Crise: le PS réagit… dans 15 jours! (SAUF ROYAL bien sûr)

Gérald Andrieu - Marianne | Jeudi 11 Août 2011 à 16:45 | Lu 842 fois

Dans MARIANNE

Où sont passés les socialistes à l’heure où la planète Finances vacille? Mystère… Mais dans deux semaines, c’est promis, tout le monde sera sur le pont!

(Dessin : Louison)

«Une crise ? Où ça ? Quoi ça ? Faut pas pousser quand même, le mois d’août, c’est sacré….On ne va quand même pas bousculer nos traditions parce que la crise s’offre un nouveau rebond, que les bourses s’effondrent et que la zone euro en ressort aussi meurtri que le visage des frères Bogdanov ? ..

Au PS, c’est comme ça. Depuis toujours. La rentrée, chez nous, c’est fin août, quelques jours seulement avant La Rochelle, un point c’est tout ! Est-ce que Jaurès, lui, aurait bousculé son agenda pour si peu ? Où il était, lui, d’ailleurs, trois jours avant le déclenchement de la Première guerre mondiale ? Je vous le demande ? Tranquillement installé à siroter un verre au Café du Croissant  ! ».

Il y a quelques mois, un collectif d’économistes dénonçant « l’orthodoxie libérale » baptisé les « économistes atterrés » était créé. Il faudra désormais compter avec un nouveau collectif, celui des « socialistes atterrants ». Car le préambule de ce billet ne relève pas totalement de la fiction. Hier, mercredi 10 août, dans la foulée du nouveau décrochage des bourses, qu’apprenait-t-on par dépêche AFP ? Que la « cellule de suivi de la crise » de Martine Aubry « se réunira en séance plénière »… le 25 août ! La veille, c’est François Hollande qui réunira à la Maison de l’Amérique Latine « la fine fleur des économistes français » (c’est en tout cas comme ça que les présente Le Point) parmi lesquels Elie Cohen et l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui directeur de l’Autorité des marchés financiers et proche de François Hollande, Jean-Pierre Jouyet ! Bref, Français ne tremblez plus, les socialistes sont sur le pont, ils veillent sur vous et sont bien entourés. Et après tout, deux semaines, en plein tourbillon financier, ça n’est rien…

Alors, bien sûr, il faut être naïf pour croire que ces réunions ont été convoquées dans la foulée du « mercredi noir ». Du moins, ce n’est évidemment pas le cas de celle organisée autour de François Hollande. Et l'on est en droit de s’interroger : où sont les socialistes ? Depuis que Nicolas Sarkozy leur a tendu le piège de la règle d’or, ils n’ont su, ni l’éviter, ni se faire entendre. Inaudibles, les candidats à la primaire le sont totalement depuis près d’un mois. Et à l’heure où les Français tendent un peu plus l’oreille pour les écouter, il n’y a tout simplement plus personne. En début de semaine, un proche de Martine Aubry expliquait par exemple qu’aucun rendez-vous majeur devant les Français n’était prévu dans son agenda avant le 21 août, date à laquelle elle doit réunir son équipe de campagne pour préparer sa rentrée politique… « Nous ne sommes pas aux responsabilités. Ce n’est pas à nous de nous exprimer, mais au chef de l’Etat », fait-on peu ou prou valoir du côté des aubrystes et des hollandistes. Comme à chaque fois dans pareil cas. Déjà l’été dernier, c’est de la sorte que les intérimaires de Solférino avaient justifié le silence de Martine Aubry après le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy. Il ne fallait pas céder à la « frénésie » sécuritaire de l’excité de l’Elysée, se laisser, expliquaient-ils, «  imposer le calendrier médiatique ». C’est vrai, après tout, le PS « n’est pas aux responsabilités »… et il a visiblement trouvé le bon moyen de ne pas y accéder…

Certes, il y a bien Ségolène Royal qui, elle, occupe le terrain. Mais la « femme debout » a (c’est injuste, mais c’est un fait) l’audience médiatique que lui confère sa position de « simple » challenger dans les sondages...
Certes, il y a Manuel Valls, mais comme à son habitude… il fait du Manuel Valls. Reste enfin le mystère Arnaud Montebourg. Lui qui apparaît comme le plus offensif et le plus créatif pour tordre le cou au monde de la finance et de la spéculation, lui que ce retour de flamme de la crise aurait dû galvaniser, se révèle au final tout aussi peu audible que ses camarades. Et il faudra visiblement attendre encore un peu avant de parvenir à l’entendre : « Il s’exprimera à la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse le 21 août et il sera le premier à tirer », expliquait un membre de son équipe en début de semaine.

En attendant, les Français n’ont plus qu’à aller se siffler un verre au Café du Croissant ou ailleurs. Peut-être y croiseront-ils au comptoir un socialiste attendant sagement d’accéder « aux responsabilités ». 

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