Pourquoi je serai candidat
« Il n’y a pas de cap pour qui ne connaît pas le port »
Dans cette brochure de 24 pages, Jean-Pierre Chevènement expose les raisons de sa future candidature.
Plus grave encore, la France ne maîtrise plus les moyens de l’action économique et politique, ni sa monnaie, ni son commerce extérieur, ni ses flux financiers, ni son droit devenu un droit subordonné. En réintégrant l’OTAN enfin, la France est revenue dans le bercail atlantique, à la remorque d’intérêts qui ne sont pas les siens.
Cette situation résulte, pour l’essentiel, de choix politiques associant le Parti socialiste et la droite : Acte Unique (1985-1987), traité de Maastricht (1992), pacte de stabilité et de croissance (1997), OMC (1994), traité de Lisbonne (2008), copie conforme du projet de traité constitutionnel rejeté, trois ans avant, par 55 % du peuple français.
L’adoption de la monnaie unique en réponse à la réunification allemande a été une monumentale erreur de nos classes dirigeantes, toutes tendances confondues : l’euro est un mark-bis. Or, le mark était une monnaie faite pour l’Allemagne, qui dispose d’un fort tissu de PMI exerçant pour la plupart, dans leur spécialité, un monopole technique à l’échelle mondiale. L’euro convient à l’Allemagne mais pas à la France dont les exportations dépendent beaucoup plus des prix. L’euro, cela va sans dire, convient encore moins aux pays sous-industrialisés de l’Europe du Sud. C’est de surcroît une monnaie surévaluée qui écrase notre compétitivité et celle de la plupart des pays européens. On ne peut envisager de réindustrialiser le pays sans un euro durablement moins cher.
La crise financière et économique mondiale de 2008-2009 et la crise de l’euro de 2010 viennent sanctionner une autre erreur majeure d’orientation, l’acceptation de la dérégulation néolibérale et le choix de construire l’Europe sans, voire contre, ses nations. L’Europe, dès avant le traité de Lisbonne s’était dotée d’institutions (Commission, Cour de justice) permettant de verrouiller les pays de l’Union au sein de ce modèle. Ces choix mortifères n’ont pu procéder que d’un profond manque de confiance de la France en elle-même, lui-même né du doute issu des malheurs de notre Histoire dans la première moitié du vingtième siècle. C’est cette confiance qu’il faudra restaurer et d’abord pour redresser l’Europe qui a besoin d’une France forte.
Le capitalisme financier que nous avons laissé s’installer depuis la fin des années 1980 est un système de prédation : il confisque au profit de la sphère financière les bénéfices de l’économie réelle. Ce système qui a explosé en vol en 2008 a été ravalé avec l’appui massif des Etats, c’est-à-dire des contribuables. Mais tout est reparti comme avant : aux Etats-Unis, comme en Europe, les banques ont renoué avec les super profits et avec des bonus extravagants.
Parallèlement, la crise de l’euro n’a été que reportée par la mise en place de mécanismes de stabilisation insuffisants pour renflouer les pays qui chavirent. Les économies des pays dits « périphériques » sont engagées dans un cercle vicieux de récession, entraînant moins-values fiscales, déficits budgétaires accrus, et explosion de l’endettement public. Les plans d’aide peuvent se surajouter les uns aux autres : ils ne font que reculer l’échéance, dès lors que la tendance récessive de l’économie n’a pas été renversée par une politique de croissance conçue et mise en œuvre à l’échelle européenne, ce que ni l’organisation de l’UE ni la volonté des Etats qui la composent ne permettent aujourd’hui.
Or, face à ces défis redoutables, quelle est la réaction de ceux qui s’apprêtent à solliciter les suffrages des Français ?
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