’y verse pas, mais la lecture superficielle qui  pourrait en être faite y conduirait. D’autant que l’intérêt des  « possédants », les vrais, actionnaires mondialisés des fonds  d’investissement et firmes transnationales, est précisément de brouiller les  pistes, et de diviser pour régner. 
   
De la même manière, on a  sciemment confondu le problème du moule de reproduction des élites sociales que  sont les grandes écoles, avec celui de la « diversité » en leur sein,  un concept qui permet tous les glissements de sens… Pour aboutir trop souvent à  des politiques de quotas, cache-sexe du statu quo, plutôt que de réformer en  profondeur le système scolaire dans le but de permettre une meilleure égalité  des conditions offerte à tous, du plus jeune âge jusqu’à l’issue de la formation initiale, et de mettre ainsi l’excellence à égale portée de l’effort,  d’où qu’on vienne. Jean-Yves Autexier, alors élu MRC de Paris, avait raison de  souligner, dès les années 1990-2000 « qu’on a plus de peine à trouver un  travail quand on s’appelle Ali que quand on s’appelle Alain ». Mais ce  n’était pas pour justifier une politique de quotas, meilleure garante de la  perpétuation d’une quasi cooptation des élites sociales entre elles.  D’ailleurs, il est difficile, aussi, d’accéder à Sciences Po quand on est le  fils d’un paysan de l’Allier, ou d’un ouvrier du décolletage haut-savoyard,  toute blanche que soit sa peau ! Mais face à cela, nul projet de  « démocratisation »… Ali est devenu alibi. 
   
Gardons-nous donc de ces clivages  qui occultent la question sociale. On ne peut se satisfaire d’un clivage simpliste entre « jeunes = sacrifiés » et « vieux =  nantis ». A fortiori, la réponse ne saurait consister à déshabiller les  vieux pour habiller les jeunes ! L’enjeu est surtout de comprendre  pourquoi ce qui était possible lorsque nos « vieux » étaient  « jeunes », jusqu’à la fin des années 1970, semble interdit aux  jeunes d’aujourd’hui. 
   
Quelle est cette  « régression du système social dans son entier » dont parle Louis  Chauvel ? D’où vient elle ? Comment la pallier ? 
   
On ne saurait faire ici  abstraction du problème central de la mondialisation néo-libérale, de la  destruction de toutes les règles du jeu monétaire et commercial mondial, de  l’abolition de toutes les barrières de protection de notre système social, ni  de la financiarisation de notre économie, telles qu’elles ont été mises en œuvre constamment par les oligarchies depuis les années 1970. 
   
« Trente-cinq ans après  l’extension du chômage de masse, la jeunesse a servi de variable  d’ajustement », constate lucidement Louis Chauvel. Chômage, précarité,  activité non ou sous payée telle que les stages, découlent de cet équilibre de  sous-emploi gravissime, sur lequel a débouché la mondialisation néo-libérale et  son corollaire, une nouvelle division internationale du travail :  l’exploitation dans les pays à faibles coûts de main d’œuvre et à armées de  réserve infinies, le chômage de masse ailleurs. 
   
Or c’est bien cette évidence que semble éluder Louis Chauvel dans sa tribune, quand il affirme que, pour   résoudre le problème du chômage des jeunes, « il faudra passer par le double tranchant de la fluidification du droit du travail et de l’obligation  d’embauche faite aux employeurs ». « Fluidifier le droit du  travail », c’est ajouter de la précarité à la précarité. Ce n’est pas  répondre aux problèmes de petits patrons aux carnets de commandes trop vides,  aux donneurs d’ordre trop exigeants sur les prix, aux banques insuffisamment  coopératives… Et pour les grands patrons, à part l’effet d’aubaine, le  « droit du travail » plus « fluide » n’apportera rien qui  motive davantage d’embauche : les profits resteront plus juteux du côté de  l’exploitation des petits Chinois ! Quant à « l’obligation  d’embauche », comment l’imposer à une petite entreprise exsangue, ou à une  firme transnationale qui n’a qu’à appuyer sur un clavier pour  délocaliser ? 
   
De même, le problème de la « dette  massive de consommation empêchant des politiques publiques ambitieuses  d’investissement », pointé par le sociologue, ne se règlera pas que par la  taxation qu’il propose, et qui paraît souhaitable, des résidences secondaires  dans le tissu urbain… Quid des profits mirobolants des grandes entreprises  transnationales qui exploitent sans vergogne aux quatre coins du globe ? 
   
Bien sûr, il est indispensable de  pallier « l’état de pauvreté de l’université low cost », ou encore de  mettre enfin en œuvre ce « plan de long terme de constructions collectives et  de qualité » contre « la crise du logement ». 
   
Mais où sont les marges de  manœuvre à recouvrer à cette fin ? Du côté de l’intervention publique,  pour drainer l’épargne populaire, les compétences, les richesses de nos  territoires, vers la réindustrialisation de la France. Du côté de la politique monétaire : l’Euro fort est un boulet au pied de notre économie ;  voilà un legs désastreux de nos parents et grands-parents ! Accordons-leur que Maastricht a été voté de peu, et qu’on peut admettre que la moitié d’entre  eux ait parié sur cette construction européenne, dont on leur avait annoncé  tant de fruits vertueux… Du côté des règles commerciales, à rétablir, avec une  protection intelligente de notre modèle social, de nos emplois, de nos  savoir-faire : le libre échange aveugle, voilà encore un legs désastreux  qu’on n’est pas obligé de subir plus longtemps ! 
   
Maintenant qu’il est patent que  la récolte est mince, voire pourrie, changeons la donne de cette construction européenne et de cette mondialisation néo-libérales ! 
   
Rien ne dit que les seniors aient  plus à y perdre qu’à y gagner ; mais tout assure que ce combat de longue  haleine est celui des jeunes générations, en tous cas de la majorité sociale. 
   
Dans la même édition datée du 4  janvier, le Monde met notamment en valeur, à rebours de l’idée centrale  d’un dossier intitulé « pourquoi l’école française ne corrige-t-elle pas  les inégalités », l’expérience de Tarek Bestandji, jeune homme de 27 ans  sorti de Sciences Po Paris, où il avait été admis par le biais des fameuses  « conventions ZEP ». Il sert aujourd’hui les intérêts du cabinet  états-unien Pricewarterhouse-Coopers, et ne veut surtout pas, lit-on, s’engager  en politique. Ce Tarek, comme tous les Alis ou Alains de Clermont-Ferrand ou  Montfermeil, ne risque pas ainsi de changer l’ordre établi, de donner une  chance à sa génération, un avenir à la France…. 
   
Mission accomplie pour Sciences  Po et saluée par le Monde ? 
   
Patrick TRANNOY, 30 ans 
Conseiller National du Mouvement Républicain & Citoyen 


 

Vendredi 7 Janvier 2011

 

Patrick TRANNOY

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