A La Rochelle, Royal vante l'unité du PS... et égratigne François Hollande

Arrivée la première à l'université d'été du PS, Ségolène Royal en a profité pour présenter quelques unes de ces propositions de campagne, destinées aux femmes.

Sur  LIBERATION

Par LAURE BRETTON envoyée spéciale à La Rochelle

Ségolène Royal (ici en 2010). (AFP)

Equité de temps de parole oblige, la primaire la privait cette année du discours d’accueil à l’université d’été du PS, à La Rochelle? Qu’à cela ne tienne, Ségolène Royal, qui croit dur comme fer en ses chances de l’emporter en octobre, a occupé le terrain médiatique jeudi, avant l’arrivée des deux favoris, François Hollande et Martine Aubry.

En veste rouge, elle a débarqué à bord d’une «Mia» blanche, la voiture électrique d’Heuliez, fierté de la présidente de Poitou-Charentes. Interrogée dès sa descente sur le message qu’elle voulait adresser à ses concurrents à l’orée de la bataille pour l’investiture, Ségolène Royal a glissé, avec aplomb et tout sourire: «que la meilleure gagne!», conseillant aux autres de «ne pas s’effaroucher» de voir la primaire se tendre un peu. Les critiques, les petites phrases, «ça fait partie de la compétition». Manière de rappeler qu’elle a le cuir tanné puisqu’elle est la seule à avoir vécu une campagne présidentielle de l’intérieur, en 2007.

«Le climat est bon, les socialistes sont unis et c’est unis que nous gagnerons», a-t-elle professé devant les caméras. Certes, il y a «le plaisir d’être ensemble» avec les camarades socialistes mais Royal n’en oublie pas la campagne. En petit comité, elle se permet de glisser quelques gentillesses à l’adresse de François Hollande, qui supporte de moins en moins les critiques acides du camp Aubry sur son bilan après dix années à la tête du PS. «Ce n’est pas faux, assène son ex-compagne. Un responsable politique doit accepter d’être évalué sur son action. François Hollande avait promis de faire passer le PS de 100.000 à 700.000 adhérents, cela n’a pas été fait. Comme la réforme du parti.» Le favori des sondages qui lutte de toutes ses forces pour se débarrasser de son bilan de premier secrétaire appréciera.

Quatre propositions pour les femmes

L’ex-candidate à l’Elysée était conviée par l’ancienne ministre féministe de Mitterrand Yvette Roudy à s’exprimer devant l’Assemblée des femmes. Du velours pour celle qui fut la première femme de la Ve République à atteindre le deuxième tour de la présidentielle en 2007. La «candidate des solutions» est arrivée avec quatre propositions pour les femmes: amélioration de leurs pensions-retraite, un plan «zéro violence conjugale» qui débuterait à l’école maternelle – «le respect ça commence entre les petites filles et les petits garçons» – la parité politique et salariale et un «ministère des Droits de la femme». Succès assuré dans le public, peuplé quasi-exclusivement de femmes, le plus souvent aux chevelures blanches. «Le moment de la compétence des femmes est venu, le moment des femmes est venu», a lancé Ségolène Royal, qui n’a évoqué ni de près ni de loin l’affaire DSK. «Si je vous réponds, je ne vais être reprise que là-dessus», a-t-elle plaidé auprès des journalistes.

Pourtant, dans les rangs de l’Oratoire, l’ancien temple protestant où se tenait la réunion, les commentaires, plutôt désabusés, allaient bon train sur les «écarts» de Strauss-Kahn, qui a bénéficié d’un non-lieu en début de semaine. Pour Yvette Roudy, «ça a réveillé le jeune féminisme» mais cela fera peut-être long feu. «Quand on voit comment ça se termine», commente la militante qui reprend son bâton de pèlerine. Elle a envoyé une lettre aux six candidats à la primaire leur demandant de s’engager sur la parité en politique, la parité dans les entreprises et la lutte contre les violences conjugales. Pour elle, «les Français sont beaucoup moins misogynes que les appareils politiques. Ils sont prêts, eux, pour une femme présidente».