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13 janvier 2011

Ce que l'on sait de Martine Aubry

 

Par Marcelo Wesfreid, publié le 11/01/2011 à 13:33

 

  Ce que l'on sait de Martine Aubry  

Le parcours de la première secrétaire du PS, Martine Aubry, est raconté dans un livre de deux journalistes à paraître jeudi.

 

AFP PHOTO / MARTIN BUREAU

Les 35 heures, ses soupçons vis-à-vis de l'Elysée à propos des histoires répandues contre son mari, ses rencontres secrètes avec Dominique Strauss-Kahn... Un livre raconte le parcours de la première secrétaire du PS. Morceaux choisis.

 

     

Quand Martine Aubry a été désignée à la tête du PS, en 2008, Jacques Delors a fait sobre. Il a glissé à sa fille un laconique "Bon courage". Un compliment en forme d'avertissement. Car le chemin vers le pouvoir est pavé d'épreuves, politiques et personnelles. Il en sait quelque chose. Et pourtant, Martine Aubry se sent, semble- t-il, pousser des ailes. La première secrétaire s'est confiée comme rarement à Rosalie Lucas et Marion Mourgue, respectivement journalistes au Parisien et aux Inrockuptibles, dans l'ouvrage Martine Aubry. Les secrets d'une ambitionqui sortira jeudi. Sera-t-elle candidate à la primaire? "Je ne l'exclus pas." Mais en a-t-elle vraiment l'envie, ce moteur indispensable pour se lancer? "C'est une question nulle, je serai capable de faire le job, de remplir la fonction", balaie-t-elle, fière d'"avoir acquis des armes supplémentaires" à chaque étape de sa carrière. Une carrière faite d'ascensions fulgurantes et de traversées du désert, parfois ponctuées de zigzags doctrinaux.

  Ce que l'on sait de Martine Aubry  

"Les secrets d'une ambition", biographie sur Martine Aubry sort quelques mois avant les primaires.

 

DR

 

Les "erreurs" des 35 heures

Au congrès de la CFDT, le 12 septembre 1991, alors que les 5000 militants réunis dans la salle martelaient à voix haute "35 heures! 35 heures!", Martine Aubry lançait à la tribune: "J'ai bien compris qu'ici, pour se faire applaudir, il faut parler de la réduction du temps de travail. Vous allez être déçus. Je ne crois pas qu'une mesure générale de diminution du temps de travail créerait des emplois." Progressivement, ses positions sur la question ont évolué. "En 1997, Dominique Strauss-Kahn et moi, étions d'accord tant sur le principe que sur les modalités, juge-t-elle aujourd'hui. C'est moi qui les ai ensuite testées. Je les ai faites car je pensais qu'on devait les faire." Et d'ajouter: "Je les assume complètement, y compris les erreurs." 

Star des années 1990

Lorsque, en décembre 1994, Jacques Delors renonce à se lancer dans la bataille de la présidentielle, quelques socialistes pensent donc à sa fille pour le remplacer. Pour mieux repousser l'idée d'une candidature, elle prend les devants: "Je ne suis pas prête", répète-t-elle. Parmi ses soutiens, un certain Georges Frêche. A l'époque, le maire de Montpellier est séduit par la personnalité de Martine Aubry et le fait savoir: "Il nous faut une nouvelle tête pour être candidat. Quelqu'un qui a été ministre, qui a une crédibilité, du courage politique, une surface morale. Quelqu'un qui n'a pas de casseroles. Cette personne idéale, c'est Martine Aubry (1)." [...] Les sondages aussi testent l'hypothèse de sa candidature. En janvier 1995, 54 % des sympathisants de gauche estiment qu'elle ferait une bonne candidate à l'élection présidentielle, selon le baromètre Sofres pour Le Nouvel Observateur. A l'époque, le candidat de la droite, Jacques Chirac, croit aussi aux chances de Martine Aubry, mais... pour l'élection suivante. "Les Français, affirme le maire de Paris, ont pris goût à l'alternance. La logique veut qu'un homme de droite succède à François Mitterrand et qu'au bout de sept ans un socialiste revienne à l'Elysée. Ce socialiste, croyez-moi, s'appellera Martine Aubry (2)."   

