Encadrement militaire des mineurs : Les soldats meilleurs éducateurs que les taulards !

Par RichardTrois sur leplus nouvelobs

Depuis la reprise, un brin politicienne, par Nicolas Sarkozy de la proposition de Ségolène Royal d’une alternative à la prison sous la forme d’un encadrement militaire des mineurs délinquants, les réactions souvent sur le terrain « moral » ou sur celui d'un antimilitarisme oublieux de l'histoire de la Gauche. Souvent identiques aux réactions de 2007. A croire que une certaine gauche n’a pas avancé sur le sujet.

Maison d'Arrêt de la Santé, Paris, juin 2010 - © RichardTrois

Tout d’abord, l’opposition systématique entre prévention et sanction, voire la confusion entre prévention et sanction. Ah, si l’on met en place un encadrement militaire des mineurs délinquants, c’est la fin des éducateurs et des méthodes éducatives alternatives ! C’est ainsi que réagit Nadir sur Le Plus dans une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy.

Mais c’est ne pas comprendre que cet encadrement militaire des mineurs délinquants est d’abord une sanction, quand toutes les autres ont échoué.

C’est d’ailleurs ce que rappelle Ségolène Royal dans Libération de ce samedi. Cet encadrement militaire et éducatif, insiste-t-elle bien, doit être «dur et difficile, parce qu’il est d’abord une sanction».

Conçue comme une véritable sanction, en alternative à la prison, cet encadrement renforce la prévention.

Que vaut-il mieux pour des adolescents violents qui ont récidivé et échappent au contrôle des éducateurs ? L’éducation par les taulards ou celle fournie par « Défense 2éme chance », un réseau constitué par 21 Etablissements Publics d'Insertion de la Défense qui accueillent actuellement des jeunes volontaires, âgés de 18 à 25 ans, sans qualification et en difficulté scolaire ?

Cette action « Défense 2éme chance » fournit un parcours complet de 8 à 24 mois est proposé en internat avec trois objectifs :
- une remise à niveau des fondamentaux scolaires,
- retrouver des repères par une formation civique et comportementale structurante,
- une préformation professionnelle.

Cet encadrement militaire et éducatif est une double aternative, une alternative à l’impunité, qui conduit à la récidive, mais aussi une alternative à l’incarcération car les prisons surchargées aggravent la délinquance. 

Et ce n’est sans pas un hasard si cette proposition concrète de Ségolène Royal resurgit aujourd’hui dans les cartons de l’UMP au moment même où le procureur de Dunkerque lance l’alerte sur des conditions de détentions indignes, inacceptables dues à une surpopulation dépassant les 150% …

J'ai, pour ma part, eu l'occasion d'enseigner en prison et le peu que j'en ai vu, m'a convaincu qu'il vaut mieux tout essayer, plutôt que d'envoyer des "mômes" en tôle.

L’autre réaction, souvent teintée d’antimilitarisme libertaire, consiste à dire que ce n’est pas le rôle des militaires d’encadrer des jeunes ou des délinquants. Mais c’est pour historiquement l’un des rôles de l’Armée Citoyenne de la République. L'instauration du service militaire obligatoire (par les lois successives de 1872, 1889 et 1905), a clairement posé ce service en garant cohésion nationale et lui a attribué un rôle de formation civique des jeunes hommes. Cet idéal d'intégration citoyenne par le service militaire était défendu par tous les Républicains et d’abord par ceux de les plus nombreux venant des rangs de la Gauche.

Il ne faudrait que l’oubli de notre histoire républicaine ou un antimilitariste sincère mais atavique, nous empêche de sauver des vies en évitant des adolescents aillent croupir en prison, quand on pourrait faire autrement.