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18 avril 2011

BHL, Lévy, Lanzmann... Comment ils confisquent le débat sur Israël

Extrait:

...

Des journalistes en quête d'outrance

BHL, Lanzmann, Finkielkraut ou Lévy accumulent les tribunes, chroniques et entretiens dans Libération, Le Monde, Le Point, L'Express, Valeurs actuelles, Marianne, Causeur.fr, France Culture... Comment une telle offensive médiatique peut-elle s'organiser? «D'abord, il y a quelque chose qui me gêne, c'est que tous les noms que vous me citez sont juifs», glisse Elisabeth Lévy. Mais encore? «Je tiens à vous le faire remarquer, c'est tout, rétorque-t-elle. Après, il y a beaucoup moins de calculs dans tout ça que d'urgence, de bordel, de vie normale de la presse. J'ai lancé en même temps Lanzmann et Finkielkraut, mais je n'avais pas l'intention de faire les deux. Mais j'ai essayé aussi d'avoir Shlomo Sand, qui n'est pas sioniste. Et si on a fait Lanzmann, c'est aussi parce que Franz (Olivier Giesbert) le voulait.»

«Cette omniprésence médiatique, ce n'est pas nouveau! souffle Régis Debray. La très forte position médiatique des intellectuels pro-israéliens ne coïncide pas avec le sentiment du public. Cet hiatus existe et l'on ne peut rien contre. Bernard-Henri Lévy, par exemple, est un génie de la communication, doté de moyens matériels considérables: on ne peut rien contre. Ce sont de très bons publicitaires, ils argumentent peu et mal, ils enchaînent erreurs factuelles sur erreurs factuelles... Au reste Lanzmann ne me répond pas sur le fond, il me discrédite personnellement. Je demeure fataliste et considère que discuter avec l'un comme avec l'autre n'aurait aucun sens: non seulement je suis en position de faiblesse par rapport à leur situation sociale, mais ils ne sont pas accessibles à la réalité, à la nuance, à la complexité, à la contradiction, voire à l'autocritique. Edgar Morin en a souffert, il a même été accusé d'antisémitisme, ce qui ne manque pas de cocasserie. Me voilà donc résigné.»

À trente ans, la jeune chercheuse Elisabeth Marteu (spécialiste d'Israël, elle enseigne à Paris 1) n'a pas encore eu l'occasion de s'avouer résignée. Mais elle admet ressentir une certaine irritation à voir «toujours les mêmes têtes à la télé et dans les journaux, raconter n'importe quoi et se tromper dans les faits, c'est-à-dire donner de fausses informations au public. Nous en parlons d'ailleurs souvent entre collègues, sur le conflit israélo-palestinien, c'est quelque chose qui nous pèse. Mais j'en veux davantage aux journalistes qu'aux personnes interrogées, car ce sont eux qui les invitent.»

Dans la tribune publiée par Libération du 7 juin, BHL estime notamment que le blocus de Gaza, «il ne faut pas se lasser de le rappeler, ne concerne que les armes et les matériaux pour en fabriquer». Selon tous les décomptes indépendants, d'Oxfam à la BBC en passant par le quotidien israélien Haaretz, le blocus de Gaza concerne pourtant plus de 4.000 produits, dont certains alimentaires...

«Le problème, c'est le système médiatique autour de ces personnes, qui laisse passer des énormités que l'on ne devrait pas pouvoir publier sans réponse, juge Alain Gresh, journaliste au Monde diplomatique spécialiste du Proche-Orient, et auteur du blog Nouvelles d'Orient. Alors que BHL profère des absurdités factuelles sur le blocus Gaza, Laurent Joffrin ne lui répond pas sur ce plan-là, factuel, comme si c'était inutile. C'est très problématique.»

«Laurent Joffrin (directeur de la rédaction de Libération) sait très bien qu'il y a des gens plus compétents que BHL pour parler de Gaza, poursuit la chercheuse Elisabeth Marteu. Mais est-ce qu'il ne le considère pas comme un bon client, qui va lui donner ce qu'il veut, c'est-à-dire un propos outré, qui va faire parler? Dans son esprit, c'est plus vendeur qu'un chercheur du CNRS. Chez ces idéologues, c'est l'affectif qui intervient en premier, ils ont un rapport quasi viscéral à Israël qui s'impose dans leur lecture du conflit, et à partir de là, le débat n'est plus ouvert. Or les médias donnent peu de place à ceux qui ont une meilleure expertise qu'eux sur la situation, parce que nous sommes davantage proches du terrain. Et de fait, à cause de cela, des tendances de la société israélienne passent complètement inaperçues en France, comme la radicalisation des mouvements pacifistes israéliens, ou l'emprisonnement des militants des droits de l'homme et des Arabes israéliens. Le fait aussi que le discours en Israël sur la perspective d'un seul Etat fait un retour en force... En ce sens, la vision d'Israël proposée par ces idéologues est complètement à côté de la plaque. C'est une génération de “penseurs” qui n'est plus connectée aux réalités d'Israël et de la Palestine.»