Barrer la route à Ségolène

Progressivement, Martine Aubry organise sa candidature au congrès de Reims en novembre 2008. Elle accepte une à une les cartes que ses alliés, fabiusiens et strauss-kahniens, lui fournissent pour construire sa candidature. [...] François Hollande, l'ex-premier secrétaire, va plus loin: "L'opération DSK-Fabius-Aubry a eu lieu pour empêcher que Bertrand Delanoë et Ségolène Royal ne soient candidats à Reims." [...] Martine Aubry ne dit pas autre chose: "Je ne suis pas allée à Reims pour être élue première secrétaire. Je n'étais pas dans cette démarche. Ça s'est fait dans les dernières minutes. Je me suis dit que Ségolène ne pouvait pas être chef de parti, alors qu'elle s'était positionnée en dehors. On la connaissait tous, donc on ne pouvait pas voter pour elle." 

Vie privée : la main de l'élysée ?

En 1993, Maître Brochen [NDLR: l'avocat Jean-Louis Brochen est le mari de Martine Aubry] est l'un des défenseurs des 17 élèves musulmanes voilées du lycée Faidherbe à Lille. L'affaire fait grand bruit, et il faudra attendre 2004 pour que soit votée la loi interdisant le port de signes religieux à l'école. L'avocat assure qu'en défendant ces lycéennes, il ne militait en aucun cas pour le port du voile islamique à l'école. "Il s'occupait aussi d'un jeune homme qui portait la kippa", précise Martine Aubry. Quelques années plus tard, il est l'avocat de Hocine Bendaoui, l'un des trois rescapés du gang de Roubaix. Cette bande criminelle, proche de la nébuleuse terroriste islamiste, est responsable de plusieurs braquages, d'un meurtre et d'une tentative ratée d'attentat à la voiture piégée lors du G 7 à Lille, en mars 1996. Ces deux procès, très médiatisés, lui valent depuis d'être surnommé "l'avocat des islamistes" ou encore "l'avocat halal" sur des sites d'extrême droite. [...] "Ces histoires sur mon mari viennent de l'Elysée, assure Aubry. Ils n'ont rien trouvé d'autre sur moi." 

Rendez-vous avec DSK

Le 30 septembre 2010, c'est dans une toute petite rue du Vieux-Lille que le patron du FMI a retrouvé la première secrétaire du PS dans sa maison. Quelques jours plus tôt, il l'a appelée pour lui dire: "Je suis à Bruxelles jeudi, si tu es à Lille, voyons-nous." Martine Aubry a soigneusement coché la date dans son carnet rouge. DSK arrive vers 16 heures [...]. "On a discuté de la guerre des monnaies, mais aussi, évidemment, de 2012, confie Martine Aubry. On est dans le même état d'esprit tous les deux, on n'a pas encore pris de décision." Elle souhaite poursuivre leur dialogue sur la présidentielle et lui demande d'attendre 2011 pour prendre une décision. "On verra où en est la France à ce moment-là, si la crise est terminée ou non, explique Martine Aubry. Dominique et moi sommes sur la même ligne, nous ferions la même politique, mais nous n'avons pas la même image, on le sait tous les deux. On se déterminera donc par rapport à la situation: soit les Français attendent quelqu'un qui sorte le pays de la crise, soit ils cherchent quelqu'un qui a une image de justice." [...] Même topo pour la rencontre suivante, le 15 novembre à Paris vers 15 heures. Cette fois encore, c'est Dominique Strauss-Kahn qui se présente à l'appartement de Martine Aubry. Au menu de ce nouveau face-à-face d'une heure, le remaniement qui a eu lieu la veille, la prestation de DSK le matin même sur France Inter, le "besoin de gauche" et la présidentielle, bien sûr! "Nous sommes toujours dans la même attitude: attendre le meilleur moment", rapporte-t-elle.

(1) P. Burel, N. Tatu, Martine Aubry. Enquête sur une énigme politique. Calmann-Lévy, 1997.
(2) Le Nouvel Observateur, 4 mai 1995.

L'EXPRESS

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