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22 mai 2011

« DSK, seul responsable de sa mort politique » selon Mansouret

 

« Au PS, beaucoup me critiquent ; le FN me crache à la gueule. » La mère de Tristane Banon raconte son affaire DSK et se défend.

Dominique Strauss-Kahn, à la Cour suprême de l'Etat de New York (Etats-Unis), le 19 mai 2011 (Richard Drew/Reuters).

15 mai 2011, 3h37. Je suis rentrée depuis moins de deux heures d'un banquet républicain organisé par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) à Brionne (Eure). Un texto de Rue89 m'annonce l'arrestation de DSK à New York. La suite, vous la connaissez, le monde entier la connaît. Contact immédiat avec ma fille, Tristane Banon, pour laquelle je m'inquiète.

Elle est très choquée, et en attendant la présence de son avocat, je prends la décision de communiquer à sa place. Il faut avoir à l'esprit ce que représente le déferlement des médias du monde entier : CNN, ABC NEWS, British Broadcast, Spiegel TV, les agences, sans parler des télévisions canadiennes, japonaises, italiennes et coréennes… l'enfer. Je décide de ne parler qu'aux télés et radios françaises, et à Paris Normandie, les premiers à publier mon témoignage.

Mon message, répété en boucle, est simple : ma fille n'a pas menti, comme le prétendent (ou le sous-entendent) l'entourage et les biographies de DSK. Si elle n'a pas porté plainte en 2002 à l'époque des faits, c'est parce que je l'en avais dissuadée. Si elle a commenté cinq ans plus tard sur un ton humoristique le comportement du personnage au cours d'une émission de Thierry Ardisson, c'est parce que, effectivement, elle s'était péniblement et partiellement reconstruite. Après plus de deux ans de très gros problèmes et de dépression, de suivi médical et psychologique.

Je veux convaincre d'une évidence : ce qui est arrivé à Tristane lui a saccagé de trop nombreuses années de sa jeunesse, sans qu'elle en ait retiré le moindre avantage. Elle s'est rendue à ces deux entretiens avec DSK alors qu'elle écrivait un essai nommé « Erreurs avouées ». Elle rencontrait le père de sa copine et l'ex-mari de sa marraine en toute confiance. Mettre en cause sa bonne foi et la soupçonner d'avoir menti est totalement invraisemblable.

 

 

Ma prise de parole dans cette affaire ne pouvait que me nuire

Idem, me concernant. Ce n'est pas moi qui ai cherché à médiatiser ce qui s'était passé neuf ans auparavant. J'ai subi une énorme pression des radios et des télévisions dès le dimanche matin. Le lundi, le service de communication du conseil général était harcelé de demandes de contacts, par téléphone, fax ou e-mails.

Ma prise de parole dans cette affaire ne pouvait que me nuire. Candidate à la primaire socialiste, j'avais plutôt intérêt à ne pas me mettre à dos les 57% des Français qui se disaient convaincus que DSK avait été victime d'un complot ou était « tombé dans un guet-apens ».

Ce qui m'a scandalisée dans cette affaire, une fois la stupeur passée, c'est de me voir accusée d'avoir « enfoncé Strauss-Kahn » de l'avoir « chargé ». Le seul responsable de la mort politique de DSK est DSK lui-même. Même s'il s'agissait d'un piège, ce n'était pas un piège inévitable. Un coup de fil à la réception, et « l'appât » provocateur était emmené dare-dare au poste de police, en lieu et place du… pêcheur.

Aujourd'hui, le Front national (FN) me crache à la gueule ; au PS, beaucoup me critiquent, rares sont ceux qui me défendent.

 

Un élu FN : « Vous faites honte à la Normandie et aux Normands »

Lundi 16 mai, en pleine session plénière du conseil régional de Haute-Normandie, le chef de file du FN, Nicolas Bay, utilise la totalité du temps de parole de son groupe à m'injurier, me déclarant publiquement « indigne » de siéger, m'enjoignant de quitter l'hémicycle parce que je « faisais honte à la Normandie et aux Normands ».

Michèle Sabban, égérie historique du courant strauss-kahnien, s'indigne de mon comportement inqualifiable et demande mon exclusion du PS.

Le premier fédéral de l'Eure adresse « à tous les militants » un e-mail qui commence par :

« Nous sommes tous bouleversés par les images et les charges portées contre Dominique Strauss-Kahn. Les nombreuses interrogations qui pèsent sur les circonstances de cet évènement doivent nous inciter à la plus grande retenue dans nos réactions, retenue dont, dès dimanche, une élue euroise a malheureusement fait fi. »

Eh bien, moi, j'ai été plus « bouleversée » par ce qu'aurait subi la victime présumée que par la vue de DSK encadré par deux flics ! Et si une image comparable m'a, un jour, bouleversée, c'est celle d'une mère de famille, arrêtée par les gendarmes dans une supérette du nord de la France, alors qu'elle venait de voler une barquette de viande pour nourrir ses enfants.

Je trouve ces comportements très choquants. A aucun moment semble-t-il, mes chers camarades n'ont pensé à la jeune femme de chambre ; laquelle, de facto, se voyait clouée au pilori pour avoir osé ternir la réputation du grand homme. Que ne s'est-elle tue, comme l'aurait fait n'importe laquelle de ses collègues, employée par le même groupe à Paris, à Lyon ou à Marseille ? Ces Américains sont vraiment des sauvages ; ils ne mettent pas en doute la parole d'une travailleuse africaine fraîchement immigrée face au plaidé non-coupable de l'un des plus grands dirigeants du monde… Quelle honte !

Voyez-vous, ma vie a été riche d'imprévus, d'expériences intéressantes, de moments difficiles à vivre. Mais jamais, non, jamais, je n'aurais cru avoir à passer des heures aussi pénibles. Et ce n'est pas sans nostalgie que je pense à l'époque si proche où j'étais une petite souris rose au milieu des éléphants.

Photo : Dominique Strauss-Kahn, à la Cour suprême de l'Etat de New York (Etats-Unis), le 19 mai 2011 (Richard Drew/Reuters).

 

 

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