La démocratie israélienne contre l'islamo-fascisme

C'est en partie du fait de cette rupture entre les «penseurs» et la réalité du conflit israélo-palestinien que, selon la chercheuse Elisabeth Marteu, le Hamas fait toujours figure de tabou en France. «Comment voulez-vous discuter avec le Hamas? s'emporte Elisabeth Lévy. C'est une organisation terroriste qui veut et qui prône la destruction de l'Etat d'Israël.» «Et vous voudriez discuter avec eux?», ajoute-t-elle, enfouissant sous le tapis du «double discours» les déclarations de dirigeants du Hamas, comme Khaled Mechaal, prêts à reconnaître et/ou à conclure une trêve avec Israël... dans les frontières de 1967.

«Sur cette question du débat sur le dialogue avec le Hamas, il y a aussi le positionnement très particulier de l'Etat français qui joue, puisque la France est officiellement opposée à un dialogue avec le Hamas, juge Elisabeth Marteu. Et du coup, toute personne qui s'exprime dans le débat public va soutenir la même idée, pour rester dans le politiquement correct.»

Un autre élément d'analyse se trouve dans la chute de la tribune de Bernard-Henri Lévy dans Libération. «Confusion d'une époque, écrit-il, où l'on combat les démocraties comme s'il s'agissait de dictatures ou d'Etats fascistes. C'est d'Israël qu'il est question dans ce tourbillon de haine et de folie mais c'est aussi, que l'on y prenne garde, quelques-uns des acquis les plus précieux, à gauche notamment, du mouvement des idées depuis trente ans qui se voient mis en péril.»

En clair, en critiquant Israël, «que l'on y prenne garde», c'est bien le lit de «l'islamo-fascisme» que l'on prépare, nous avertit Bernard-Henri Lévy.

«On touche ici une nouvelle dimension de ce conflit, la question de l'islam, estime Alain Gresh. Dans les années 1980, pour la grande masse de l'opinion française, c'était un conflit occupant/occupé. L'échec des accords d'Oslo et surtout le 11 septembre 2001 et ses suites ont installé l'idée qu'il s'agissait d'un conflit religieux, de civilisation, dans lequel il y aurait une vraie menace islamique, qui rejoint toute la rhétorique de la menace islamique en France, présente chez les intellectuels français, y compris des intellectuels de gauche. Ce contexte crée une ambiguïté, qui pèse sur la capacité actuelle à parler du Hamas. C'est une organisation qui n'a rien de sympathique, mais qui a gagné des élections que nous, Occidentaux, avons imposées aux Palestiniens. Ce tabou des discussions avec le Hamas est un non-sens: le problème n'est pas de dialoguer avec le Hamas sans condition, mais de discuter avec eux comme on l'a fait avec l'OLP. Au lieu de cela, nous sommes à la traîne du gouvernement israélien sur toutes les questions, un gouvernement israélien qui comprend bel et bien des composantes fascistes, bien plus réelles et opérantes que celles imaginées par Bernard-Henri Lévy.»

...

 

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 "Boite noire" de l'auteur:

Sollicités, Bernard-Henri Lévy et Claude Lanzmann n'ont pas donné suite à notre demande d'entretien, pas plus que les chercheurs Pascal Boniface et Alain Dieckhoff.

Merci à Elisabeth Lévy (qui a demandé à plusieurs reprises une réponse à Régis Debray pour Causeur.fr), Elisabeth Marteu, Alain Gresh et Régis Debray, pour leur disponibilité et leur courtoisie.   

 

 

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Commentaires
J
en ait pas... la gratuité de blog en compte partie la plateforme canalblog qui utilise les blogs dont elle fournit la possibilité, pour ses pubs... et qu'elle choisit elle-même
Répondre
V
je vois de plus en plus de pub sur ce blog, mais à présent il y a une banque , il faut savoir raison garder !
Répondre
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