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4 août 2011

Primaire : petit jeu des (maigres) différences entre socialistes


 

Culture, déficit, emploi des jeunes, nucléaire, pouvoir d'achat, retraite à 60 ans… Abécédaire de rattrapage pour juilletistes.

Martine Aubry et Ségolène Royal lors d'une convention PS à Paris, le 28 mai 2011 (Gonzalo Fuentes/Reuters).

Ce sont leurs désaccords qui comptent. C'est en se démarquant les uns des autres ou en prenant leurs distances avec certains aspects du projet socialiste pour 2012 que les six postulants à la primaire peuvent donner une tonalité particulière à leur candidature.

Un mois après le lancement de la campagne officielle, on observe quatre attitudes :

 

1 La primaire en râlant

Jean-Michel Baylet a surtout pris la parole pour critiquer le fonctionnement de la primaire. Il ne fait pas démonstration d'une motivation excessive et personne ne se fait d'illusion à son sujet : cette primaire est une manière d'habiller la non-participation du Parti radical de gauche (PRG) à la prochaine élection présidentielle.

Contrepartie : une augmentation des circonscriptions « octroyées » par le PS au PRG aux sénatoriales et aux législatives.

 

 

2  Au dessus des débats de « petits candidats »

Martine Aubry, qui s'est souvent fantasmée en ministre de la Culture, a été la plus diserte sur ce thème. François Hollande a tenté de passer du costume de possible « président normal » à celui de père la rigueur et d'incarnation du sérieux. Ils se sont tous les deux exprimé sur la crise de l'euro et sur (presque) tous les sujets d'actualité – mais sans s'écarter du projet adopté par le parti.

Ils suivent le même objectif : éviter d'entrer dans des débats qui, pensent-ils, les abaisseraient au niveau des « petits » candidats.

 

3  A cheval sur son créneau

Arnaud Montebourg a réussi à faire tenir tout son programme dans un mot : la démondialisation. Il s'y tient. Intérêt tactique : ses concurrents vont, peu à peu, être tous obligés de se prononcer sur le sujet.

 

4  Service animation

Ségolène Royal et Manuel Valls animent la campagne, créent du mouvement, de la surprise. Ils en ont besoin pour gagner en visibilité. En plus de leurs marottes (ordre juste et démocratie participative pour la « présidente des solutions » Royal ; sécurité, parler-vrai, réalisme économique et « énergie du changement » pour Valls), ils avancent des propositions de rupture et créent le débat.

Résultat : des différences de fond commencent à apparaître. Sur le nucléaire, la retraite à 60 ans, l'emploi des jeunes, le pouvoir d'achat, la culture, le déficit… Abécédaire.

 

 

 

Alliances

C'est Ségolène Royal qui, la première, a abordé le sujet : après le nécessaire « rassemblement » des socialistes, des écologistes, de l'extrême gauche et des centristes humanistes, elle prévoit une « main tendue aux gaullistes ». Selon elle, « Il y a aujourd'hui une partie de la droite qui ne se reconnaît plus dans le sarkozysme. Il n'y a aucune raison de la rejeter. »

Manuel Valls est lui aussi favorable à un large rassemblement, de la gauche au centre-droit :

« Je reste convaincu que des hommes et des femmes comme Dominique de Villepin, Français Bayrou ou Corinne Lepage, pour ne citer qu'eux, peuvent faire partie, s'ils le souhaitent, d'une majorité de large rassemblement. »

 

Culture

Martine Aubry s'est engagée à augmenter le budget de la culture de 30 à 50% (200 millions d'euros de plus par an apportés par l'Etat). Pour faire naître « un nouveau printemps pour la culture », elle propose un programme en cinq points :

  • l'aide à la création, avec la mise à disposition de lieux pour les artistes et la « consolidation du système d'intermittence » ;
  • l'éducation artistique, en inscrivant « la connaissance et la pratique de la culture » dans les programmes scolaires. « Chaque enfant pourra se rendre deux fois par an dans un musée, un atelier, au concert ou dans un lieu de spectacle de danse ou de théâtre » ;
  • la création de 10 000 « emplois d'avenir », « 10 000 jeunes formés à la médiation culturelle » ;
  • de nouvelles règles pour s'adapter à la « révolution » numérique. Pour « garantir une rémunération équitablement répartie entre les auteurs et les artistes », elle prévoit de mobiliser une part de « la richesse créée sur les réseaux numériques » et que « chacun d'entre nous » paye une contribution forfaitaire « modeste » ;
  • le renforcement du rôle du mécénat.

Arnaud Montebourg, sceptique sur les marges de manœuvre budgétaires évoquées par Martine Aubry, veut financer la création artistique et « sa diffusion sur les territoires » en prélevant « des centimes » sur « les bénéfices publicitaires des télévisions privées, les profits gigantesques des fournisseurs d'accès à Internet et les produits industriels diffuseurs de culture comme ceux d'Apple ».

Sa grande idée est l'instauration d'un « prix unique » pour toute la culture, « à l'image du prix unique du livre » : une entrée inférieure à 10 euros dans toutes les institutions culturelles publiques (théâtre, danse, musée, expos…).

Il propose aussi :

  • la création de « coopératives d'artistes » ;
  • la relance et la généralisation du projet des « Arts à l'école » ;
  • une redéfinition du « statut de l'artiste » en « préservant l'esprit de l'intermittence ».

François Hollande, qui a mis en garde contre « la surenchère » du plan Aubry, est beaucoup plus vague sur ses propres propositions :

« Nous reconstruirons
ce qui a été supprimé, nous essaierons d'avoir une loi de programmation
pour mettre ce qui doit être fait sur cinq ans. »

 

Déficit et marges de manœuvre budgétaires

Sollicité pour réagir aux propositions de ses concurrents, François Hollande se retranche systématiquement derrière l'argument des finances
publiques :

« Il faut faire attention de dire la vérité sur l'état de nos comptes
publics et je ne tomberai pas dans une espèce d'échelle du perroquet où on va proposer plus. »

Il s'engage à ramener le déficit public à 3% du PIB dès 2013 (initialement, le PS avait prévu de se donner un an de plus).

Martine Aubry lui a emboîté le pas sur la nécessaire rigueur mais est persuadée de pouvoir dégager d'importantes marges de manœuvre en revenant sur « les cadeaux fiscaux ».

Manuel Valls, lui aussi, insiste sur ce « devoir de vérité » :

« Toutes les marges de manœuvre financières devront être affectées à la réduction des déficits et à la lutte contre l'endettement. On ne pourra pas dépenser un euro de plus. Toute mesure nouvelle ne pourra se faire que si on enlève ici ou là une politique publique qui nous paraît moins importante. »

Ségolène Royal s'engage à respecter les engagements européens de réduction des déficits et à supprimer la plupart des niches fiscales. Son originalité : l'importance accordée à la lutte contre la fraude fiscale.

Arnaud Montebourg, lui, rejette la contrainte maastrichtienne :

« Le respect d'un déficit de 3 % en 2013, en France, signifierait une levée d'impôts de 30 milliards d'euros dans la loi de finance à l'automne 2012. A la fois intenable socialement, elle serait de surcroît contre productive. Il convient de soutenir et non d'étouffer la reprise de la croissance et des recettes fiscales associées. »

 

Démondialisation

Arnaud Montebourg a réussi à imposer le thème de la « démondialisation » dans le débat public. « Un concept-bélier », sourit un de ses conseillers. Et suffisamment vague pour signifier à la fois « la protection des
travailleurs du Nord et du Sud, la préférence pour les salaires et la protection sociale plutôt que les dividendes boursiers », « la conversation écologique du système productif », « le retour des usines en Europe »…

Le plus critique est Manuel Valls : dès le 5 juillet, face aux riverains de Rue89, il jugeait le concept « ringard », voyait en lui « un non-sens qui
nous renvoie aux ruptures avec le capitalisme de 1981 ».

Martine Aubry préfère faire un pas de côté et parler de « redressement de la France ».

Ségolène Royal rejoint Montebourg sur la nécessité de faire en sorte que notre destin collectif soit décidé par la
politique, pas seulement par l'économie. Elle veut notamment créer un fonds souverain européen et doter la France et l'Allemagne d'un ministre de l'Economie commun.

 

Emploi des jeunes

Parce que « les jeunes et les seniors apparaissent comme les premières victimes de l'augmentation du chômage », François Hollande propose de « les rassembler à travers un contrat de génération » et de favoriser la transmission d'expérience. Tout employeur qui embaucherait un senior et un jeune de moins de 25 ans serait exonéré de cotisations sociales sur ces deux contrats.

Ségolène Royal veut faire de la lutte contre l'inactivité des jeunes une grande cause nationale et mettre en place un « plan national de l'alternance et de l'apprentissage ».

Manuel Valls a prévenu qu'il ne croyait pas du tout aux 300 000 « emplois d'avenir » du projet socialiste.

Jean-Michel Baylet milite quant à lui pour un dispositif incitant les PME à embaucher les jeunes de moins de 26 ans inscrits au chômage depuis au moins quatre mois.

 

 

Nucléaire

Fukushima a bouleversé la tradition pro-nucléaire du PS.

Désormais, Martine Aubry veut sortir du nucléaire, « très vite » (vingt à trente ans). C'est aussi le calendrier d'Europe Ecologie - Les Verts. Base d'une possible alliance ?

Ségolène Royal se donne quarante ans pour en sortir. Entre-temps : économies d'énergie massives et développement des énergies alternatives.

Manuel Valls prévoit d'abaisser la part du nucléaire dans la production électrique à 50% en 2022.

François Hollande veut réduire de 75% à 50% en 2025 la part du nucléaire, sans abandonner ce mode de production d'électricité.

Pour Arnaud Montebourg, la priorité numéro un est la réduction de la demande en énergie. Il faudra ensuite organiser la transition énergétique.

 

Pouvoir d'achat

Ségolène Royal souhaite bloquer les prix de cinquante produits de première nécessité vendus en grande surface.

 

 

Retraite

Manuel Valls assure qu'il n'y aura « pas de retour à la retraite à 60 ans ». « Le dire, estime-t-il, c'est mentir aux Français. » Il préconise « un système de retraite par points » et considère que « le rôle de la gauche n'est pas de refuser l'augmentation des annuités mais de la rendre possible, acceptable et équitable alors que l'espérance de vie augmente ».

Photo : Martine Aubry et Ségolène Royal lors d'une convention PS à Paris, le 28 mai 2011 (Gonzalo Fuentes/Reuters).

 

 


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